Page images
PDF
EPUB

il aussi sans influence? nous osons en douter. Aussi, qui n'a pas la persévérance, le goût du travail pour atteindre au doctorat, se jette sur le titre d'officier de santé qu'il est certain d'obtenir pour ainsi dire, sans efforts. Je suis bien loin de soutenir que cela est général.

Vous le voyez, messieurs, le service médical dans les campagnes laisse bien à désirer. Voyons par quels moyens on pourrait y apporter quelque amélioration, aussi bien relativement aux maladies qu'au médecin lui-même qui, dans sa pénible profession, y contracte fréquemment des maladies, des infirmités, épuise ses forces et trouve quelquefois la mort, accompagnée du profond dénuement dans lequel il laisse parfois une famille nombreuse.

Eh bien! par le principe de l'association et de la mutualité, peut-on assurer à la vieillesse et à l'infirmité des moyens d'existence, adoucir la position d'une famille malheureuse, récompenser des services généreusement rendus, soulager des infortunes imméritées, inattendues.

Conformément à l'opinion émise par la Société d'Émulation, nous sommes convaincu que l'homme peut trouver dans son affiliation à une société d'amis, plus facilement, plus certainement, et à moindre prix, les ressources qui lui seront nécessaires pour traverser les jours de la maladie et les années de vieillesse ; que la population y trouverait la source

d'une honorable indépendance, comme aussi d'une moralité et d'un bien-être plus grands.

Il est donc vivement à désirer que ces associations pussent se vulgariser assez pour comprendre une portion considérable des gens qui vivent de salaires.

Mais nous avons l'intime conviction que les associations rurales libres sont chimériques, sans nier toutefois que les sociétés de secours mutuels offrent aux co-associés les plus précieux avantages, et notre plus grand désir est de voir en favoriser le développement par tous les moyens possibles.

Les bureaux de bienfaisance bien organisés présentent, à notre avis, un remède plus efficace et plus général, surtout quand on considère que la profession médicale est un ministère, une mission de charité; que, comme dit M. de Salvandy, partout où il se trouve des douleurs morales, il faut qu'il y ait un prêtre pour les consoler, de même partout où il se montre une douleur physique, il faut qu'il y ait un médecin pour la soulager; toujours le dévoûment du médecin sera à la hauteur des devoirs que lui impose un aussi noble caractère, un aussi auguste sacerdoce.

C'est ainsi qu'il doit comprendre toute l'élévation, toute la sublimité de son art; ce n'est que par une vie de dévoûment et de sacrifices qu'il peut aspirer au glorieux nom de médecin medicus philosophus deo æqualis; ce n'est qu'à ce prix qu'il peut s'en rendre digne, et l'obtenir de la postérité juste et reconnaissante.

Voici nos conclusions :

1° L'état sanitaire, très variable dans les campagnes, ne souffrirait pas de la suppression du titre d'officiers de santé.

2o Les associations libres de secours mutuels sont inexécutables.

3o Les bureaux de bienfaisance bien organisés peuvent rendre les plus grands services.

Rouen, le 1er mars 1847.

D' DELABROSSE.

NOTES

SUR

Quelques questions proposées par le Congrès agricole de France

DANS SA SESSION DE 1847,

PAR M. BRESSON.

MESSIEURS,

« Une des questions à traiter est intitulée: Du commerce agricole, droits de douanes sur les produits agricoles étrangers.

« Je pense que, règle générale, il convient de protéger les producteurs du pays contre les producteurs étrangers. Ceux qui supportent les charges de l'État ont bien le droit d'en demander les béné. fices. L'auteur démontre ensuite que nous sommes tous producteurs dans des proportions différentes, et la prospérité d'un pays dépend uniquement de sa production.

«Que pourrait, en effet, devenir un pays dont la production s'arrêterait? Évidemment il ne pourrait obtenir les produits étrangers sans rien donner en échange; s'il ne produisait plus, il donnerait ce qu'il aurait produit avant de s'arrêter, c'est-à-dire qu'il disposerait d'abord de toutes ses économies, marchandises, espèces métalliques; bientôt cela ne suffisant pas, il devrait engager ses instruments de travail, devenus inutiles, ses capitaux, ses maisons, ses terres! Cela est inévitable, car celui qui ne produit rien et qui consomme toujours, doit bientôt ne plus rien posséder.

On a souvent crié contre notre agriculture et quelquefois avec raison; mais il faut bien prendre en considération les charges qu'elle supporte; il faut, avant de la condamner, vérifier si elle a tous les torts qu'on lui prête; en un mot, avant de lui enlever tout ou partie de l'exportation qu'elle réclame, il faut voir si on ne peut la soulager des taxes qui l'écrasent, la délivrer des liens dont notre amour, peu éclairé pour la propriété, l'a embarrassée.

• Le blé, le bétail, tels sont les principales denrées qu'elle nous procure; tout le monde est d'avis que la viande est trop chère en France. En ce cas, conviendrait-il en ce moment de faciliter l'introduction du bétail étranger? je ne le pense pas ; car on tuerait cette industrie en France, au lieu de l'améliorer. A ce sujet, je dirais : Faites une bonne loi d'irrigation, favorisez par des exemptions de droits la

« PreviousContinue »