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Partout les couleurs nationales ont été arborées; partout les troupes de ligne ont fraternisé avec les gardes nationales. Les propriétés ont été respectées. Les dissidence d'opinion, inévitables dans un si grand changement, disparaissent devant le besoin de l'unité et de la paix publique.

-Nous n'entreprendrons pas de faire l'éloge du prince appelé à régir notre nouveau gouvernement. Le plus populaire des écrivains, Paul-Louis Courier, vigneron, s'en est chargé pour nous. Son talent original et inimitable, trop tôt ravi à la France, qu'il vengeait de ses méchans et ridicules oppresseurs, est l'autorité la plus imposante à invoquer aujourd'hui.

Voici ce passage; il est extrait d'une lettre de Paul-Louis Courier, imprimée en 1822:

« J'aime le duc d'Orléans, parce qu'é» tant né prince, il daigne être honnête » homme. Il ne m'a rien promis; mais, » le cas avenant, je me fierais à lui, et,

» l'accord fait, je pense qu'il le tiendrait » sans fraude, sans en délibérer avec » des gentilshommes, ni consulter les

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jésuites. Voici ce qui me donne de lui cette opinion: il est de notre temps; » de ce siècle, non de l'autre ; ayant peu » vu ce qu'on nomme ancien régime. Il » a fait la guerre avec nous, d'où vient » qu'il n'a pas peur des sous-officiers; et depuis, émigré malgré lui, jamais il

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» ne fit la guerre contre nous, sachant trop ce qu'il devait à la terre natale,

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» et qu'on ne peut avoir raison contre » son pays. Il sait cela, et d'autres choses qui ne s'apprennent guère dans le

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» rang

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où il est. Son bonheur a voulu

qu'il en ait pu descendre, et, jeune, » vivre comme nous. De prince, il s'est >> fait homme. En France, il combat»tait nos communs ennemis; hors de

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France, il a travaillé pour vivre. De » lui n'a pu se dire le mot, Rien oublié, » ni rien appris. Les étrangers l'ont vu » s'instruire, et non mendier. Il n'a » point prié Pitt ni supplié Cobourg de

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ravager nos champs, de brûler nos villages, pour venger les châteaux, De » retour, il n'a point fondé des messes, » des séminaires, ni doté des couvens » à nos dépens; mais, sage dans sa vie, » dans ses mœurs, il a donné un exemple qui prêchait mieux que les mission» naires. Bref, c'est un homme de bien. » Je voudrais, quant à moi, que tous » les princes lui ressemblassent; aucun » d'eux n'y perdrait, et nous y gagne»rions. S'il gouvernait, il ajusterait » bien des choses, non-seulement par » la sagesse qui peut être en lui, mais » par une vertu non moins considérable » et trop peu célébrée. C'est son économie, qualité si l'on veut bourgeoise, » que la cour abhorre dans un prince, » mais pour nous si précieuse, pour nous » administrer si belle, si.... comment dirai-je? divine, qu'avec elle je le » tiendrais quitte quasi de toutes les

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>> autres.

» Lorsque j'en parle ainsi, ce n'est »pas que je le connaisse plus que vous,

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ni peut-être autant, ne l'ayant même jamais vu. Je ne sais que ce qui se » dit; mais le public n'est point sot, et » peut juger les princes, car ils vivent » en public. Ce n'est pas non plus que

je sois son partisan, n'ayant jamais » été du parti de personne. Je ne sui» vrai pas un homme, ne cherchant pas » fortune dans les révolutions, contre» révolutions, qui se font au profit de quelques-uns. Né dans le peuple, j'y » suis resté par choix, et, quand il fau» dra opter, je serai du parti du peuple, » des paysans comme moi. »

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CHARTE

CONSTITUTIONNELLE

DES FRANÇAIS,

Telle qu'elle a été décrétée le 8 août 1830 par les deux Chambres legislatives, et présentée à l'acceptation de S. A. R. Mgr. le duc d'Orléans, lieutenant général du royaume.

Cette Charte n'est autre que l'ancienne Charte, avec les suppressions, les extensions et les interprétations adoptées par les deux Chambres, dans l'intérêt de la liberté. Nous la publions dans le seul texte qui constitue aujourd'hui le droit public de la France; nous avons indiqué par des caractères italiques les articles ajoutés ou amendés, et nous avons porté dans les notes les changemens et les articles supprimés. '

Tout le préambule de l'ancienne Charte est supprimé, comme contenant un principe de concession et d'octroi, incompatible avec

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