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opposition hostile. Sans doute, ils ont regretté avec tous les autres amis de la

d'être le défenseur dévoué d'un trône constitutionnel.

» C'est ainsi, Messieurs, que, dans la crise actuelle, il nous a paru convenable d'élever un autre trône national, et je dois dire que mon vœu pour le prince, dont le choix vous occupe, s'est fortifié lorsque je l'ai connu davantage; mais je différerai d'avec beaucoup de vous sur la question de la pairie héréditaire. Disciple de l'école américaine, j'ai toujours pensé que le corps législatif devait être divisé en deux chambres, avec des différences dans leur organisation; cependant je n'ai jamais compris qu'il y pût avoir des legisla teurs et des juges héréditaires. L'aristocratie,' Messieurs, est un mauvais ingrédient dans les institutions publiques.

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J'exprime donc, aussi fortement que je le puis, mon vœu pour l'abolition de la pairie héréditaire, et en même temps je prie męs collègues de ne pas oublier que, si j'ai toujours été l'homme de la liberté, je n'ai jamais cessé d'être l'homme de l'ordre publie.

liberté, que la Charte constitutionnelle laissât encore à désirer un assez grand nombre de dispositions essentielles, et que la Chambre des Députés, si elle a porté une main timide sur la pairie, n'eût osé toucher à la magistrature, dont le personnel alarme tous les bons citoyens. Une pareille faiblesse dans la situation des esprits est plus qu'une faute, puisqu'elle enlève à la victoire des citoyens de Paris un de ses résultats les plus nécessaires l'épuration de tous les corps publics qu'une politique honteuse avait gangrenées. Espérons que la sagesse et la prévoyance du Roi porteront remède à l'une des plaies les, plus dangereuses de la société.

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L'hérédité de la pairie, seconde question dont la solution si importante sera discutée, en 1831.

Déjà le gouvernement s'organise: on commence à substituer aux hommes serviles, qui remplissaient toutes les administrations, des hommes connus par la constance et la loyauté de leurs principes. Ils vont seconder l'élan des dé

partemens qui ont prouvé par leur conduite dans ces circonstances qu'ils étaient dignes de l'héroïque population de Paris.

Terminons, en annonçant que l'exroi Charles X et sa famille, après avoir prolongé leur route aussi long-temps qu'ils l'ont pu, se sont embarqués à Cherbourg. Sur tout le chemin qu'ils ont parcouru les populations les ont regardés avec un morne silence; en vain ont-ils essayé de présenter au peuple, sous le nom de Henri V, l'enfant en faveur duquel ils prétendent avoir abdiqué, Le sang qu'ils ont fait répandre a tracé une séparation ineffaçable entre leur famille et les Français. On prétend que le duc d'Angoulême a dit plus d'une fois sur son passage: Ce n'est rien du tout, nous reviendrons! On ajoute que les enfans de l'infortunée duchesse de Berry n'ont cru faire qu'une promenade d'agrément. Cette promenade, au reste, on a eu bien soin de ne point l'étendre jusqu'aux lieux où tant d'incendies ont éclaté. Le

secret de ces incendies est enfin dévoilé, et les Bourbons fugitifs se sont gardés de se montrer à des populations exaspérées.

De tous les ministres de Charles X, aucun ne l'accompagne dans l'exil : aussi lâches qu'ils ont été pervers, ils abandonnent leur maître dans le malheur; mais la justice éternelle a voulu qu'ils n'aient évité les regards de celui qu'ils ont perdu, que pour tomber dans les mains du peuple qu'ils ont trahi. Déjà Polignac, Peyronnet, Chantelauze et Guernon de Ranville sont arrêtés, ils seront appelés à rendre compte et des lois qu'ils ont violées, et du sang qu'ils ont fait répandre.

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Les vieillards et ceux qui étaient jeunes en 93 s'étonnent de ces trois jour nées, qui commencent par la provocation d'un ministre, qui finissent par le triom he d'un peuple. Jamais, disentils, ils n'ont vu pareil combat. Les combats les plus acharnés du peuple, dans la révolution de 89, n'ont jamais duré qu'un jour. Après cela qu'est-ce que 89 lui-même suivi de 95, comparé au 27 et au 29 juillet là, point de proscrits, point de meurtres, point de pouvoir usurpé, point de temples profanés, et, pour célébrer la victoire, des funérailles sans fastes et une croix de bois, vis-à-vis cette colonnade du Louvre dont les Parisiens étaient si fiers, que les Suisses les ont forcés de mutiler, et dont ils seront plus fiers que jamais.

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