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His ego gratiora ditu effe fcio; fe me vera pro gratis loqui, erfi meum ingenium non moneret neceffitas cogit. Vellem - equidem vobis placere. Quirites : fed multò malo vos falvos effe, qualicumque erga me animo futuri eftis. Tit. Liv. 1. 4. n°. 96.

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LES

TROIS SIECLES ·

DE

LA LITTÉRATURE

FRANÇOISE.

D

4. DACIER, [ Anne ] fille du favant M. le

Fevre, & femme de M. Dacier, née à Saumür en 1651, morte à Paris en 1720, a été la femme la plus favante ou la plus érudite que la France, & peut-être les autres pays aient produite.

Perfonne n'entendoit mieux le Grec & le Latin. Ses Traductions de l'Iliade & de l'Odiffée, des Poéfies d'Anacréon & de Sapho, du Plutus & des Nuées d'Ariftophane, de l'Amphitrion, de Tome II.

A

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l'Epidicus, du Rudens de Plaute, de toutes les Comédies qui nous restent de Térence; ses Commentaires fur plufieurs Auteurs Grecs & Latins, établiroient folidement la réputation d'un docte & excellent Ecrivain; à plus forte raison doiventils immortaliser une femme qui a rendu de fi grands fervices à la Littérature. Sa Traduction de l'Iliade & de l'Odyffée eft la meilleure de toutes celles qu'on a faites, & celle qu'on lit avec le plus de plaifir, pourvu qu'on ne s'attache pas à la trop abondante érudition prodiguée dans les

notes.

L'efprit d'obfervation & la folidité du raisonnement égaloient dans elle les richesses du favoir. Son Ouvrage des caufes de la corruption du goût, fera toujours, malgré les mépris de l'Auteur du Siecle de Louis XIV, un Ouvrage rempli d'analyfes exactes, de vues faines, de réflexions fines & de fages critiques.

On ne doit pas s'étonner qu'avec tant de mérite, Madame Dacier fe foit attiré l'admiration de tous les grands Littérateurs du fiecle dernier. Boileau lui dit, au sujet de sa Traduction d'Anacréon, que perfonne ne devoit entreprendre de traduire ce Poëte après elle, même en Vers. Un Savant d'Allemagne la pria d'infcrire fon nom avec une fentence parmi ceux des Hommes célebres qu'il avoit vus dans fes Voyages, Madame

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Dacier, après avoir long-temps réfifté, se rendit à la priere de l'Etranger, & écrivit fon nom avec un vers de Sophocle, dont le fens eft, le filence eft l'ornement des femmes. Ce choix annonçoit fa modestic. Elle auroit dû s'en reffouvenir plus particuliérement dans la difpute au fujet des Anciens & des Modernes, où elle montra certai— nement trop de vivacité. Par-là elle fe feroit épargné le juste reproche qu'on lui a fait de n'avoir pas été auffi polic que M. de la Mothe, fon adversaire; ce qui fit dire, avec raison, que celui ci écrivoit comme une femme galante pleine d'efprit, & Madame Dacier comme un Pédant de Collége. On doit cependant pardonner quelque chofe à fon zele pour une auffi bonne cause. Les Auteurs qu'elle défendoit avec tant d'intrépidité, exigeoient un pareil, tribut de la jufteffe de fon efprit & de la bonté de fon goût. Il est tant de femmes qui s'enthousiasment si mal-à-propos pour de minces Littérateurs qu'elles veulent mettre à la mode ! ce bizarre enthousiasme les porte à tant d'intrigues, à tant de manéges, à tant de folles déclamations, qui ne trompent, tout au plas, qu'un moment, que celle-ci mérite ane gloire particuliere pour avoir confacré fa plume à la défense des Héros des ficcles paffés, & vraisemblablement des fiecles à venir.

2. DACIER, [ André ] de l'Académie Fran çoife, & de celle des Infcriptions, né à Caftres en *1651, mort en 1722.

Ce n'eft pas du génie & du goût qu'il faut chercher dans fes Ouvrages de la littérature & de l'érudition, voilà ce qui l'affocie aux Savans qui ont rendu service aux. Lettres. Il auroit pu leur être utile, s'il fe fût un peu défié de la démangeaifon de tout expliquer & de tout admirer. Sa Traduction d'Horace n'est guere eftimable que par les Remarques qui l'accompagnent; parmi un grand nombre de curieufes & d'instructives, on › en trouve plufieurs d'inutiles & de diffuses, fruit ordinaire d'un favoir qui ne cherche qu'à s'étaler, On fait qu'il a auffi traduit Théocrite, quelques : Pieces de Sophocle,plufieurs Dialogues de Platon, Hippocrate, Plutarque, Marc-Antonin; Ouvrages dont la plupart ne font recherchés que pour les Commentaires, quoique l'élocution en foit fimple & exacte. Il a encore traduit la Poétique d'Ariftote, Traduction que celle qu'en a donnée depuis M. l'Abbé Batteux n'a point surpassée, & ..qui eft précédée d'un Difcours très-lumineux & très-bien écrit fur la Poéfie & fur les regles en général. Nous avons, outre cela, de M. Dacier, des Obfervations fur Longin, que Boileau jugea dignes d'être inférées dans la Traduction qu'il donna de ce Rhéteur.

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