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Ses talens pour le Barreau l'auroient rendu célebre; mais fa paffion pour une Comédienne * l'engagea dans une autre carriere, où il ne s'eft pas acquis moins de gloire. Son Théatre comique, qui forme huit volumes, annonce dans presque toutes les Pieces un génie égal quelquefois à celui de Moliere, & capable d'en approcher plus conftamment, fi la trop grande facilité de Dancourt ne l'eût fouvent jetté dans la négligence & l'incorrection. Quand il veut tirer parti de fes talens, fon ftyle eft naturel, vif, agréable, plein de force comique, & fon Dialogue plein d'adreffe & de légèreté.

D'une cinquantaine de Pieces qu'il a compofées, on n'en joue plus gucre à Paris que fept ou huit, parmi lefquelles les Bourgeoises à la mode, les Vendanges de Surêne, le Moulin de Javelle, les Curieux de Compiegne, reparoiffent le plus fouvent.

On fait que cet Auteur, qui étoit également Acteur, fut le Harangueur ordinaire de la Troupe, pendant tout le temps qu'il refta fur le Théatre. Louis XIV prenoit plaifir à lui entendre lire fes Ouvrages, & l'honoroit d'une bienveillance particuliere : Madame de Montefpan étoit seule admise à ces lectures. On rapporte que ce Comé

Thérefe le Noir de la Thorillere.

dien s'étant un jour trouvé mal dans l'appartement du Roi, à cause de la chaleur extrême, occafionnée par un grand feu, le Monarque prit luimême la peine d'ouvrir une fenêtre pour lui procurer de l'air.

Dans une autre circonftance, Dancourt étant fur le point de tomber dans un escalier qu'il ne voyoit pas, le même Monarque, à qui il parloit dans ce moment, le retint par le bras, en lui difant: Prenez garde, Dancourt, vous allez tomber; puis fe retournant vers les Seigneurs qui l'environnofent; il faut convenir, leur dit-il, que cet homme parle bien. En effet, les agrémens de sa converfation égaloient les charmes de fon ftyle. Pluffeurs Princes s'emprefferent de le combler de bienfaits. L'Electeur de Baviere lui fit un jour préfent d'un diamant de mille piftoles. Ces Anecdotes font connues, mais elles tiennent au talent de l'Auteur; c'eft pourquoi nous n'avons pas voulu les paffer fous filence.

DANDKÉ-BARDON, [Michel-François ] de l'Académie des Belles-Lettres de Marseille, Affocié des Académics de Toulouse & de Rouen, né à Aix en Provence, en 1700.

Il a furvécu à beaucoup de fes Ouvrages; mais fes Mémoires fur le Coftume des Anciens, méritent de lui furvivre, & on peut prédire qu'ils

fui furvivront en effet. Les recherches pénibles & curieufes qu'ils fuppofent, la maniere nette & précife dont elles font préfentées, éleveront cet Ouvrage bien au deffus des Productions qui ne font que favantes. Il est distribué par Cahiers, & le Public a déjà accueilli, avec distinction, tout ceux qui ont paru. L'âge déjà avancé de cet Auteur ne paroît pas ralentir fon travail, & le mérite de ce travail doit porter à defirer qu'il puiffe le continuer long-temps.

DANET, [ Pierre] Abbé de St. Nicolas de Verdun, mort à Paris en 1709.

Tant que la Langue Latine fera cultivée parmi nous, on fentira l'utilité de fes Dictionnaires François-Latin, & Latin-François. Ils furent tous deux compofés pour l'inftruction de M. le Dauphin, fils de Louis XIV. Ceux qui ont travaillé depuis à des Ouvrages claffiques, en ont fenti toute l'utilité, & en ont fait ufage. Si jamais cette partie de l'éducation eft négligée parmi nous, ce ne fera pas faute de fecours. L'efprit de fyftême qui s'étend fur l'étude des Langues, comme fur toutes les autres Sciences, pourra bien condamner la méthode des Anciens, qui avoit befoin, à la vérité, d'être réformée mais on eft encore à attendre les fuccès folides, annoncés avec em

phase dans les différens Prospectus que l'expérience n'a pas juftifiés.

On a auffi de M. l'Abbé Danet un Dictionnaire des Antiquités Grecques & Romaines, Ouvrage où l'on trouve beaucoup de recherches, qui en ont épargné à ceux qui ont travaillé depuis fur le même objet.

1. DANGÉAU, [ Louis DE COURCILLON DE ] Abbé de Fontaine, de l'Académie Françoise né à Paris en 1643 mort dans la même ville

en 1723.

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Les Lettres qu'il aimoit avec paffion, lui font redevables de plufieurs Méthodes, beaucoup plus nettes & plus faciles que les anciennes pour apprendre l'Hiftoire, la Géographie, les Généalogies, le Blafon, &c. Il a compofé fur ces différentes parties des Traités fort eftimés, mais très-rares, parce qu'il les faifoit imprimer lui-même, & avoit foin qu'on n'en tirât que très-peu d'Exemplaires.

2. DANGEAU, [ Philippe DE COURCILLON, Marquis DE ] frere du précédent, de l'Académie Françoife, & de celle des Sciences, né en 1638, mort à Paris en 1720.

Il doit fa célébrité à des Mémoires manuf

trits, où M. de Voltaire, M. le Préfident Hénault, & M. de la Beaumelle ont puifé bien des anecdotes. Il est très-vraisemblable que M. le Marquis de Dangeau, un des Seigneurs les plus accrédités à la Cour de Louis XIV, ait pu éclaircir beaucoup de faits, donner le nœud de cereaines intrigues, & dévoiler les refforts de la plupart des événemens de fon temps; mais une chofe inconciliable, c'eft de voir l'Auteur du Siecle de Louis XIV, tantôt le citer pour appuyer ce qu'il dit, tantôt rejetter fon témoignage, en attribuant à un Valet de Chambre mbécille les Mémoires qui portent fon nom. Si. M. de Voltaire a toujours cru que ces Mémoires fuffent l'ouvrage d'un Valet de Chambre, pourquoi s'en appuyer dans tant d'occafions ? N'estce pas vouloir créer des êtres & les détruire à fon gré? Et eft-ce avec de pareilles reffources qu'on peut prétendre à la gloire de dire la vérité, & à celle de bien écrire l'Histoire.

DANIEL, [ Gabriel ] Jésuite, Historiographe de France, né à Rouen en 1649, mort à Paris en 1728.

Avant de travailler à l'Hiftoire de France, il avoit compofé plufieurs Ouvrages, entr'autres, une Réponse aux Lettres Provinciales. On croira aifément que cette Réponse ne fut point accueillie

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