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Le roi suit à-la-fois le plan de M. le baron de Breteuil,
celui de M. de Montmorin, celui du parti Lameth, et
en forme un quatrième. -Mission secrète d'Alphonse
de Durfort auprès des princes frères du roi. — M. le
comte d'Artois voit l'empereur à Mantoue, et arrête un
plan avec sa majesté impériale; Alphonse de Durfort
est chargé d'en porter une copie au roi.
Bref du pape
contre la constitution civile du clergé. - Rapport sur la
demande en réunion du Comtat d'Avignon; cette de-
mande est rejetée. L'assemblée s'occupe de l'organisa-
tion du corps législatif qui doit la remplacer. — Lettre
de l'abbé Raynal à l'assemblée. - Demande énergique
de M. de Montmorin. - Le ministère de la marine m'est
proposé. Inquiétudes que donnent les émigrés et la
prince de Condé. Dénonciation contre le cardinal de
Larochefoucault.

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LE cardinal de Retz a dit, avec grande raison, qu'il est des conjonctures dans lesquelles on ne peut plus faire des fautes. Le roi ne se dissimula

T.

que

pas celle qu'il faisoit, en se laissant diriger momentanément par le parti Lameth; mais il ne vit que ce moyen d'éviter le massacre des prêtres, et je doute en effet qu'il en existât un autre. Cette faute, dans laquelle le roi fut entraîné par les circonstances et par des motifs qu'on ne sauroit blâmer, ne, fut malheureusement pas la seule dont il eut à se repentir à cette même époque. Les représentations constantes du marquis de Bouillé contre le voyage de Montmédi, auroient dû faire abandonner ce projet, sur-tout lorsque M. de Montmorin en proposa un autre, qui, sans exposer sa majesté à aucun danger, la conduisoit au même but, par une marche plus convenable, sous tous les rapports. Il sembloit, au moins, qu'après avoir adopté ce dernier plan, le roi auroit dû attendre qu'il eût échoué pour revenir au premier. Il fit cependant le contraire, et on ne peut pas se dissimuler que dans cette occasion, sa majesté écouta, bien moins les conseils de la prudence, que l'empressement, trèsnaturel sans doute, de recouvrer sa liberté, et de soustraire la famille royale à des humiliations et à des dangers auxquels elle n'auroit jamais dû être exposée.

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Il est impossible d'expliquer autrement toutes les fausses démarches auxquelles devoit nécessairement conduire la tentative périlleuse de suivre à-la fois, pour le même objet, plusieurs

plans opposés, dont les principaux agens ne pouvoient ni se concerter, ni s'entendre, et dont les moyens d'exécution, loin de s'étayer réciproquement, ne pouvoient que se nuire. Comment concilier, en effet, le projet d'un départ secret pour Montmédi, avec celui d'attendre, pour partir de Paris, la déclaration de guerre des puissances, les adresses des départemens et le vœu de l'armée, ou avec les mesures proposées par le parti Lameth? Et cependant on vit alors le roi, non-seulement faire marcher de front l'exécution de ces trois plans, mais encore en former un quatrième, dont le baron de Breteuil, ni M. de Montmorin n'eurent aucune connoissance. Je n'avois moimême sur ce fait que de simples conjectures, qu'avoient fait naître quelques mots échappés au roi dans différentes occasions, et je ne me suis jamais permis de faire à cet égard, aucune question à sa majesté. Mais depuis ma sortie de France, j'ai acquis les notions les plus exactes sur cet article intéressant, et je déclare que la vérité des faits que je vais rapporter, m'a été attestée verbalement et par écrit, par , par les quatre personnes qui étoient le plus à portée d'en être parfaitèment instruites, telles que MM. las Cazas, ambassadeur d'Espagne, de Calonne, le comte de Vaudreuil, et le comte Alphonse de Durfort (1).

(1) Le cointe Alphonse de Durfort, qui fut chargé de la

Les vives inquiétudes que l'insurrection du lundi saint, 18 avril 1791, et la fermentation qui en fut la suite, donnèrent au roi et à la reine, leur firent desirer d'informer M. le comte d'Artois de leur véritable situation et de l'état des affaires en France, avec plus d'exactitude et de détail, que la prudence ne permettoit de le faire par lettres. Leurs majestés se déterminèrent à lui adresser une personne de confiance, dont le dévouement et la fidélité fussent connus de son altesse royale. Elles jetèrent les yeux sur le comte Alphonse de Durfort, et chargèrent M. de C. de sonder ses dispositions, relativement à une mission secrète quelconque pour le service du roi, sans lui dire en quoi elle consistoit, et lui faisant entendre que leurs majestés n'exigeoient point qu'il s'en chargeât, et qu'elles ne lui sauroient aucun mauvais gré de la refuser. M. de C. en parla le vendredi saint, 22 avril. La réponse du comte Alphonse de Durfort fut que dès qu'il s'agissoit du service du roi, il n'avoit pas besoin d'en savoir davantage, et qu'il se chargeroit de cette mission, quelle qu'elle fût. Alors M. de C. lui en fit connoître l'objet; il ajouta que dans le cas où il persisteroit à l'accepter, il falloit qu'il allât au jeu de la reine, le lundi de

mission secrète dont je vais rendre compte, en a consignė les détails dans un mémoire qu'il m'a communiqué.

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