PRIX GOSSIER. Une somme de 800 fr., provenant de la rente triennale constituée par l'abbé Gossier, sera donnée en 1851 à celui qui, depuis l'ouverture du concours, aura introduit dans le département de la Seine-Inférieure, et notamment à Rouen, une nouvelle industrie pour occuper les femmes à leur domicile. Il faut que le salaire minimum soit de 80 centimes par journée de douze heures de travail. Cette industrie doit présenter toutes les conditions de réussite et de durée, et occuper au moins deux cent cinquante femmes au moment de la clôture du concours. Je n'ai plus, messieurs, qu'à vous dire un mot sur le prix Gossier, qui était au concours de cette année. Vous savez que ce prix était promis à celui qui aurait construit une filature de coton entièrement à l'abri de l'incendie; personne ne s'étant présenté en 1848, et vous conformant aux termes du testament, vous avez remis le même sujet au concours pour l'année suivante; enfin, comme personne ne s'était encore présenté, et toujours pour obéir aux volontés du fondateur de ce prix, vous avez déclaré qu'il était retiré du concours, puis vous avez dû aviser à l'emploi de la somme de 800 fr. restée disponible. Un appel a été fait aux membres de la compagnie afin d'en indiquer le meilleur emploi; entre autres propositions, celle que j'ai eu l'honneur de vous faire vous a souri, et, sur l'avis de votre commission des prix, vous l'avez adoptée. Je proposais de partager les 800 fr. entre les. ouvriers les plus laborieux, les plus intelligents et les plus méritants sous le rapport de la tempérance et de la moralité. Voulant encourager l'épargne, vaincre les premières difficultés de forme et de fond, je concluais à ce que le don fût en livrets de caisse d'épargne et non en espèces. Dans un instant notre collègue M. Léon Vivet, va vous faire connaître les résultats de ce concours, où vous avez appelé l'élite des ouvriers du département. Qu'ils sachent donc, nos braves ouvriers, que la Société d'Emulation, comprenant les véritables progrès, récompense tous les genres de mérite, et qu'à ses yeux être un bon ouvrier, en remplir tous les devoirs et ceux de bon citoyen, c'est avoir bien mérité du pays. Je n'ai plus qu'à appeler l'auteur de la statistique des industries cotonnières, auquel vous décernez une médaille d'argent: c'est M. Marais (Louis-Jacques), directeur de tissage et de filature à Rouen. BRESSON F., rapporteur. LE 6 JUIN 1849. Que ce jour soit un jour de fête, Dans le champ du progrès, où nous voyons-semer Tout ce qui peut encor, sous l'aile du génie, Un germe plus fécond, un plus riche trésor. Pour encourager l'homme utile, Et Corneille, en ce jour de grand anniversaire, Corneille va tourner son regard tutélaire Qui s'élève bien haut, même au sein du malheur, Oui, déjà, le regard de cet illustre maître Corneille, dont les vers ont tant ennobli l'âme Lorsque du travailleur le talent se proclame, Au milieu du gouffre où fermente Rêvant de calme et d'espérance : Oh! combien il est doux, combien il est heureux, S'unir tant de cœurs généreux! Rien n'est plus consolant de voir qu'il est encore Qu'il est des âmes que décore L'amour de la vertu que rien ne peut changer; Le flot débordé qui s'agite... Oui, quand, dans un pays, tant de sagesse habite Ce pays peut encor grandir et triompher. THÉODORE LEBRETON. RAPPORT SUR LES LIVRETS ET RÉCOMPENSES DÉCERNÉS AUX OUVRIERS (LEGS GOSSIER); PAR M. LÉON IVET. MESSIEURS, Aux termes du testament du vénérable abbé Gossier, la Société d'Emulation avait dù laisser au ccncours, pour 1849, la question proposée l'année précédente. Aucun concurrent ne s'étant encore présenté, nous avons recherché quel était le meilleur emploi à faire des fonds, en nous conformant toujours aux intentions du testateur. Plusieurs projets |