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La loi vint donc régulariser les Monts-de-Piété, ct arrêter la lèpre de l'usure qui faisait de si grands ravages dans les classes laborieuses.

Aux guerres de l'empire succédèrent de longues années de paix. Sur notre sol moins tourmenté, on vit éclore les idées généreuses. Les publicistes, la presse, les sociétés savantes, tous se mirent à l'œuvre de l'amélioration sociale. La science, qui jusque-là s'était tenue dédaigneusement dans les hauteurs de la théorie, se met au service de l'industrie, et lui imprime un essor prodigieux; les écoles s'ouvrent aux jeunes intelligences; les salles d'asile reçoivent les petits enfants; plus tard le nouveau-né du pauvre est bercé dans la crèche publique; les caisses d'épargne se fondent et reçoivent, en peu d'années, plus de 300 millions d'économies; les sociétés de secours mutuels se forment, tombent, se relèvent pour tomber encore, faute d'un salaire suffisant et d'une meilleure organisation; les mœurs deviennent plus humaines, malgré le culte égoïste du veau d'or. Le droit, cette règle des peuples, ne peut donc rester immobile au milieu de ces vicissitudes de la vie sociale. Nous sentons tous cependant qu'il reste encore beaucoup à faire; mais à chaque jour suffit sa peine jusqu'à la consommation des siècles.

Le temps est venu de séparer les Monts-de-Piété des hospices, et de leur donner une existence qui leur soit propre. Il faut que leurs bénéfices servent à former un fonds de dotation pour réduire successivement le

taux de l'intérèt; il faut en faire une banque du pauvre, administrée dans l'intérêt unique du pauvre qui contribue à l'alimenter; c'est les ramener vers leur pieuse origine. Voilà ce que nous disent la justice, le progrès et la raison. Voilà ce que m'ont enseigné les doctrines généreuses qui font la gloire de notre compagnie; et ces doctrines, je les professerai toujours, parce qu'elles sont au fond de mon cœur ; et dussé-je encore être un instant confondu par les esprits timides, avec ces hommes qui veulent étendre la société sur un lit de Procuste, et l'emboîter dans un système, sous prétexte de l'améliorer, je n'en marcherai pas moins vers mon but, qui est aussi le vôtre. Justum et tenacem propositi virum, etc., etc. Pour nous, messieurs, le progrès n'est pas le changement, c'est l'amélioration.

Nous vivons à une époque où les meilleures intentions sont souvent calomniées. L'esprit de parti, aveugle en sa fureur, implacable dans ses haines, voit un ennemi dans chaque contradicteur, et ne pardonne pas facilement d'avoir une autre opinion que la

sienne.

Mais, grâce à Dieu, cette fièvre avec le temps finit par se calmer; le nuage se dissipe, le malade reprend peu à peu le libre exercice de ses facultés, et la vérité lui revient par degrés, comme la lumière d'un jour naissant. Souhaitons-lui donc une prompte guérison.

En résumé, la réforme des Monts-de-Piété est une mesure que les bons esprits regardent aujourd'hui

comme indispensable, pour parvenir à l'extinction de certains abus et à la réduction successive du taux de l'intérêt, au profit de ceux qui sont assez malheureux pour recourir à ce genre d'emprunt.

A. POULLAIN.

PROGRAMME

DES

PRIX PROPOSÉS

Par la Société libre d'Émulation de Rouen,

Pour 1850, 1851 et 1852.

Prix qui seront décernés, s'il y a lieu, dans la séance publique du 6 juin 1850.

1o.

Une médaille de 500 fr., ou une somme équivalente, sera décernée à l'auteur du meilleur ouvrage sur les falsifications des substances alimentaires, inédit ou publié depuis l'ouverture de ce concours.

Les concurrents, en réunissant avec critique et examen les différents procédés indiqués dans les auteurs pour découvrir et constater les fraudes, ou en en proposant de nouveaux, ne devront présenter que des moyens sûrs et faciles, autant que possible,

afin que l'ensemble de leur travail se trouve plus en rapport avec les progrès de la science que les ouvrages sur la matière publiés jusqu'à ce jour.

2o.

Une médaille d'or de la valeur de 300 fr. sera décernée à celui qui, depuis l'ouverture du concours, aura fait de nombreuses expériences sur l'écoulement des fluides élastiques (gaz et vapeur), et qui en aura déduit une formule certaine d'écoulement, dans le cas où l'exactitude de celles connues ne serait pas incontestable, ce qui semble résulter de quelques expériences particulières.

Les concurrents devront expérimenter à diverses températures, sous des pressions différentes, et leur formule devra comporter ces divers éléments de la question, et, notamment, tenir compte du frottement lorsque l'écoulement se fait par de fort petits orifices.

3o.

Une médaille d'or de 150 fr. sera donnée à celui qui aura créé ou importé, dans le département, un métier à tisser mécaniquement toute espèce de rouenneries.

Ce métier devra être tel que le prix de revient soit au moins de 20 p. 100 au-dessous de celui du tissage à la main en mêmes genre et qualité..

Il devra être en pleine activité au moins trois mois avant la clôture du concours.

4o.

Une médaille d'argent (grand module) sera remise

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