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tionnels qui tendent à désapprouver vos décrets, de nombreux journaux qui ne respirent que la guerre civile, sont gratuitement distribués; et cependant rien de ce qui pourrait contrebalancer l'effet de ce poison ne nous arrive. La plupart des lois ne sont point officiellement connues; par exemple, l'honorable décret que vous avez rendu pour un ministre patriote, et que nous espérions consigner dans nos registres, ne nous est pas encore arrivé; il en est de même de votre adresse au peuple, de la lettre énergique du vertueux Roland; enfin, de tous les discours dont vous ordonnez l'impression et l'envoi dans les départemens. Le pouvoir exécutif met une négligence plus coupable encore dans les approvisionnemens de l'armée.

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› Législateurs, reconnaissez enfin les ennemis dont vous êtes environnés ; quant à nous, si nous sommes obligés de faire un choix, le parti de nos représentans sera toujours le nôtre.

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MM. Cambon et Lacroix ajoutent quelque développement aux chefs d'accusation énoncés dans les adresses des administrations de la Meurthe et de la Corrèze, et demandent que M. Terrier (de Montciel) soit décrété d'accusation.

L'assemblée ajourne cette proposition, en ordonnant au comité des décrets de vérifier si les pièces dont la non publication est dénoncée, ont été remises au pouvoir exécutif.

Sur la proposition de M. Jean Debry, au nom de la commission extraordinaire, le décret suivant est rendu :

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« L'assemblée nationale, considérant que les officiers et soldats gardes nationales volontaires, et les gardes nationaux sédentaires des différentes communes sont, comme les officiers et les soldats des troupes de ligne, armés en vertu de la loi, pour la défense de la liberté ; considérant qu'ils doivent en conséquence, dans le cas où ils seraient pris les armes à la main, être traités suivant les règles établies entre les nations policées à l'égard des prisonniers de guerre; et voulant à la fois veiller à la sûreté des citoyens français, maintenir l'égalité des droits entre les hommes, et ne pas s'écarter des lois sacrées de l'humanité, décrète qu'il y a urgence.

L'assemblée nationale, après avoir décrété l'urgence, décrète ce qui suit :

Art. Ier. Tout noble étranger, tout officier, tout général, quelle que soit sa dignité ou son titre, qui sera pris les armes à la main contre la nation française, sera traité de la même manière que l'auront été les citoyens français, les officiers ou soldats des bataillons volontaires, les officiers ou soldats des troupes de ligne pris les armes à la main.

II. On suivra, envers tous les étrangers pris les armes à la main, les règles établies.

III. Dans le cas où les lois ordinaires de la guerre seraient violées par les puissances étrangères, on suivra, à l'égard des soldats des troupes ennemies, les règles ordinaires de la guerre. >]

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La séance fut terminée par un rapport de Carnot le jeune, au nom de la commission extraordinaire et du comité militaire réunis.« Nous ne devons plus avoir, dit le rapporteur, d'autre politique que celle du plus fort. Il faut que, selon J.-J. Rousseau, chaque citoyen devienne soldat par état et non par métier. Il faut que pendant la guerre tout le peuple se lève armé, et qu'à la paix nos troupes de ligne rentrent dans l'ordre civil; une nation libre ne doit point avoir de troupes de ligne, quand il n'y a plus de danger pour la patrie; car, du moment où le danger existe, tous les citoyens sont soldats. Aujourd'hui c'est le peuple qui fait la guerre pour lui; trop long-temps il l'a faite pour les despotes. ›

Carnot conclut à autoriser les municipalités à faire fabriquer, sans délai, aux frais du trésor public, pour armer tous les citoyens en état de porter les armes, des piques sur le modèle donné par le maréchal de Saxe. Leur longueur devait être de huit pieds, et ne pouvait en excéder dix. Les vagabonds, gens sans aveu, et les personnes notoirement connues par leur incivisme, devaient être privés de cette arme. Les municipalités étaient juges de l'application de ces cas d'exception..

Séance du soir. - Décret sur le rapport de Tardiveau, qui casse

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l'arrêté des Bouches-du-Rhône mentionné dans la séance de ce matin. - Ducoz annonce que la société des Amis de la Constitution, de Bordeaux, a nommé vingt-quatre commissaires qui, munis de l'approbation du département, en parcourent le territoire en son nom et au nom des Amis de la Constitution, réveillent l'énergie, font partout des soldats, et donnent à chacun de ceux qu'ils enrégimentent 50 livres de gratification aux dépens de la société. (On applaudit.)-Une députation du bataillon des FillesSaint-Thomas vient se disculper de l'accusation d'avoir été assaillant dans sa dispute avec les Marseillais. (Huées de la part dès tribunes; quelques applaudissemens dans l'assemblée.)

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SÉANCE DU CLUB DES JACOBINS. 1er AOUT.

Robespierre occupe le fauteuil.

