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durable la subsistance de leurs familles, une portion des terres du domaine public proportionnée à leurs besoins et aux grades qu'ils avaient lorsqu'ils étaient encore au service. Ces concessions de terres nationales seraient faites dans une contrée fertile, où les concessionnaires seraient organisés en communes particulières, et elles ne pourraient, en aucun cas, excéder la valeur de 7,000, ou être au dessous de 1,200 drachmes. Elles n'auraient lieu, d'ailleurs, que sous la condition que chacun des concessionnaires cultiverait le terrain à lui alloué, et qu'il y ferait certaines plantations ordonnées par la loi, dans l'intérêt de l'agriculture.

Les relations diplomatiques furent établies officiellement cette année entre la Turquie et la Grèce, qui accréditèrent réciproquement des agens à Constantinople et à Nauplie.

Cette dernière ville avait été jusqu'ici la résidence du gouvernement grec, mais tout annonçait que cette résidence serait transportée à Athènes, qui devrait à l'influencemagique de son nom et aux derniers débris de ses anciens monumens, de devenir la capitale de la Grèce. Déjà on s'était occupé de la conservation de ces précieux débris; on faisait des fouilles dans l'Acropolis, on déblayait les colonnes renversées, et comme il avait été décidé que le Parthénon serait restauré, le roi, entouré d'une foule nombreuse, se rendit en grande pompe à l'Acropolis le 10 septembre, pour inaugurer cette restauration, en remettant sur sa base le premier tambour de colonne du temple. Cette fête, si riche en souvenirs et en espérances, fut célébrée avec la plus brillante solennité. Plusieurs milliers de Grecs couvraient les ruines de l'Acropolis et surtout le Parthénon; ils étaient dispersés en groupes pittoresques sur tous les endroits accessibles, et jusque sur les chapiteaux les plus élevés. Le gouvernement ayant déclaré que l'Acropolis ne serait plus considérée comme citadelle, on en démolissait les murailles, là où elles n'étaient pas antiques, à l'exception de quelques parties du moyenâge. Enfin, pour être plus digne du rang de capitale, qu'un Ann. hist. pour 1834. 29

décret se préparait à lui donner, la ville serait reconstruite sur un plan nouveau.

Ce décret, en date du 30 septembre, mit fin à un provisoire quin'avait pas laissé de produire une incertitude fàcheuse pour le développement de la prospérité du pays, et fixa au 13 décembre l'installation à Athènes des ministères avec les sections qui relèvent d'eux immédiatement, du Saint Synode, de la cour des comptes, du trésorier-général et de la direc tion générale des postes.

Cette installation souffrit d'autant moins de difficultés, que le calme régnait sur tous les points de la Grèce. Les partis politiques étaient tenus en bride par la régence, et plus encore par la masse du peuple qui ne se prononçait pour au cun d'eux, Cependant on ne pouvait se dissimuler que le pays renfermait toujours des élémens d'agitation. Ces partis étaient nombreux, et aucun ne paraissait assez faible pour qu'il fût permis de lui dénier les conditions de la durée; mais ils semblaient vouloir attendre les événemens, et se résigner à un état de choses qu'ils regardaient comme tran sitoire, jusqu'à la majorité du roi, qui possédait les pathies de la grande majorité, et dont on espérait qu'il adopterait un système de gouvernement propre à rallier la masse des intérêts.

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CHAPITRE VI.

SursSE. Tentative des étrangers réfugiés en ce pays pour révolutionner la Savoie Insuccès de cette tentative.-Notes diplomatiques à ce sujet. -Mesures prises contre la Suisse par les états voisins.-Expulsion de tous les étrangers qui avaient pris part au mouvement contre la Savoie. -Le Vorort envoie une députation au roi de Sardaigne. - Nouvelles notes diplomatiques.-Arrangement de cette affaire.-Ouverture de la diète. — Débats sur les notes diplomatiques et la conduite du Vorort. -Décision de la diète. Protestations de Berne et de Lucerne contre cette décision-Contre-protestations des autres cantons.-Question de la révision du pacte.-Clôture de la diète.-Note adressée par l'Autriche au canton de Berne, à l'occasion d'une réunion, d'ouvriers allemans. Cessation des communications diplomatiques avec Berne.

ITALIE. SARDAIGNE. Conclusion d'un emprunt. Prospérité matérielle du pays.

MODENE. PARME. TOSCANE. ETATS-ROMAINS. Détails divers.

DEUX-SICILES. Arrangement des difficultés entre Naples et Maroc. - Etat du pays.

Sortie heureusement de ses troubles intérieurs en 1833, la Suisse s'est vue jeter cette année dans de nouvelles complications, par suite d'une tentative préparée sur son territoire' pour révolutionner la Savoie et le Piémont.

