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L'encombrement des arbres arrêta leur marche; lorsque le dernier lancier s'apprêtait à suivre ses camarades, notre jeune Parisien se glisse à travers les feuillages qui le cachaient et coupe avec son couteau la selle du cheval; le lancier chancelle et tombe; le cheval et le militaire sont restés au pouvoir de ce jeune homme, qui n'a reçu qu'un faible coup de sabre dans le dos.

Dans l'affaire du 28 juillet, au moment où la résistance n'était pas encore bien organisée, sur la place de l'Hôtelde-Ville, un jeune homme qui portait. un étendard au bout d'une lance, croyant remarquer un peu d'hésitation parmi les troupes parisiennes, s'avance à dix pas de la garde royale en disant à ses camarades: « Je vais vous montrer comment on sait mourir » Il tombe à l'instant même percé de plusieurs balles.

-Le jeune Fayolle, fils du libraire, demeurant rue du Rempart, a fait prisonnier le 30 juillet un homme à cheval armé d'un fusil, et porteur des dépêches de la cour.

Le nommé Hervien, rue du Temple, n. 87, reçoit, le 28, un coup de feu qui lui fracasse la main gauche. Un médecin accourt auprès de lui, le panse, et l'engage à céder à d'autres son fusil : «Oh non! s'écrie-t-il; il faut que je me venge. » Il prend son sabre et retourne se battre. Le lendemain il se bat encore, et rentre le soir dans un état affreux. Sa blessure est très-grave; on espère cependant lui conserver la main,

Le brave Roblin, marchand de vin, rue de la Bûcherie, n. 37, a fait des prodiges le 28 à l'Hôtel-de-Ville. Embusqué sur un toit, en vue de l'arcade Saint-Jean, il a fait éprouver à l'ennemi des pertes considérables: on a eu recours à un canon pour le débusquer, sans pouvoir y parvenir. Le lendemain il s'est battu au Louvre, aux Tuileries, à la caserne de Babylone, et a été légèrement blessé.

Le 29, à la caserne de Babylone, M. Nabos a déployé beaucoup de courage ayant reçu l'ordre de tourner la

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caserne et de pénétrer par les croisées il monte sur les épaules d'un jeune ouvrier, qui, au même instant, reçoit une ballé au bras gauche. M. Nabos voulait descendre : « Montez toujours, lui dit le jeune homme, on croirait que j'ai peur; il me reste assez de force, et je ne suis pas un lâche. « M. Nabos fut bientôt dans la caserne, et ce brave l'y suivit de près.

Les habitans de la rue du Vertbois ont signalé la conduite intrépide d'un ex-gendarme à pied, qui, ayant revêtu un uniforme national dans la journée du 28, a combattu pendant six heures auprès de la porte Saint-Martin, et a fait tomber onze gardes royaux. De là il s'est porté rue de Richelieu et aux Tuileries, où il a encore combattu avec la même vigueur. Lorsqu'on lui offrit du vin et de l'eau-de-vie, il refusa en disant : « Le vrai Français se bat à jeun, il en a » plus de calme et de sang-froid.» Ce brave n'est rentré à la maison que lorsque tout a été terminé, n'ayant reçu qu'une légère blessure.

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-La nouvelle grille du Louvre, du côté de la colonnade est élevée sur un mur de deux pieds de haut. Croirait-on qu'un des héros du peuple parisien a su braver sous cet abri à peine capable de le cacher, toutes les balles ennemie il s'est tenu constamment couché en chargeant et tirant son fusil pendant tout le temps que l'attaque a duré. Il a été ensuite combattre au PalaisRoyal, où il a été atteint d'une balle à l'épaule.

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· Le brave qui a arboré sur la tour de Notre-Dame le premier drapcau national, qu'il portait depuis le matin en écharpe, se nomme Petitjean, rue de l'Échiquier, no. 30. Il avait d'abord rallié sous ses ordres une petite troupe de vaillans citoyens, et le tocsin qu'il fit sonner la grossit en quelques instans jusqu'à près de 300 hommes, auxquels il fit encore distribuer 500 cartouches. A la tête de cette petite armée qu'il harangua avec toute l'éloquence du patriotisme, ce chef intrépide s'est porté sur tous les points où le combat

était le plus acharné, notamment à la Grève et sur les quais, où la garde royale faisait un feu roulant. Il a eu, à la vérité, la douleur de perdre plusieurs de ses courageux amis; mais, par sa résistance opiniâtre, il a puissamment coutribué au succès de la cause nationale, dans la sanglante journée du 28. Voilà la justice que se plaisent à lui rendre aujourd'hui les honorables citoyens qui ont partagé sa gloire et ses dangers.

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M. Dufay, ancien militaire du 9o. de ligne, après avoir animé ses amis et les avoir conduits au combat pendant les journées des 26 et 27, a été grièvement blessé à l'épaule par un gendarme : malgré ses blessures, il n'a pas quitté le champ de bataille. Honneur à ce brave! Au nombre des traits héroïques de l'immortelle journée du 28, on doit citer la belle conduite de M. Lavalenne, ancien officier de la vieille armée, tenant le café Lyonnais, boulevart SaintMartin.

Son civisme est allé jusqu'à porter à

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