Page images
PDF
EPUB

treuil, aux Jean de Chelles, on ne va point chercher de modèles au Parthénon, ni au portique d'Octavie, on se fait homme du moyen âge et contemporain des grands bâtisseurs; on se fait homme de ces siècles où, dans un pieux enthousiasme, les constructeurs franchissaient tant de plaines arides, enduraient tant de fatigues, pour se dévouer à l'œuvre sainte de la construction d'un temple. Un des devoirs de notre époque, ce doit être de conserver les productions architecturales des siècles qui nous ont précédés, de faire ressortir leur mérite. Les moyens à employer se résument en ces termes : entrer dans les pensées de nos pères. Or, comment mieux entrer dans leurs pensées qu'en évoquant l'âme de leurs constructions, en ravivant les souvenirs? Nos pères aimaient les inscriptions; ils en plaçaient jusque sur l'airain qui devait appeler leurs petits-fils à la prière; un fait surprenant, une fondation d'œuvres pies, la donation d'un vitrail, leur semblaient réclamer quelques lignes. Toutefois, nos pères avaient trop d'esprit de détail; ils faisaient plutôt de l'anecdote que de l'histoire; tel était le résultat de leur génie et de leurs habitudes. Maintenant nous pouvons faire beaucoup mieux que nos pères, en opérant une transaction entre le goût ancien et le goût moderne. Souvent on dépense à pure perte et l'on subdivise à l'infini des choses qui, de cette manière, perdent toute leur force; elles produiraient beaucoup plus d'effet en convergeant vers un point central. Il ne

faut pas que ce point central s'accroisse au détriment de ce qui l'entoure, mais il faut qu'il s'annonce comme devant fixer spécialement l'attention, et que l'énergie vitale y soit condensée pour se répandre sur les points environnants. Qu'on place donc des tables commémoratives, d'abord pour l'histoire des villes, ensuite pour l'histoire particulière de leurs principaux monuments; que d'éléments poétiques! que de germes à développer! que de résultats heureux! que de personnes auxquelles l'idée de faire quelques recherches sur les événements importants ou sur les personnages célèbres vient à la suite de la lecture de quelques lignes tracées sur le marbre! Elles n'auraient rien su de l'histoire de leur ville natale! Elles en sauront quelques mots, et alors elles aimeront encore plus leur patrie.

Il y a donc en faveur de ce projet, outre les motifs d'instruction, un motif de morale. L'amour de la a dit un écrivain fort grave, du dernier

patrie,

siècle (1),

« est commun à tous les hommes, et le pays natal, quel qu'il soit, est toujours celui qu'on préfère à tous les autres. Non-seulement cet amour ⚫est naturel, mais encore il est si puissant qu'il n'y ⚫ a rien qu'on ne fasse lorsqu'il commande. »»

(4) Montesquieu.

DE L'ÉTAT SANITAIRE

DANS LES CAMPAGNES

ET

DE L'AMÉLIORATION DU SERVICE MÉDICAL.

MESSIEURS.

Le congrès agricole, sentant quelle importance il faut attacher à l'état sanitaire dans les campagnes, avait proposé la question que je viens de citer. C'est une question dont la solution est loin d'être facile, et pourra longtemps se faire attendre. Voici les réflexions qui m'ont été suggérées à cette occasion :

La vie champêtre, sans nul doute, offre les conditions et les circonstances les plus favorables; c'est là que l'homme trouve. les bienfaisantes influences de la nature, un air pur, un régime simple et frugal,

la régularité dans toutes ses actions, le calme des passions, la tranquillité de l'âme, et les plus douces, les plus innocentes jouissances à la vue des plus belles scènes de l'univers.

O fortunatos nimium, sua si bona norint
Agricolas !!!.......

Mais hélas! cette vie des champs est aujourd'hui bien loin de présenter de si brillants avantages. Le plus grand nombre des infirmités qui désolent les villes, n'épargnent pas l'habitant des campagnes, et les altérations organiques, qui sont si communes dans le séjour des cités, sont loin d'être étrangères à la constitution de l'homme des champs.

En un mot, l'état sanitaire des habitants de la campagne, à l'instar de celui des villes, réclame aujourd'hui de grandes améliorations, malgré toutes celles qui y ont déjà été apportées.

Que de variété dans l'état sanitaire des campagnes, qui dépend de tant de causes différentes; un climat plus ou moins variable, inconstant, la nature et l'exposition du sol, les diverses localités sèches ou marécageuses, la direction et la continuité des vents et des pluies, les variations, les vicissitudes de températures, l'intempérie des saisons, etc., etc... Joignez à tout cela les mœurs et les habitudes, ainsi que l'existence de certaines maladies épidémiques, et même endémiques, et vous aurez une faible idée · des immenses difficultés qu'offre la connaissance exacte de l'état sanitaire dans les campagnes.

Après l'énumération de ces nombreuses causes morbifiques, qui douterait que la vie rurale ne donne pas la bonne santé en partage, quand il faut ajouter les préjugés sur tel agent hygiénique, sur telles habitudes funestes et enracinées, sur telle disposition et exposition des habitations,... etc., etc., voire le voisinage des fumiers, des eaux croupissantes.

Quel courage! Quel dévouement! Quelle condition pénible que celle du médecin de campagne? Soulager, guérir des gens qui souvent attachent moins de prix à leur santé, à celle de leurs femmes, de leurs enfants, qu'à celle du plus vil animal; qui n'appellent le médecin qu'à la dernière extrémité, après avoir épuisé toutes les drogues en renom dans la localité, tous les élixirs des charlatans; guérir enfin des gens malgré eux, sans moyens de guérison, des gens qui meurent plutôt parce que leurs préjugés rendent inutiles tous les secours, que par la grandeur et le danger de leurs maladies.

Quoi qu'il en soit, voyons si le médecin de campagne, lui-même, sait toujours garder son noble caractère, respecter son auguste ministère. Loin de nous la pensée d'attaquer personne, de faire aucune application; mais nous craignons bien que parfois la conduite du médecin ne donne du crédit aux médicastres, aux renoueurs, inspecteurs d'urines, etc., etc. Ne citerai-je que cette passion abrutissante, qui n'est malheureusement que trop commune dans les campagnes? Le peu de sévérité dans les examens est

« PreviousContinue »