Page images
PDF
EPUB

rdi; mais dans l'état d'épuisement où se trouvait le yaume, rien n'était impossible. Ces trois hommes étaient marquis de Guiscard et de Miremont, et un gentilmme nommé Belcastel. Nous connaissons le premier'. marquis de Miremont prétendait être de la famille yale, et jouissait auprès des puissances maritimes d'une inde influence. Il était accueilli favorablement à La Haye à Londres, chaque fois qu'il sollicitait, auprès des mitres, des secours pour les camisards. De Belcastel était be, actif, intrépide et connaissait l'art de la guerre. lheureusement pour l'entreprise, au service de laquelle trois hommes mettaient leur génie, leur nom et leur voure, venait s'en mêler leur ambition personnelle; nul se reconnaissant un supérieur, chacun croyait avoir le it au commandement, bien différents, à cet égard, des efs camisards qui n'ambitionnaient d'autre gloire que lle de servir leur cause. Chacun donc des trois chefs ssait de son côté; La Bourlie s'attachait Tobie Bocayrol; Miremont, Flottard; de Belcastel, Villas, jeune Céve, plein d'avenir et d'enthousiasme. Leur but était d'ener dans les Cévennes des agents pour y soulever les pulations, pendant qu'une flotte anglo-hollandaise jettet une petite armée sur les plages du Languedoc. Le rquis de Miremont envoya à Genève son agent Flotd, afin de sonder les dispositions des chefs des réfugiés misards, et les engager à rentrer en France. Flottard riva en Suisse un peu avant Cavalier, fit des ouvertures Catinat et à quelques autres; il leur offrit de l'argent, et r promit des secours de la part de la Hollande et de Angleterre. Catinat, que le repos fatiguait, franchit la ontière suisse, traversa le Rhône, gagna les Cévennes, la nouvelle de son arrivée causa de vives alarmes à ville, qui mit ses régiments sur pied. Castanet quitta enève peu de temps après, et, des hauteurs du Vivarais, achemina vers l'ancien théâtre de ses exploits; il avait ec lui deux hommes déterminés, Valette de Vals et Boyer es environs de Vallon; ils franchirent ensemble l'Areche et la Cèze, et arrivèrent à Rivière, où ils furent dé1. Voy. le 6e volume de cette Histoire, liv. XLII, & XVI. 2. Lambert, Mémoires du dix-huitième siècle, t. III, p. 237 et iv. - Mémoires du marquis de Guiscard.

noncés par des paysans. Le capitaine Muller les arrêta, couper la tête à Boyer, conduire Valette et Castanet Montpellier, et contraignit ce dernier à porter la tête sam glante de Boyer. C'est ainsi que le Prince de l'Aigoal fit so entrée dans cette ville d'où il ne devait plus sortir.

Son procès n'eut lieu que pour la forme, le chef cam sard le savait intrépide sur les champs de bataille, il fut sur la sellette de torture, où les douleurs les plus atroce ne purent faire sortir de son cœur le secret qu'il y ava enseveli. Douze mille personnes assistèrent à son supplie et témoignèrent, par leur présence, de l'importance d prisonnier; deux prêtres voulurent l'assister à ses dernie moments, et l'importunèrent de leurs obsessions.

<<Retirez-vous, sentinelles de l'abîme, leur dit le misard, que venez-vous faire ici, maudits tentateurs? Vous consoler dans vos souffrances, » lui répond dit l'un d'eux.

Castanet se tourna vers le bourreau: « Achève ouvrage,» lui dit-il.

Le prêtre insista.

«Encore!» s'écria le camisard impatienté. Le prêtre insista de nouveau.

Castanet, d'une voix qui fut enfin comprise, lui dit : « veux mourir dans ma religion, parce que j'y suis né.» Le bourreau s'empara du patient; et lui, ferme comm un roc, mourut comme il avait vécu, sans crainte et san terreur.1

III.

Bâville, malgré le désir qu'il avait de tout diriger på lui-même, et qui n'aimait pas à côté de son autorité avot une autorité rivale, fut cependant contraint de demande à la cour un commandant militaire; elle lui envoya maréchal de Berwick.

Jacques, duc de Berwick, était fils naturel de Jacques 11 et d'Arabella Churchill, sœur du célèbre Marlborough. Ne d'une mère protestante, il avait été élevé dans la religion

1. Louvreleuil, t. IV, p. 9 et suiv. suiv. Court, t. III, p. 112 et suiv.

Brueys, t. IV, p. 236 et

tholique, et s'était attaché à la fortune des Stuarts, qu'il ait suivis dans l'exil. Louis XIV l'honora de sa haute protion dont il se rendit digne. Il parvint aux plus hautes nités militaires, et figura parmi les plus habiles généux d'une époque qui en avait tant. Quand il arriva dans Cévennes, il était âgé de trente-cinq ans. Il avait hérité sa mère, l'une des plus belles femmes de l'Angleterre, extérieur gracieux, et de son père, la rigidité et la tacinité anglaises. Il succédait à la fois à Villars, dont il it le génie militaire, et à Montrevel, dont il avait la eté. A peine arrivé, il se fit donner par Bâville tous renseignements dont un chef expérimenté s'entoure ir procéder avec sûreté et promptitude; en quelques rs, tous les soldats dont il put disposer furent sur le d de guerre; les uns gardaient les passages du Rhône, autres étaient sans cesse en mouvement, parcourant lieux les plus suspects. A voir la tranquillité qui régnait tout, on pouvait croire que tout était fini et que la cone était enfin pacifiée; mais ce calme n'était qu'apparent, achait une tempête.

IV.