Des dépôts d'armes et de munitions avaient été formés dans les cantons de Vaud et de Genève, où se dirigèrent successivement, et par escouades plus ou moins nombreuses, un millier de réfugiés environ, polonais, allemands et italiens,' qui se disposaient à envahir la Savoie : le général Romarino, connu par sa participation à la guerre de la Pologne contre la Russie en 1831, vint se mettre à leur tête; des proclamations républicaines adressées aux militaires et aux habitans annoncèrent le but qu'ils se proposaient. Il paraît en outre, qu'une révolution populaire à Genève entrait dans le plan de cette expédition, et que l'arrivée des réfugiés dans le canton devait en être le signal.

Les autorités génevoises curent donc à prendre des mesures pour empêcher les réfugiés d'exécuter leur mouvement sur la Savoie, et en même temps à se défendre contre des tentatives d'émeute dans l'intérieur de la ville. La générale avait été battue le 1" février au matin, et une partie considérable de la milice se trouvait sous les armes. Des cris séditieux retentissaient dans les rues, des groupes d'hommes où l'on remarquait beaucoup d'étrangers présentaient une attitude menaçante, la milice elle-même montrait des dispositions équivoques.

Des Polonais, arrêtés isolément par la gendarmerie cantonnale, furent arrachés à leur escorte et emmenés à Carrouge, où était le rendez-vous général des réfugiés. De ce point ils se portèrent le 2 février sur Annecy par la route du Châble. Ici le poste de douaniers piémontais fut enlevé, et les insurgés poursuivirent leur marche; mais bientôt, instruits qu'un corps de cavalerie piémontaise arrivait à leur rencontre, ils se replièrent sur le bourg d'Annecy, où ils dissipèrent à coups de fusil un peloton de carabiniers royaux et de douaniers qui avait essayé de défendre le pont de l'Arve. Maîtres de ce bourg, ils affichèrent une proclamation et arborèrent le drapeau cisalpin (rouge, vert et blanc), sans parvenir à exciter le moindre mouvement dans la population. Après une halte de deux ou trois heures dans cet endroit, ils s'avancèrent sur la route de Thonon où ils s'attendaient à être grossis par les insurgés du Bas-Châblais. Le général Romarino en personne commandait cette petite colonne, réduite dès le milieu du jour à 400 hommes mal armés pour la plupart, excédés de fatigues et incapables de soutenir un combat prolongé contre un corps régulier; et en effet avant la nuit elle fut obligée de se disperser devant les troupes piémontaises, envoyées par deux routes différentes à sa poursuite. L'expédition avait complétement avorté.

Une tentative du même genre, mais beaucoup plus faible encore, fut faite sans plus de succès du côté des Echelles de

Savoie. Une bande de 80 à 100 hommes, la plupart Savoyards, venant de Grenoble ou des environs, pénétra le 3 vers six heures du soir aux Echelles, en criant: Vive la jeune Italie! et en semant des proclamations républicaines. Le poste des douaniers ayant été surpris et les carabiniers sardes qui l'occupaient faits prisonniers, la bande se porta à dix minutes des Echelles, annonçant l'intention de marcher le lendemain sur Chambéry, lorsque vers minuit une compagnie sarde se présenta et engagea une fusillade de quelques instans, après quoi les insurgés, qui avaient eu quelques hommes tués ou pris, se hâtèrent de se réfugier sur le territoire français, où ils rendirent leurs armes et leurs effets militaires.

La colonne du général Romarino était rentrée ne comptant déjà plus qu'environ deux cents hommes, le 3 au matin, sur le territoire génevois. Elle consentit, non sans difficulté, à mettre bas les armes, et causa de nouvelles alarmes aux autorités de Genève, encouragée qu'elle était dans sa résistance par une foule d'habitans. Cependant la paix du canton ne fut pas autrement troublée, et bientôt les réfugiés qui avaient concouru au mouvement contre la Savoie furent conduits dans l'intérieur de la Suisse et placés sous une surveillance rigoureuse.

Cette échauffourée qui ne pouvait manquer d'être connue d'avance, et par conséquent de perdre toutes ses chances de succès si elle avait pu en avoir, le vorort de Zurich et les gouvernemens des cantons limitrophes de la Savoie ayant usé de tous leurs moyens pour désarmer et retenir les réfugiés; cette échauffourée, disons-nous, eût été promptement oubliée, sans un déluge de notes diplomatiques qu'elle attira sur la Suisse de la part des puissances étrangères.

La Sardaigne vint naturellement la première. Elle commença par exprimer ses remercimens au vorort, pour les mesures qu'il avait recommandées aussitôt qu'il avait eu connaissance des événemens qui se préparaient. Mais ces sages dispositions prévenues avec l'empressement le plus amical

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