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et de la vertu ! Et moi qui, tant de fois, ai, comme rapporteur de la commission des médailles, été témoin des efforts des industriels et des fatigues des ouvriers, qu'il me soit permis de remercier la Société de m'avoir, en cette circonstance, fourni l'occasion de donner à mes anciens amis une nouvelle preuve d'attachement.

LEON VIVET, rapporteur.

RAPPORT

DE

LA COMMISSION DES MÉDAILLES

SUR LA

MACHINE A LITHOGRAPHIER

DE M. LACROIX.

MESSIEURS,

L'un de nos confrères, M. Lacroix fils, constructeur de machines, boulevard Saint-Hilaire, n° 27, à Rouen, a soumis à l'examen de votre commission des médailles, une machine à lithographier, à l'aide de laquelle les diverses opérations de ce genre d'impression se font mécaniquement.

La machine de M. Lacroix est incontestablement

la plus remarquable de celles que l'on a présentées cette année à votre concours; elle les devance toutes sensiblement dans cette arène industrielle que vous avez ouverte pour stimuler le génie de l'invention et du perfectionnement.

En réalisant d'une manière aussi parfaite la lithographie mécanique, M. Lacroix a fait faire un pas immense à cet art tout nouveau encore, et qui pourra désormais marcher de pair avec l'imprimerie mécanique.

Quels étaient la meilleure marche, le meilleur ordre à suivre pour exécuter pratiquement une bonne machine à lithographier? Telle était la première difficulté à vaincre, la première question à résoudre.

Le bon sens de l'inventeur lui a fait adopter pour point de départ, de construire sa machine de manière à accomplir mécaniquement toutes les opérations, telles qu'on les fait à la main, en leur conservant le même ordre, les mêmes dispositions et les mêmes détails d'exécution.

Quand nous vous aurons développé la machine de M. Lacroix, quand nous vous aurons détaillé ses organes et leurs fonctions, vous reconnaîtrez qu'il a rempli la tâche qu'il s'était imposée, de la manière la plus satisfaisante.

C'est de la machine typographique que s'était inspiré M. Perrot pour créer sa lithographie mécanique; c'est tout simplement dans la lithographie à la main que notre confrère a pris les bases de sa machine.

Un bâtis en fonte, d'une construction élégante, supporte l'ensemble de l'appareil de M. Lacroix. Au milieu est placée la pierre lithographique, que des vis de rappel maintiennent dans une position horizontale, et qui la fixent sur un chariot mobile.

Sur le côté gauche de la machine, est un mouilleur composé d'éponges recouvertes d'une enveloppe en toile; au-dessous est une cuvette d'immersion, pleine d'eau, et servant à imbiber le mouilleur.

A l'arrivée de la machine sont les rouleaux à l'encre. Ils sont au nombre de six ; le premier est en bois: il est doué d'un mouvement alternatif de rotation sur lui-même, et d'un autre mouvement de va-et-vient longitudinal; il reçoit l'encre qu'on lui distribue à la main, tous les cinq ou six jours seulement, et la transmet au second rouleau.

Celui-ci est en bois revêtu en cuir; il reçoit l'encre du précédent, et l'aide par son mouvement alternatif de rotation à la lui répartir d'une manière uniforme.

Le troisième rouleau est en bois; il est alimenté par celui qui précède, avec lequel il broie l'encre de nouveau et la répartit ensuite avec uniformité au cylindre suivant.

Ce dernier est en marbre, en pierre ou en toute autre matière analogue; il fait fonction de la table au noir en usage dans les lithographies à la main. Sa température, naturellement basse, produit un excellent effet, en refroidissant les deux derniers rouleaux auxquels il transmet l'encre, et qui sont chargés,

en temps utile, de la répandre sur la pierre lithographique.

A l'avant de la machine est un bâtis, sur lequel est tendu un tablier en cuir, destiné à recevoir la feuille qu'un ouvrier y attache à l'aide de deux petits crochets.

Sous le bâtis de ce tablier, et à l'une de ses extrémités, est un rateau sous lequel viennent passer tout à la fois la pierre lithographique et la feuille de papier. Ce rateau quitte alors, par l'action d'un ressort, sa position habituellement verticale, pour en prendre momentanément une inclinée. Cette inclinaison a pour but de faciliter l'introduction de la pierre lithographique et du papier. Il redevient ensuite vertical, précisément au moment où la pierre lithographique et le papier commencent leur marche rétrograde; c'est alors qu'il donne la pression nécessaire pour imprimer.

Nous venons de vous énumérer les agents principaux de cette belle machine; il nous reste à vous dire comment ils fonctionnent. Vous y retrouverez exactement l'ordre et tous les détails de la lithographie à la main.

Lorsque la machine est mise en activité, ce qui peut se faire, soit à bras, soit à l'aide d'un moteur, la cuvette d'immersion qui imbibe le mouilleur s'abaisse; celui-ci se met en mouvement de gauche à droite, passe sur la pierre lithographique, qu'il éponge à l'aller et au retour, puis il revient à sa po

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