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le danger qu'elle allait courir. « Je n'ai » point d'enfans, disait elle : Voici mon >> mari dont je partage tous les senti» mens, je suis auprès de lui, et je >> mourrai avec lui s'il le faut. »

-Mme. Laval, de la rue Saint-Denis, no. 200, est signalée par les habitans de son quartier pour l'héroïsme de sa conduite. Mère de quatre fils, elle les à constamment encouragés dans les travaux des barricades par ses énergiques exhortations et son exemple. Ces remparts une fois terminés, elle les a armés, conduits elle-même dans les rangs de nos braves, et, uniquement occupée pendant les trois jours de combat à leur préparer des alimens, elle les renvoyait après quelques instans de repos reprendre leur poste d'honneur. Ces jeunes gens ont dignement répondu au patriotique dévouement de leur mère.

Le 29 au matin, on vit dans la rue du faubourg Saint-Denis un chasseur de la garde nationale, en uniforme et en armes, pressant sa femme entre ses bras.

Cette femme, très-jeune et paraissant être mère depuis peu de temps, versait quelques larmes; mais bientôt élevant sa voix et serrant fortement la main de son mari : « Je ne pleure plus, lui dit»elle, c'était une première émotion ; je » t'ai embrassé, je suis contente: va >> maintenant joindre tes frères et com» battre avec eux pour la liberté. »

Une jeune fille a montré la bravoure d'un héros. A la place de la Bourse; elle a bravé la grêle des balles royales, pour s'emparer la première d'une pièce de canon et donner l'exemple du courage. Conduite à l'Hôtel-de-Ville, elle a été placée sur un fauteuil et portée en triomphe, couverte de lauriers, au milieu de l'enthousiame que produisait le récit de cette belle action.

- La caserne de Babylone a été prise par les sections du faubourg Saint-Germain. Au premier rang un tout jeune homme se faisait distinguer par son intrépidité. Au retour, épuisé de fatigue,

il tombe sur la place des Petits-Pères. On lui porte secours : c'était une femme.

Sur la place du Palais-Royal et dans les environs, une autre jeune femme, également habillée en homme, allait partout prodiguant des secours aux blessés. Un coup de baïonnette n'a pu ralentir son zèle.

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Une attestation du major, commandant supérieur du poste des Tuileries, et signée de six autres citoyens, certifie que parmi les gardes nationaux qui se sont conduits de la manière la plus brillante, s'est trouvée mademoiselle Joséphine Mercier, maîtresse sagefemme, rue Monsieur-le-Prince, no. 15; elle n'était connue des gardes nationaux que sous le nom de Victor, élève en médecine. Cette femme intrépide, quoique d'une complexion délicate, ne paraissait pas avoir plus de quinze ans sous l'habit d'homme. La redingote verte dont elle était revêtue était percée de deux balles. La première dans les patrouilles et dans

les découvertes, elle a souvent exposé sa vie en soignant les blessés.

Le 28, une jeune femme, sur le quai de la Cité, s'empare du fusil d'un citoyen qui venait d'être tué, et fait feu à plusieurs reprises sur les Suisses. Sa robe a été traversée par une balle Cette héroïne se nomme Marie Deschamps, et elle demeure rue Saint-Victor, n. 74.

On doit de grands éloges aux sœurs de la Providence, rue des Brodeurs : leur zèle ne s'est pas ralenti. On les a vues aller chercher des blessés jusque sous le feu des Suisses, au coin de la rue Plumet. Tous les habitans de ce quartier ont fait un généreux accueil à nos défenseurs. On recueillait les blessés; on embrassait les combattans.

Le jeune Millot-Pierret se trouvant dans la mêlée, rue Saint-Martin, reçut d'un officier supérieur un fusil double. Il rallia aussitôt plusieurs ouvriers, se mit à leur tête, et, au coin de la rue aux Ours, leur décharge fit

reculer l'ennemi. Près de la Porte SaintMartin, voyant un officier qui venait de tuer un enfant, il s'avança sur lui, le renversa mort, et s'opposa à ce qu'on le dépouillât, en disant aux braves qui l'avaient suivi de leur propre gré : Ne souillez point votre belle conduite; la patrie a besoin de votre bras; en

avant!

Un marchand de vin de la rue des Canettes reçut une balle qui lui traversa la poitrine et vint faire saillie au dessus de la clavicule. On en fit l'extraction. Il s'empara de la balle, la baisa fortement, et dit : « Portez cela » à ma femme, et dites-lui que c'est » pour ma chère patrie.....

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- On a vu des enfans de sept ou huit ans battre la charge en avant de la milice bourgeoise, malgré l'infâme fusillade des Suisses.

- Pendant qu'il s'était établi une fusillade entre les Suisses du côté du Louvre et les gardes nationaux de l'autre

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