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us, cher pasteur, un conducteur; c'est la plus grande arité que vous puissiez nous faire;» et de pareilles dendes lui arrivaient de tous les côtés, et quand il pouvait voyer un ministre, on le recevait à bras ouverts, on le nblait de caresses'. Court était, nous l'avons dit, hardi, is prudent; et cependant on le trouvait quelquefois éraire quand il convoquait des assemblées; les reches qui lui arrivaient de l'étranger auraient pu paralyser efforts, s'il eût été moins convaincu de leur nécessité; éfendit alors sa conduite avec une grande fermeté et ontra que le culte privé ne suffit pas; il flétrit la se prudence et chercha l'apologie de sa conduite dans e des apôtres et des premiers chrétiens, qui s'assement malgré les édits des puissants de la terre: «Si rince, disait-il dans un mémoire justificatif, avait le it d'empêcher les assemblées, Néron et Domitien aunt empiété sur les droits de Dieu, qui n'a pas établi princes pour contredire son règne, mais pour l'affer

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on instinct ne le trompa pas; il vit bien et vit juste, et fut jeté ni hors des sentiers de la prudence par les s, ni dans ceux de la faiblesse par les modérés. évère pour lui-même, il l'était pour les autres; tout d'hypocrisie ou de reniement trouvait en lui un Élie. pères qui abandonnaient leurs enfants aux prêtres, r se soustraire aux amendes auxquelles ils étaient coninés, il disait : «Un jour, vos enfants s'élèveront en ement contre vous; ils vous accableront de leurs reches; ils vous crieront à la face du ciel et de la terre, présence de Dieu, des saints et des anges, que vous la cause de leur perte, que ce sont vos lâchetés, vos fidies, votre indifférence pour leur salut, votre attament pour les biens du monde, qui les ont précipités is l'erreur et le mal; ils maudiront le ventre qui les a tés et les mamelles qui les ont allaités. >>

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La sévérité de Court ne tenait pas à son caractère, mais 'idée qu'il se faisait de la sainteté du chrétien; il voulait

1. Mss. de Court, t. IX, no 17, p. 65.

2. Mss. de Court.

17, p. 65.

Récit et mémoire sur les assemblées, A,

3. Mss. de Court, L. D. C., t. III, 1726 à 1731.

qu'il marchât de pied droit dans les sentiers austères de vérité. S'en écarter, ou même en avoir l'idée, constitua un crime à ses yeux. Il apprend un jour qu'une dam noble, Mme de Saint-Mamet, est sollicitée de quitters religion. Après lui avoir tracé le portrait de la croyan qu'elle paraissait disposée à abandonner et de celle qu' voulait lui faire embrasser: «Tremblez, Madame, lui écr il, à la méditation des sentences formidables du Seigne sur les renégats; qu'une religieuse crainte vous retien dans une religion qui, toute douce qu'elle est, mere pourtant des jugements les plus sévères l'infidélité et l'in posture. Fixez les yeux sur vos généreux ancêtres; 80venez-vous de votre origine; ne craindrez- vous pas de démentir le beau sang qui coule dans vos veines? sen vous née pour être la honte d'une des plus belles familles auriez-vous assez peu de grandeur d'âme, passez-DE cette expression, pour sortir de ce qu'il y a de plus p parmi les réformés? seriez-vous aujourd'hui capable d bandonner la foi de vos ancêtres et croire qu'ils damnés, puisqu'il vous faudrait le croire, si vous aviez malheur de succomber?»'

Autant le pasteur du désert déployait de sévérité ale gard de ceux qui ne marchaient pas de pied droit, au son cœur débordait de charité et de tendre compassion l'égard de ceux qui, fidèles, pleuraient sous la croix une dame, à laquelle on avait enlevé sa fille pour la mette dans un couvent, il écrivait: «Quel coup! quel coup quelle plaie! je ne doute pas, Madame, que vous ne se tiez la douleur, et que, dans l'amertume de votre âme vous ne laissiez exhaler cette triste plainte: «Jamais il a a eu d'affliction semblable à celle qui m'a été faite!>

«Quelque grande que soit votre douleur, elle n'est p sans consolation; il y a encore du baume en Galaad po vous; Dieu frappe, mais pour bénir; il abat, mais p relever; priez pour votre enfant, afin qu'elle résiste a assauts qui lui seront livrés; Dieu ne refuse jamais d'ex cer les prières. >>

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Court ne comprenait pas que les fidèles pussent se r

1. Mss. de Court, L. D. C., t. II, 1724 à 1726, no 7, p. 99. 2. Mss. de Court, L. D. C., t. II, 1721 à 1726.

uir quand l'Église était dans le deuil. A l'occasion d'une moiselle qui avait assisté à une comédie, il écrivait : ist-ce bien vrai qu'elle a assisté à un spectacle public? urait-elle fait dans ces temps aussi fâcheux, aussi licenux que celui où la Providence nous fait vivre? Auraite insulté, de cette manière, les souffrances de nos conseurs et les cendres de nos ancêtres? Aurait-elle fait te injure à notre Église affligée? Ah! si cela est, que le I s'en étonne, que la terre en frémisse! » 1

Rien n'est plus intéressant que d'étudier Court dans sa respondance et les écrits tracés de sa main; il vit là de vraie vie; on croit le voir, l'entendre, et on s'attache à grand mort, qui personnifie, en lui, l'une des époques plus douloureuses et les plus belles du protestantisme nçais. On l'aime, parce qu'il est un fidèle huguenot; on Imire, parce qu'il est un grand caractère; c'est l'homme nplet, le sage architecte, qui, après avoir choisi de bons dements et posé le couronnement de l'édifice, s'occupe l'ornementation intérieure. Sur une feuille détachée de mémoires, nous avons trouvé écrit de sa propre main programme de l'examen d'un pasteur du désert, appelé tre interrogé sur les matières suivantes :