Le marquis de Miremont poursuivait l'exécution de ses jets avec une persistance remarquable. Il était habileent secondé par Boëton. Ce chef réunit une dernière s les conjurés dans une maison isolée qu'il possédait és de Lunel. Tous furent exacts au rendez-vous. Les casards étaient représentés par Catinat, Ravanel, France, Vilas, Elie Faye, Lafleur; les bourgeois de Nîmes, deux riches négociants, Alison et Alègre. Après une gue discussion, ils fixèrent le jour du soulèvement à pparition de la flotte anglo-hollandaise, et définitivement 25 avril 1705.

Les conjurés arrêtèrent leur plan; ils devaient enlever rwick et Bâville, et à la même heure, surprendre les is principales villes du Languedoc, Montpellier, Nîmes Alais. Ils convinrent de mettre le feu à un magasin de urrage situé devant la porte de l'hôtel de Bâville, et proer du tumulte excité par l'incendie, pour soulever le uple, arrêter l'intendant et le mettre à mort en expia

tion de tous les meurtres qu'il avait commis. Ils devaient de plus s'emparer de Fléchier et des principaux person nages de la province, et les déposer comme otages sur flotte anglaise qui devait venir au secours de l'insurrec tion; ils avaient tout prévu, et, pour que leur prise d'arme parût légitime, ils avaient arrêté que la province sera soulevée au cri de: Vive le roi, sans jésuites, et liberté conscience! 1

Pendant que les conjurés délibéraient, Ravanel et Ca nat fabriquaient des cartouches, se procuraient des arme et faisaient passer dans le cœur de dix mille paysans, lea haine, leur ardeur, et l'espérance du rétablissement de l'é de Nantes. Cette vaste conspiration s'ourdissait et s'organ sait dans le silence le plus profond. Le cœur des chefs d discret comme la tombe; chacun d'eux avait fait le s ment de ne révéler son secret à personne, fût-ce à sa me ou à sa femme. Depuis trois mois rien n'avait transpir et la police de Bâville, si vigilante, ne lui avait pas mêm apporté un soupçon. L'orage allait éclater, quand un soi un homme demanda à parler à l'intendant et lui dit qu quelque chose se préparait; il n'ajouta rien de plus. Malg la paix profonde qui régnait dans le Languedoc, Baville méprisa pas cet avertissement; il le communiqua à Be wick, qui fit fermer les portes de Montpellier et fouill plusieurs maisons suspectes. L'officier chargé de cette mi sion découvrit, dans l'une d'elles, trois hommes couch à terre sur des matelas; c'étaient trois déserteurs enrôle par Catinat et venus à Montpellier pour le complot; l'off cier leur demanda leur passe-port et leur ordonna de suivre. L'un d'eux saisit son pistolet et l'arme, l'officiers jette sur lui, celui-ci lâche la détente, le coup part et bris le falot porté par l'un des soldats; l'officier tire sur lui bout portant et le tue; ses deux compagnons prennent fuite l'un, atteint par une balle, tombe roide mort; l'aut s'échappe à la faveur de l'obscurité de la nuit. Le lende main il voit un mendiant, lui propose un échange de vê tements, que celui-ci accepte avec joie; quelques moments après le mendiant est arrêté et raconte ce qui s'est passé;

1. Archives de la guerre. Brueys, t. IV, p. 171 et suiv.

Louvreleuil, t. IV, p. 25 et suiv.- Court, t. III, p. 120 et suiv.

n le relâche. Il rencontre, le même jour, dans les rues, déserteur couvert de ses haillons, le dénonce à des solats, qui s'emparent de lui et le conduisent devant Bâville. e conjuré était un Suisse, nommé Jean-Louis et surommé le Genevois. A la vue de l'intendant il se trouble, peur s'empare de lui, et tombant aux genoux de Berick, qui était présent, il promet de tout révéler si on i accorde la vie; sur l'assurance qu'ils lui donnent 'elle ne court aucun danger, il leur révèle, dans les oindres détails, le complot et leur apprend que les chefs nt à Nîmes, où ils attendent, pour agir, le signal de nsurrection.

V.

Cette révélation effraya Bâville; il croyait le Languedoc cifié, et pendant trois mois il avait dormi sur un volcan! erwick confia immédiatement Jean-Louis à un lieutenant maréchaussée, nommé Barnier, homme de confiance de résolution, qui le conduisit à Nîmes, lié sur un cheval poste, entouré de six archers. A six heures du soir Barer entrait à Nîmes et prévenait le gouverneur, M. de indricourt, de l'existence du complot. Celui-ci fit fermer s portes et placer partout des sentinelles; quand la nuit tvenue, Jean-Louis, escorté d'une compagnie de Suisses, dirigea vers la maison d'un riche négociant en soie, de même Alison, l'un des chefs du complot. La porte était tr'ouverte. «Il n'y a rien ici », dit l'officier qui commanit l'escorte. On allait se retirer, quand, sur les instances a Genevois, les soldats pénètrent, en silence, dans intérieur de la cour, prêtent l'oreille et entendent des ersonnes qui causent au rez-de-chaussée. « Je vous ssure, disait une voix forte, qu'avant trois mois le roi ne era plus maître du Languedoc.>

-

A ces mots, les soldats se précipitent dans l'appartenent, la baïonnette au bout du fusil; au bruit qu'ils font, es conjurés, avec l'instinct que donne le danger, saisisent leurs armes; mais prompts comme l'éclair, les Suisses e jettent sur eux et s'emparent de Ravanel, de Jonquet et le Vilas; Alison, le maître de la maison, qui se trouvait u premier étage, averti par le bruit, gagne le toit et se

« PreviousContinue »