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sition de repos La cuvette d'immersion remonte alors pour l'imbiber.

Au même instant les deux rouleaux encreurs, qui, tant que la machine est en mouvement, ne cessent pas de fonctionner avec les quatre autres rouleaux, s'avancent à leur tour sur la pierre lithographique, et la chargent d'encre en la parcourant quatre fois, deux fois à l'aller et deux fois au retour.

Les trois premiers passages des rouleaux ont pour effet d'encrer la pierre; le quatrième la purge, c'est à dire qu'il enlève le superflu d'encre déposé pendant les trois premiers tours d'encrage.

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Les ouvriers lithographes travaillant à la main, ont reconnu par l'expérience qu'il est indispensable, pour obtenir de bonnes épreuves, d'opérer le dernier passage du rouleau avec plus de rapidité que les et d'accroître progressivement cette vitesse depuis le commencement de ce dernier passage jusqu'à sa fin.

autres,

M. Lacroix, qui n'a négligé aucun détail, a reproduit cette disposition.

Quand les deux rouleaux ont terminé l'encrage, ils reviennent à leur place, et reprennent alors avec les autres le mouvement alternatif de rotation qui leur est nécessaire pour une bonne répartition de

l'encre.

La table qui supporte la pierre lithographique est alors entraînée à l'avant de la machine, et va en quelque sorte se soumettre d'elle-même au contact

du papier qu'elle doit imprimer. Elle s'introduit sous le rateau de pression, et c'est entre elle et celui-ci que vient passer en s'infléchissant et en s'arrondissant le tablier en cuir qui supporte la feuille de papier. Le rateau prend alors momentanément une position inclinée qui facilite l'introduction de la pierre et du papier, et redevient verticale pour opérer la pression qu'il n'effectue que pendant leur retour seulement.

L'impression étant terminée, le rateau a repris sa position verticale, la pierre est revenue à sa place de repos au milieu de la machine, le tablier en cuir qui supporte le papier est remonté et se retrouve sous la main de l'ouvrier chargé de renouveler les feuilles imprimées. La cuvette d'immersion s'abaisse, celui-ci éponge la pierre, et l'opération recommence comme il vient d'être dit.

C'est à cet instant que l'ouvrier conducteur de la machine remplace la feuille de papier imprimée par une autre à imprimer.

La nomenclature de ces opérations compliquées, entremêlées de marches et de contre-marches, d'activité et de repos, d'abaissements et de relèvements, d'accélération et de ralentissement, de rotation alternative et de va-et-vient longitudinal, suffit pour faire pressentir les nombreux organes auxquels l'inventeur a dû avoir recours.

. Quand on a vu fonctionner la machine de M. Lacroix, il est permis de douter qu'il existe des opéra

tious manuelles intermittentes et continues, qui ne puissent être effectuées mécaniquement.

Il nous reste encore, pour compléter notre mission, à vous énumérer les principaux organes employés par M. Lacroix.

C'est un excentrique qui soulève la cuvette d'immersion du mouilleur, et la laisse ensuite s'abaisser. La marche et la forme de cet excentrique sont combinées de manière à ce qu'il y ait exhaussement de la cuvette aussitôt que le mouilleur a repris sa position de repos, et abaissement à l'instant qui précède celui où il doit entrer en fonction.

Le départ du mouilleur pour aller éponger la pierre lithographique est commandé par un segment de roue menant un pignon qu'il abandonne, précisément au moment où le mouilleur est arrivé à l'extrémité de sa course. Un autre segment de roue s'engrène alors avec un autre pignon à l'aide duquel il imprime au mouilleur un mouvement inverse qui le ramène à sa position de repos. Deux chaînes de Vaucanson reliées au chariot du mouilleur, trois arbres de couche, trois paires de rouages cônes et un arbre vertical complètent l'ensemble de cette disposition.

Le mouvement alternatif de rotation des rouleaux à l'encre est commandé d'une manière trè-simple à l'aide d'une manivellemenant une bielle qui, à son extrémité fixe, est reliéc au rayon d'un segment de roue. Ce segment de roue imprime nécessairement à son pignon un mouvement de rotation alternatif. Chaque révo

lution de la manivelle opère un aller et un retour de la bielle. L'aller de la bielle impose au segment de roue et à son pignon un parcours de rotation qui s'effectue à l'inverse au retour de cette même bielle, de telle sorte que le pignon fait deux tours en sens contraire l'un de l'autre pendant une seule révolution de la manivelle.

Les deux rouleaux chargés d'encrer la pierre sont entraînés à la parcourir quatre fois par trois chaînes de Vaucanson, dont deux sont fixées au chariot qui porte les rouleaux. Ils reçoivent leur mouvement d'aller et de retour par quatre roues et segments de roue commandant quatre pignons.

Le dernier retour des rouleaux sur la pierre lithographique se fait avec un accroissement progressif de vitesse, obtenu à l'aide de l'une de ces roues, dont une partie de la circonférence présente un agrandissement progressif de diamètre, concordant exactement avec la diminution de diamètre d'une partie de la circonférence du pignon: De telle sorte que la somme des deux rayons reste toujours égale à la distance qui sépare les deux axes.

Le va-et-vient longitudinal du premier des six rouleaux lui est donné par un tourillon à pas de vis.

Le chariot qui porte la pierre lithographique est monté sur des galets roulant sur deux guides en fer. L'aller et le retour de ce chariot s'opère par l'action d'une chaîne de Vaucanson qui y est attachée. Cette chaîne s'enroule d'abord dans un sens sur une poulie

que mettent en mouvement un rouage, son pignon et un segment de roue. Quand la pierre lithographique a fourni toute sa course, ces premiers rouages se désengrènent, la chaîne de Vaucanson s'enroule dans un sens inverse sur la poutre que commandént alors trois autres rouages. Le chariot qui porte la pierre lithographique se trouve ainsi ramené à sa position de repos au milieu de la machine.

Le tablier en cuir qui supporte la feuille est commandé à l'aller comme au retour par les mêmes organes qui agissent sur le chariot de la pierre lithographique. Il y a simultanéité exacte dans le mouvement de ces deux pièces. Ensemble elles restent au repos, ensemble elles opèrent leur mouvement d'aller et de venir.

Telles sont, Messieurs, les dispositions les plus saillantes de la machine inventée par M. Lacroix. Nous regrettons qu'une plume plus habile n'ait pas été chargée de vous en exposer les beautés.

Nous ne pourrions vous dire si, en dehors de l'invention elle même, considérée à son point de vue d'utilité pratique, il existe dans cette machine des organes nouveaux; nous le croyons, mais nous n'osons pas l'affirmer d'une manière positive, dans la crainte d'affaiblir la valeur de nos éloges si justement mé rités, en commettant à cet égard une erreur involontaire, quelque minime qu'elle fût du reste. Or, qui peut être certain de connaître tous les genres de

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