1o La divinité des Saintes Écritures;

2° Leur nécessité;

3° L'existence de Dieu;

4° La Trinité;

5o La Providence;

6° La divinité de Jésus-Christ;

7o Des deux natures de Jésus-Christ;
8° De la mort et de la résurrection;
9° De l'Église; qu'est-ce que l'Église?
10° Ses marques;

11o Des assemblées. *

Ce programme prouve surabondamment, qu'à cette poque, la foi traditionnelle des Églises réformées n'était as mise en question, et qu'un pasteur qui eût osé nier autorité des Saintes Écritures et la divinité éternelle du 'ils de Dieu eût été un objet d'étonnement et de scandale.

1. Mss. de Court, L. D. C., t. II, 1724 à 1725, no 17, p. 845. 2. Mss. de Court, L. D. C., t. II, 1724 à 1725, no 17, p. 155.

Court flétrissait tout compromis avec la conscience, censurait vivement ceux de ses coreligionnaires qui faisaient bénir leur mariage par un prêtre et les tenait pour indignes de porter le nom de chrétien. A un jeune homme, qui lui faisait connaître ses perplexités, il écrivait: «Von position est difficile; mais revenez à Dieu et n'allez pas vou jeter aux pieds d'un prêtre; demandez, malgré tous dangers que vous courez, la bénédiction de votre pasteut ou bien, sortez de France. >>1

Les riches n'imposaient pas à Court; à ses yeux, règle existait pour eux, comme pour les pauvres; il les re primandait vertement quand ils donnaient pour excuse d'assister aux assemblées le péril qu'ils encourraient. «Ca paysan, écrivait-il à un gentilhomme, ne risque rien, diesvous, en assistant à une assemblée, tandis que vous, vous exposez votre bien; mais pour un paysan, ajoute-t-il, so bien, tout petit qu'il est, est aussi précieux que celui d riche. Vous dites que vous voulez être fidèle au roi, qu défend les assemblées; eh bien! si j'étais roi, je me délie rais de votre fidélité, puisque vous êtes si peu fidèle at Dieu du ciel. » 2

XXI.

Esprit essentiellement pratique, Antoine Court so cupa activement de l'établissement d'une bourse publique destinée à secourir les pauvres et les galériens, à payer les amendes auxquelles ceux qui avaient assisté aux assem blées étaient condamnés, et à entretenir les pasteurs. Dans le mémoire qu'il rédigea il fit ressortir avec beaucoup de force la nécessité, où sont les chrétiens, de s'entr'aider, et quand il aborda la question de l'entretien des pasteurs. il fit ressortir la grandeur de leur ministère par la grandeur du prix de l'âme. «Vous vous tromperiez, disait-il en s'adressant à ses frères, si, quand je vous parle de l'entretien des ministres, vous prétendiez que je vous

1. Mss. de Court, T. D. C., 1720 à 1724, p. 375. Lettre i M. Galay, marchand d'Uzès (20 juin 1720).

2. Lettre d'un gentilhomme pour se dispenser d'assister aux assemblées (1724). - Mss. de Court, L. D. C., t. Ier, 1720 à 1724.

n° 7.

endie des aumônes; loin de là, c'est un acte de justice e je vous propose et non une contribution de grâce; st une espèce de tribut que Jésus-Christ lève sur vous, non une aumône qu'il vous demande.» Après avoir lé de l'excellence du ministère évangélique et montré qu'est un fidèle serviteur du Crucifié, il s'écrie: «Quoi! ambassadeurs des princes seront comblés de présents, retenus dans un état splendide, honorés de ce qu'il y e plus beau et de plus riche dans une cour somptueuse magnifique, et les ambassadeurs du Roi des rois seront prisés, oubliés et destitués même du nécessaire ! Le ne de leur maître, il est vrai, ajoute-t-il, n'est pas de monde, aussi ne demandent-ils pas les richesses et les sors de la terre, mais un entretien convenable à leur actère, le nécessaire; ce nécessaire doit-il leur être usé?» Court censure les riches, quand ils laissent nquer de pain les ministres, et quels ministres! des scrits! des condamnés à mort! il flétrit leurs dons: uand on collecte, ils osent, s'écrie-t-il, donner un sol!» Le pasteur du désert veut obtenir par des règlements que la charité donne si joyeusement. Il dresse la liste s donateurs sur laquelle les pauvres ne se trouvent pas. s familles à l'étroit sont taxées à 15 sols par an, celles peu moins gênées à 20 sols chacune, les aisées à 6 livres, gentilshommes et les bourgeois à 12 ou 15 livres. Il oublie ni les domestiques, ni les artisans, ni les emyés; ils sont taxés, les premiers à 15 sols, les seconds 30, les troisièmes à 40. En terminant son mémoire, il gage les mourants qui n'ont pas d'héritiers directs, se souvenir de leurs frères pauvres. «Vos dons, leur t-il, seront mieux placés chez eux que chez ceux qui en ont pas besoin. »

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Court réalisa-t-il son projet ? Nous ne saurions l'affirmer, ais sa lecture nous révèle qu'il n'y a rien de nouveau us le soleil; ce qui a été, sera; le bœuf qui foule pénibleient le grain, à quelques rares exceptions près, est oublié ujourd'hui comme autrefois, et celui qui a droit de vivre e l'autel, quand il est fidèle, vit souvent de misère et de rivations et ne puise les forces qui lui sont nécessaires

1. Mss. de Court, L. D. C., t. II, 1724, p. 409 et suiv.

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