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geant qu'à la maintenir, ne vouloient conserver le roi, que pour empêcher le parti républicain de triompher.

Pendant que cette négociation se traitoit entre le parti constitutionnel et le parti royaliste, M. de Bouillé, réfugié à Luxembourg, consterné de l'issue désastreuse du départ de la famille royale pour Montmédi, et frémissant d'horreur de tous les attentats que cette catastrophe pouvoit entraîner, essaya de faire une diversion avantageuse à leurs majestés, et de détourner sur lui seul toute la rage des jacobins et du peuple. Il adressa, pour cet effet, à l'assemblée, cette fameuse lettre, par laquelle il déclaroit qu'il étoit l'auteur et l'instigateur unique du départ du roi (1); qu'il n'étoit parvenu à déterminer sa majesté à s'éloigner de Paris, qu'en lui persuadant que c'étoit le seul parti qui pût sauver la France de la guerre civile et de la guerre étrangère dont elle étoit menacée. Cette lettre, lue le 30 juin à l'assemblée, contenoit la censure la plus juste, mais la plus violente de toute sa conduite, et se terminoit par des menaces trop exagérées, pour alarmer ceux à qui elles s'adressoient. Elles furent tournées en ridicule, et regardées comme de vaines rodomontades; néanmoins il est certain que l'effet général de cette lettre fut de laisser, dans les

(1) Pièces justificatives, no. III.

esprits les plus animés contre le roi, une impression favorable à sa majesté; et c'étoit-là l'objet important que M. de Bouillé avoit eu en vue en faisant cette démarche.

CHAPITRE LXVI.

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Ecrits et placards incendiaires dénoncés à l'assemblée. — Liste ridicule des personnes désignées pour la place de gouverneur du dauphin. - Déclaration des membres du côté droit. Lettre remarquable de l'abbé Sieyes. Conduite révoltante de M. de Lafayette, à l'égard de la famille royale; il est dénoncé à l'assemblée, qui passe à l'ordre du jour : quels étoient, dans cette circonstance, les pouvoirs et le devoir du commandant de la garde nationale. Note amicale du roi d'Espagne, adressée a l'assemblée, relativement à la position de Louis XVI; insolence avec laquelle cette note est accueillie. -Translation des cendres de Voltaire au Panthéon. - Rapport des comités, relativement au départ du roi pour Montmédi. Débats entre le parti républicain et le parti constitutionnel, qui se déclare en faveur du roi : manœuvres des jacobins; le parti constitutionnel l'emporte; décret : rage du club des jacobins; il arrête de ne plus reconnoître le roi attroupement populaire; plusieurs députés sont insultés ; les salles de spectacles sont fermées : dénonciation de ces excès à l'assemblée, qui n'y voit d'autre remède que d'envoyer le rapport des comités. dans tous les départemens.

PENDANT que les comités de l'assemblée, réunis au nombre de sept (1), préparoient leur

(1) Les comités militaire, diplomatique, de constitu

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rapport sur les évènemens du 21 juin, le peuple sans cesse agité, stimulé par une foule d'écrits incendiaires, , par les harangueurs les plus forcenés et par toutes les manoeuvres du parti républicain, se crut autorisé à devancer le jugement de ses représentans sur cette prétendue conspiration. Son vou pour l'abolition de la royauté étoit exprimé par les clameurs de tous les groupes du Palais-Royal, et par des placards sans nombre, affichés jusques sur les portes et dans les corridors de l'assemblée. M. Malouet, appercevant une de ces affiches, en entrant dans la salle, l'arracha et vint la dénoncer. Il demanda que l'assemblée ordonnât dans l'instant, à l'accusateur public, aux corps administratifs et aux tribunaux auxquels la connoissance de pareils crimes étoit attribuée, de poursuivre les auteurs de ce placard. Tous les membres du côté droit se levèrent par un mouvement simultané, pour appuyer cette proposition. L'avocat Martineau demanda que ceux qui avoient signé l'affiche, fussent arrêtés sur-le-champ. Interrompu par des violens murmures dans le côté gauche, et par quelques voix qui demandoient qu'on passât à l'ordre du jour, il continua son discours et témoigna son indignation de voir de tels délits

tion, de révision, de jurisprudence criminelle, ports, et des recherches.

des rap

restés impunis. Pétion (1) représenta que si on s'arrêtoit à de telles dénonciations, on en recevroit tous les jours de pareilles. Chabroud (2),

(1) Pétion étoit un mauvais avocat de Chartres. Il avoit lu quelques pages de Mably et de Rousseau, et il avoit pris la diligence pour venir faire des loix à Paris. C'étoit un hoinine sans moyens, sans talens, n'ayant d'autre mérite que l'exagération de ses principes révolutionnaires. Il n'eut aucune influence dans l'assemblée constituante, qui comptoit beaucoup d'hommes éclairés et de grands orateurs; inais une fois que les gens médiocres se furent emparés de la révolution, il en devint un des coriphées : il voulut, comme tous les ambitieux qui vouloient diriger la révolution à leur profit, mettre des bornes au mouvement de dissolution imprimé au corps politique; mais il se trouva, comme la plupart des factieux, écrasé sous d'immenses débris. Ils étoient tout-puissans, tant qu'ils s'abandondonnèrent à l'impétuosité du torrent; mais ils se brisèrent comme des roseaux, quand ils voulurent en suspendre le cours; et celui qui avoit porté les derniers coups à la monarchie, resta tout-à-coup dans un affreux abandon, et fuyant ces cités qu'il avoit si long-tems troublées. Il fut dévoré par des bétes féroces. (Note de l'éditeur.)

(2) Chabroud étoit aussi un mauvais avocat de Vienne,' qui n'étoit connu avant les troubles que par quelques couplets de société, et qui n'avoit étudié la politique que dans le Chansonnier français. Son rapport sur le 6 octobre ne l'auroit pas sauvé, sous le règne de Robespierre, s'il ne fût pas rentré dans sa première nullité. Il s'est lancé depuis dans ce qu'on appelle les affaires, et la fortune est venu le

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