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en assurant

ble le retour de si grands maux, à jamais le pouvoir de cette Charte, dont le nom, invoqué pendant le combat, encore après la victoire.

l'était

Dans l'accomplissement de cette noble tȧche, c'est aux Chambres qu'il appartient de me guider. Tous les droits doivent être solidement garantis, toutes les institutions nécessaires à leur plein et libre exercice doivent recevoir les développemens dont elles ont besoin. Attaché de cœur et de conviction aux principes d'un gouvernement libre, j'en accepte d'avance toutes les conséquences. Je crois devoir appeler dès aujourd'hui votre attention sur l'organisation des gardes nationales, l'application du jury aux délits de la presse, la formation des administrations départementales et municipales, et avant tout, sur cet article 14 de la Charte, qu'on a si odieusement interprété.

C'est dans ces sentimens, Messieurs, que je viens ouvrir cette session..

Le passé m'est douloureux; je déplore les infortunes que j'aurais voulu prévenir; au milieu de ce magnanime élan de la capitale et de toutes les cités françaises, à l'aspect de l'ordre renaissant avec une merveilleuse promptitude, après une résistance pure de

fout excès, un juste orgueil national émeut mon cœur, et j'entrevois avec confiance l'avenir de la patrie.

Oui, Messieurs, elle sera heureuse et libre, cette France qui nous est si chère; elle montrera à l'Europe qu'uniquement occupée de sa prospérité intérieure, elle chérit la paix aussi bien que les libertés, et ne veut que le bonheur et le repos de ses voisins.

Le respect de tous les droits, le soin de tous les intérêts, la bonne foi dans le Gouvernement, sont le meilleur moyen de désarmer les partis, et de ramener dans les esprits cette confiance, dans les institutions cette stabilité, seuls gages assurés du bonheur des peuples et de la force des états.

Messieurs les Pairs et Messieurs les Députés, aussitôt que les Chambres seront constituées, je ferai porter à leur connaissance l'acte d'abdication de S. M. le Roi CHARLES X: par ce même acte, S. A. R. LOUIS-ANTOINE de France renonce également à ses droits. Get acte a été remis eutre mes mains, hier, 2 août, à onze heures du soir. J'en ordonne ce matin le dépôt dans les archives de la Chambre des Pairs, et je le fais insérer dans la partie officielle du Moniteur.

Des applaudissemens accueillirent

cette harangue, et le prince retourna dans son palais avec les mêmes accla

mations.

Au moment où ces choses se passaient dans Paris, Charles X, retiré à Rambouillet, adressait au Lieutenant Général du royaume, avec l'acte d'abdication dont il est parlé dans le discours du duc d'Orléans, la demande d'un sauf-ce duit, afin, disait-il, qu'il pût se retirer en sûreté. La commune de Paris donnait ce sauf-conduit, et nommait trois commissaires pour accompagner le roi jusqu'à la frontière. C'étaient MM. de Schonen, le maréchal Maison et Odilon-Barrot. Ces commissaires prenaient aussitôt la route de Rambouillet. Quel fut leur étonnement, lorsqu'ils apprirent que Charles X refusait de les recevoir, repoussait le sauf-conduit, disant qu'il n'avait abdiqué, lui et le duc d'Augoulême qu'en faveur du duc de Bordeaux, et qu'il resterait à Rambouillet jusqu'à ce qu'il eût reçu du Lieutenant Général du royaume une réponse satisfaisante; qu'au reste, si

l'on voulait lui faire violence, il se défendrait jusqu'à la mort, Les commissaires se hâtèrent de rebrousser chemin, et vinrent annoncer à Paris le résultat de leur démarche.

Il n'est pas besoin d'exprimer les sentimens dont chacun fut agité en recevant cette étrange nouvelle. On décida aussitôt qu'une armée parisienne, composée de dix mille hommes, se transporterait sans délai à Rambouillet, et porterait au monarque raisonneur la volonté de la France. Le général Pajol fut chargé de diriger cette armée; mais au lieu de dix mille hommes il s'en trouva bientôt trente mille; ies Champs-Élysées, lieu du rendez-vous, furent en un moment remplis de volontaires disposés à livrer combat. Quatre, à six cents voitures, fiacres, coucous, chariots, se chargèrent de monde, et le reste partit à pied avec plusieurs pièces d'artillerie; cependant, pour éviter, s'il était possible, les malheurs d'un combat, les commissaires repartaient en poste pour ten ter un dernier effort auprès de l'ex-roi,

Arrivés à Rambouillet quelques heures avant l'armée, ils se rendirent auprès de Charles X, qu'ils trouvèrent environné de six à sept mille hommes, nombre plus considérable qu'on n'avait pensé; ils lui remontrèrent les dangers et les malheurs qu'entraînerait sa résistance. L'ex-roi balança long-temps; c'était avec douleur qu'il voyait sa cause tout-à-fait perdue; mais, enfin, il reconnut l'impossibilité de résister à des forces supérieures, et comprit sans doute quelle haine nouvelle un combat nécessairement meurtrier attirerait sur sa tête; il se décida à partir. La route fut indiquée pour Cherbourg; et les trois commissaires, après avoir déterminé le nombre de troupes qui devraient accompagner le roi, se mirent en chemin avec lui.

Cette nouvelle fut aussitôt portée à l'armée de Rambouillet; elle n'était qu'à trois quarts de lieue de cette ville; elle rebróússa chemin, s'empara d'un grand nombre de voitures de la cour, et reprit la route de Paris. Le plus grand

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