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M. Joiselle, en venant prendre place au milieu de nous, a prononcé un discours.

Malgré les efforts que l'on a faits, dit notre nouveau collègue, pour donner au peuple un certain degré d'instruction, il faut avouer que celle qu'il possède ne le rend même pas apte à bien diriger ses affaires.

L'ouvrier ignore trop souvent les avantages immenses qu'il pourrait retirer de l'utile institution des caisses d'épargne. A-t-il la moindre idée de ce qu'une somme placée chaque semaine pourrait lui rapporter seulement en dix années?

Un numéro du Journal de la Morale Chrétienne, renvoyé au rapport de M. Burel, renferme une dissertation sur l'utilité de l'admission des circonstances atténuantes.

L'auteur, M. Fauvre, avocat à Paris, cherche à excuser l'abus que plus d'un jury a souvent fait de cette prérogative accordée par la loi pénale. Il faut cependant reconnaître, dit M. Burel, que plus d'une fois le jury a commis de graves erreurs, en accordant aux condamnés le bénéfice des circonstances atténuantes; l'opinion publique n'a jamais ratifié de semblables décisions. La pitié que l'on doit éprouver pour les condamnés ne doit pas être aveugle.

Dans beaucoup de cas, dit M. Fauvre, en admettant les circonstances atténuantes, le jury veut protester contre la peine de mort; M. Burel, pense que c'est alors protester contre la loi et se révolter contre les prescriptions formelles du législateur.

Les nations, dit notre confrère, qui voudraient retrancher la peine de mort de leurs codes, rencontreraient bien des obstacles; des gouvernements qui avaient aboli ce terrible châtiment ont été obligés d'y recourir de nouveau.

M. le docteur Vingtrinier, en rendant compte d'un bulletin des travaux de l'Athénée du Beauvoisis, examine un mémoire sur la peine de mort, e: favorable à l'application de ce terrible châtiment, il fait ressortir ce qu'une pareille peine a d'horrible et combien elle est peu exemplaire: les méchants sont-ils corrigés à la vue d'un semblable spectacle? l'étaient-ils davantage alors qu'une exécution était accompagnée de tortures affreuses et entourée d'apprêts funèbres ? A cette époque, le nombre des crimes était considédérable. Ces supplices, dit M. Vingtrinier, n'ont aucune influence préventive; ils ne produisent sur les assistants que l'effet d'un spectacle.

Depuis 1832, c'est-à-dire depuis cette époque où la loi permet l'admission des circonstances atténuantes, le nombre des cas où la peine de mort a été appliquée est moins considérable, et cependant le nombre des homicides a diminué, ainsi que le prouve la statistique publiée par M. le ministre de la justice.

M. le docteur Avenel vous a communiqué, messieurs, avant de le faire publier, son intéressant travail sur le collége des médecins de Rouen; l'ouvrage

de notre confrère a été renvoyé à l'examen d'un membre de la Société et fera l'objet d'un rapport dont il vous sera rendu compte dans la prochaine séance publique.

Messieurs, je me félicitais, il y a peu de temps encore, de n'avoir pas à remplir dans cette séance solennelle, une mission pénible. J'espérais ne pas troubler la joie que nous cause le grand anniversaire que nous célébrons, en venant vous annoncer la perte d'un collègue, mais il est dans la destinée humaine de ne jamais avoir une satisfaction entière, une joie sans mélange de quelque deuil !

La mort vient de frapper le docteur Mathias Mayor, chirurgien en chef de l'hospice de Lausanne et membre correspondant de notre compagnie.

Étranger à notre pays, le docteur Mayor nous était connu par ses utiles et importants travaux. Notre confrère s'était placé à la tête de ceux qui, depuis quelques années, ont opéré une révolution complète dans l'art déligatoire.

Le docteur Mayor était toujours mû par un double sentiment, celui de faire progresser la science, et celui d'être utile à ses semblables, surtout à cette classe si intéressante du peuple que notre collègue affectionnait tout particulièrement.

Celui dont nous déplorons la perte cherchait avant tout à simplifier les méthodes et les appareils, afin d'éviter en partie, du moins, à la victime d'un acci

dent, un traitement toujours long et dispendieux. Notre confrère, il faut le reconnaître, messieurs, a fait un noble usage de la haute intelligence dont Dieu l'avait doté. C'est en effet remplir une belle mission que de venir au secours de ceux que les souffrances et les malheurs accablent.

AUG. LÉVY.

RAPPORT

DE

LA COMMISSION DES MÉDAILLES

PAR M. A. POULLAIN,

Secrétaire de Correspondance.

MESSIEURS,

Grâce à votre incessante sollicitude, l'inventeur obscur et malheureux peut aujourd'hui se produire sur la scène du monde et recueillir de son vivant le fruit de ses courageuses entreprises; vous n'attendez pas, qu'il vienne à vous, vous allez au-devant de lui! Vous lui tendez franchement la main pour l'introduire, nouveau convive, au banquet de l'industrie; il trouve en vous des frères, d'intimes et discrets confidents de sa pensée; et pour peu qu'il veuille avoir confiance, il ne meurt plus avec le désespoir

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