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Le Babouvisme
après Babeuf

Mégariotis Reprints

Genève

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PRÉFACE

Je me suis proposé, dans les pages qu'on va lire, d'étudier non pas l'œuvre proprement dite de Babeuf, mais l'évolution de ses théories depuis l'époque de sa mort jusqu'au moment où elles sont allées rejoindre dans le domaine de l'histoire bien d'autres théories, pour ne pas dire bien d'autres chimères. Cela explique pourquoi je n'ai pas insisté outre mesure sur Babeuf lui-même, sur sa doctrine ni sur la Conspiration des Égaux, qui ont déjà fait l'objet de nombreuses études. Par contre, j'ai cru utile d'étudier d'une façon aussi complète que me le permettait le cadre trop restreint de ce travail, le mouvement néo-babouvistė dans les journaux, dans les livres et à travers les sociétés secrètes. J'ai non seulement décrit avec le plus de précision possible tous les actes de propagande et toutes les conspirations des continuateurs du tribun, mais j'ai voulu montrer aussi l'action antagoniste de leurs adversaires politiques et de leurs contradicteurs, d'abord parce que cette présentation impartiale des hommes en présence permet de mieux apprécier l'œuvre de

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chacun, et puis parce que la critique des théories égalitaires ne sera jamais mieux faite qu'elle ne l'a été par ceux qui avaient intérêt à la combattre.

Si je me suis attardé parfois aux comptes rendus des procès politiques auxquels furent mêlés les disciples de Babeuf, c'est que les réponses des accusés éclairent souvent d'une lumière imprévue ces physionomies étranges et passionnées. N'oublions pas en effet que les théories babouvistes ne sont pas demeurées dans le domaine de la spéculation pure.

Les pages de certains journaux et de certains libelles ont servi de bourres pour les pistolets d'Alibaud, de Darmès, de Quénisset et peut-être pour la machine infernale de Fieschi. La plupart des babouvistes ont payé de leur vie ou de dures condamnations leur foi en l'utopie communautaire. Quelquesuns s'en sont fait un piédestal pour un avenir politique. D'autres, enfin, n'ont eu de babouviste que le nom, étant simplement des agents provocateurs chargés de pousser en avant et de trahir ceux dont ils feignaient de partager les idées.

Peut-être ai-je donné un peu d'importance à quelques citations. J'ai pensé que c'était le meilleur moyen de ne pas dénaturer la pensée de ceux dont j'étudiais les doctrines. Si j'ai également insisté sur l'œuvre de Cabet bien qu'elle soit déjà très connue et ne fasse point partie, à proprement parler, de la littérature babouviste, c'est que l'auteur de l'Icarie a puisé ses plus originales conceptions dans les ouvrages de Babeuf et de Buonarroti et que son prin

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