être reproché; une grande jactance est le caractère dominant des deux classes; et, ce qui surprendra, cette jactance, soutenue par un courage militaire éprouvé, par une persévérance toujours infatigable dans la mauvaise fortune, s'unit à une inertie presque incroyable. L'Haytien est presque sans ambition dans la vie politique comme dans la vie privée : tout ce peuple vit au jour le jour, sans rien compter que le présent. Le premier effet de la révoluton fut de mettre aux mains de quelques hommes d'immenses domaines, légués par le glaive aux chefs militaires; l'inféodation, consacrée par le régime royal, sous Christophe, maintint quelque temps ces grandes fortunes sans les éparpiller; le système républicain était plus favorable à la division des propriétés aussi, tandis qu'on voit encore dans le Nord de l'île de grands propriétaires terriens, l'Ouest et le Sud comptent à peine des fortunes assez considérables pour que le luxe des équipages ne soit pas une rareté dans cette partie de l'île. : Les Haytiens sont plus propres à la culture qu'au commerce, non qu'ils manquent d'adresse ou d'intelligence; mais ils trouvent dans les travaux agricoles des ressouvenirs de l'activité de la vie militaire ; ils laissent le plus souvent aux femmes le soin du commerce: celles-ci y réussissent très bien. Parmi ceux qui s'adonnent au négoce, on en voit pour qui la passion de posséder dégénère en manie; ces hommes enterrent leur argent, et il est arrivé plus d'une fois de voir de riches marchands mourir sans avoir pu ou voulu indiquer la cachette de leurs trésors. Il faut attribuer à l'état d'inquiétude qui a duré jusqu'à la proclamation du dernier traité avec la France, autant qu'à une insouciance naturelle, l'inactivité commerciale et agricole qui a régné dans Hayti; la crainte toujours nouvelle d'une invasion, l'appréhension de l'incendie toujours menaçant les villes de la côte, à l'approche de la première voile ennemie, ont dû puire à l'esprit de commerce, qui veut de la sécurité, et qui a besoin de se reposer sur l'avenir. Ces mêmes sentiments ont dû entraver les progrès de la culture, dans un pays où les produits bruts de la terre sont à-peu-près la seule matière commerciale. Jusqu'à présent les terres ne se louent guère facilement ce sont les plus actifs d'entre les propriétaires qui les font cultiver, comme les vignobles dans nos provinces du midi, de compte à tiers ou à quart avec les cultivateurs. Le produit net des terres ordinaires, est à présent de 15 à 18 pour cent de leur valeur en capital. A mesure que le nouvel ordre de chose permettra aux spéculateurs d'étendre leurs opérations, et à la culture de pousser les défrichements, les produits diminueront de valeur en raison de la concurrence; les cultivateurs et les propriétaires qui exploitent actuellement y perdront un peu de leur revenu mais la richesse publique s'en aug mentera. APPENDICE Sur les douanes, et les droits fiscaux d'importation et d'exportation à Hayti. D'après la dernière loi des douanes, en date du 8 avril 1825, et promulguée le 20 du même mois, les droits d'importation sont fixés pour tous les ports et hâvres de l'île, à douze pour cent du prix moyen des marchandises importées sur bâtiments étrangers; et à huit pour cent des marchandises importées sur bâtiments nationaux. L'acceptation de l'ordonnance du 17 avril a réduit à six pour cent, pour les bâtiments français, les droits à percevoir sur l'évaluation du tarif; et cette disposition, qui s'étendait seulement d'abord aux ports de la partie française, embrasse, par suite de conventions plus récentes, tous les ports et hâvres de l'île. Les armes de guerre et les munitions de guerre de tout genre; les bêtes de somme ou de trait, le bœuf excepté ; les livres classiques et élémentaires, sont admis, francs de tous droits : Le bois d'acajou, de campêche, de gayac; le bois jaune ou fustic; le café; le coton en laine; le cacao; le sucre brut et terré ou blanc, le rhum, le tafia, le sirop, la mélasse, les armes cachées de tous genres; les livres et objets d'arts contraires aux mœurs; l'eau-de-vie en fûts contenant moins de cent gallons sont prohibés à !'importation. Les droits territoriaux sont fixés par la même loi, Les bêtes de somme et de trait, le bœuf excepté ; les bois de construction navale, les armes de guerre; le vieux fer et le vieux cuivre; les monnaies d'or et d'argent sont probibées à l'exportation. L'indigo, qui n'acquitte aucun droit territorial, est taxé à dix gourdes, ou cinquante francs argent, de l'île, d'exportation. pour droit Les droits de pesage, à l'importation et à l'exportation, s de cinquante centimes par millier pesant. sont Les frais de bureau à l'exportation, sont pour tous bâtiments de 200 tonneaux et au-dessus, de douze gourdes et pour les navires d'un moindre tonnage, de huit gourdes. LIVRE PREMIER. 1492.-1533. Révolte de Roldan Ximenès, et du cacique Mayobanex. Bovadillo nommé gouverneur. Rappel de Colomb. pour remplacer les Indiens dans le travail des mines. Première introduction des Africains dans la colonie. Réglement du conseil des Indes pour l'exploitation des mines. 45 Premier établissement des flibustiers à la Tortue. Mœurs des boucaniers et des flibustiers. PAGE 58 60 67 68 69 ibid. Ils se constituent en gouvernement sous l'anglais Willis. Siége de San-Domingo par les Anglais. Bertrand Dogeron nommé gouverneur de la Tortue pour la État des possessions espagnoles à cette époque. Guerres entre les Espagnols et les Français. Progrès des établissements français. Dogeron fait venir des femmes dans la colonie. Prise de San-Yago par les Français. Révolte des colons français contre le monopole des compa- gnies. 80 Pouancey succède à Dogeron. Révolte des Nègres sous le commandement de Padrejean. Établissement d'une administration judiciaire dans la co- La ville de San-Yago est pillée de nouveau par les Français. 87 88 Les colons de Saint-Christophe viennent chercher un refuge Descente des Anglais et des Espagnols dans la partie française Cession faite par l'Espagne à la France, de la partie de l'ouest de Saint-Dominguc. Compagnie de Saint-Louis. Auger succède à Ducasse. 100 888 |