N... La patrie est, dit-on, en danger, et de tous côtés, dans cette ville, on ne s'occupe que de plaisirs, de fêtes et de bals. Parmi ces derniers, il en est un qui devrait être plus particulièrement proscrit dans ces jours de surveillance, c'est celui qui a lieu tous les jours, depuis dix heures jusqu'à minuit, au PalaisRoyal; c'est le rassemblement de tout ce qu'il y a d'hommes pervers et de femmes corrompues. Un tel rassemblement ne peut avoir que les suites les plus dangereuses dans les circonstances où nous sommes. ›

M. Loys communique une lettre adressée à la Société populaire de Nîmes, par le comité central des sociétés patriotiques réuni à Châlons-sur-Saône, dans laquelle ce comité fait part des mesures qu'ont arrêtées les municipalités de ce département. Ces mesures sont de désarmer toutes les personnes dont les principes ne sont pas très-prononcés en faveur de la révolution, dans le cas où le roi viendrait à s'éloigner de Paris, où une défaite sur les frontières permettrait à l'ennemi de mettre le pied sur le territoire français, ou bien si une insurrection se manifestait soit à Paris, soit dans Lyon, soit dans toute autre grande ville du royaume; dans l'un des cas ci-dessus, de mettre sur-le-champ

les aristocrates en état d'arrestation, pour servir d'ôtages en cas de besoin.

Que tous les bons citoyens, ajoute Loys, mettent donc la plus grande énergie pour sauver la chose publique; ou le sort du peuple, s'il retombait dans l'esclavage, serait pire mille fois que celui qu'il éprouvait sous l'ancien régime. Que l'assemblée nationale se lève donc, ou que les patriotes déclarent qu'elle ne peut pas sauver la patrie qu'elle a mise en danger, et alors la nation se sauvera elle-même. »

M. Desfieux. Je propose à la société d'ouvrir une souscription pour imprimer cette lettre, et faire connaître à toutes les sociétés les mesures qu'elle contient; il me semble de la dernière importance que les sections de Paris et des départemens en soient instruites pour être à même de les adopter.

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› Parmi celles qu'a ajoutées le préopinant, il a demandé que l'assemblée nationale se lève, ou qu'elle déclare qu'elle ne peut pas sauver la patrie. Mais, cette déclaration, elle n'a pas besoin de la faire, elle est toute faite ; car si elle eut cru pouvoir sauver la patrie, elle ne l'eût pas déclarée en danger. Il n'y a pas lieu non plus d'espérer qu'elle veuille se lever, puisqu'au lieu de s'occuper des moyens par lesquels elle pourrait se lever utilement avec toute la nation, des membres, qui ont quelque influence dans cette assemblée, s'occupent de trouver des moyens d'envoyer les patriotes à Orléans.

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› Oui, messieurs, avant-hier, au club nommé de la Réunion, club formé des députés qu'on ne voit plus ici; deux députés, et, pour ne pas les nommer, ce sont MM. Isnard et Brissot, s'y trouvaient lorsqu'on y vint rendre compte des opinions qu'avaient énoncées, dans cette société, MM. Robespierre et Antoine. On y raconta aussi que j'avais dit que, tout bien compté, il n'y avait dans l'assemblée nationale que quarante-cinq à quarantesix députés sur lesquels on pût compter; alors M. Isnard monta à la tribune et y prit l'engagement sacré de dénoncer MM. Antoine, Robespierre et quelques autres à l'assemblée nationale, et de faire tout ce qui dépendrait de lui pour les envoyer à Or◄

léans. M. Brissot lui a succédé et a renchéri sur ces engagemens et ces menaces. Deux des quarante-cinq députés que j'avais désignés comme des patriotes purs, et dont l'un est M. de Bellegarde, étant indignés d'un pareil projet, leur ont dit la vérité, toute la vérité, ont déchiré leurs cartes d'entrée, et ont déclaré qu'ils ne remettraient plus les pieds dans cette société.

» Si ceux qui étant à Paris ont pu suivre les travaux de l'assemblée nationale, y ont fait quelque attention, il leur aura été facile de remarquer que les meneurs de cette assemblée suivent précisément la même route qu'avaient prise les meneurs de l'assemblée constituante; il ne leur manque qu'un Bailly et un La Fayette pour avoir un 17 juillet au Champ-de-Mars. Uné différence encore qui se trouve entre eux, c'est que ceux-ci ne sont que de petits intrigans en comparaison des autres, qui avaient de sorte que un grand talent en ce genre; la cour, qui s'est bientôt aperçue de la faiblesse de leurs mérites, n'a pas voulu de leur secours et les a chassés. ›

M. Merlin. « Je suis appelé à répondre au préopinant. J'atteste donc que MM. Monteau du Gers et Ruhams m'ont dit que les rôles avaient été distribués pour faire mettre MM. Robespierre et Antoine en état d'accusation; que MM. Brissot et Isnard devaient demander le décret à l'assemblée. Je me félicite, messieurs, n'ayant jamais mis le pied à cette réunion, de n'avoir pas eu besoin de remettre ma carte. Quoi qu'il en soit, je déclare que mon opinion, sur les circonstances actuelles, est celle qui a mérité l'improbation de MM. Brissot et Isnard. »

N... Ce que viennent de vous dire les préopinans est de la plus exacte vérité; mais je vais achever de vous dévoiler les complots de cette réunion.

» Quelques membres du côté gauche, et qui ont la réputation de patriotes, sont entièrement contre la déchéance du roi; ils youdraient des mesures partielles, telles qu'une simple suspension du pouvoir exécutif tant que dureraient les dangers de la patrie; ils voudraient que pendant ce temps-là l'exercice de ce pouvoir fût remis entre les mains de la commission des vingt-et

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