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Saint-Nicolas, sur un cap, au bord d'une vaste plaine de 20 lieues de long sur 4 de large. Son port est un des plus sûrs et des plus commodes de toute l'île. Avant la révolution, c'était la ville la plus considérable de la partie française, elle contenait de 8 à 900 maisons de pierre ou de briques; 8,000 habitants libres, et 12,000 esclaves. La plaine sur laquelle la ville est située, est bien arrosée et bien cultivée.

Le Port-au-Prince est au fond de la grande baie qui se trouve au côté occidental de l'île. Son port est excellent, mais sa situation est basse et marécageuse, et son climat mal sain. Au nord-est de la ville est la superbe plaine du Cul-de-sac, de 30 à 40 mille de long sur 9 de large, et contient de nombreuses plantations de sucre. En 1790 la population consistait en 2,754 blancs, et 12,000 nègres. En 1770 une grande partie de la ville fut détruite par un tremblement de terre, et en 1791 elle fut brûlée.

Santo-Domingo, la capitale de la partie espagnole de l'île, sur la rive occidentale de la rivière Ozama, était autrefois florissante, mais se trouve maintenant dans un état de décadence. La cathédrale est un morceau noble et gothique dans laquelle les cendres de Colomb restèrent jusqu'à la paix de Bâle, époque où elle furent transportées, à la Havane. Le port est vaste, mais peu sûr. La population est d'environ 12,000 ames.

Le Môle est un port dans la partie nord-ouest de l'île, à six milles à l'est du cap Saint-Nicolas, quoique inférieur sous beaucoup de rapports au Cap Henry et au Port-au- Prince. Ce port, le plus sûr de l'île en temps de guerre, est fortifié doublement par la nature et par l'art. L'eau y est très pure et la situation très salubre.

Léogane, à 30 milles sud-ouest du Port-au-Prince, dans une magnifique vallée, à une demi – licue de la mer, était autrefois une place de commerce considérable. Saint- Marc, au fond de la petite baie du même nom, est une ville agréable, à 40 milles nord-ouest du Port-au-Prince. Mont-Christ, sur la côte septen

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trionale, près le cap du même nom, dans la partie espagnole de l'île, servait autrefois de refuge aux contrebandiers.

PRODUCTIONS.

le

Le sucre, le café, l'indigo, cacao le coton, les bois précieux pour la teinture et l'ébénisterie, sont les principales productions du sol d'Hayti.

La culture du sucre fut introduite dans cette île en 1506, par Pierre d'Atença, qui apporta des Canaries les premières cannes qui aient été vues dans les Antilles. On peut juger de l'accroissement immense qui fut donné avec le temps à cette plantation, , par le tableau suivant des exportations de cette

denrée.

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En 1791, on estimait à 33,730,000 livres, le capital en terre, bâtiments, ustensiles et nègres employés à la production et à la manutention du sucre blanc; à 21,380,000, les mêmes valeurs employées pour le sucre brut.

La culture du sucre a considérablement diminué depuis vingt ans 9 aux dépens de celle du coton, et surtout du café.

Lerhum, qui se fabrique des résidus de la canne à sucre, doit être compté comme un des produits de cette culture : en 1767 on en exporta pour 700,000 livres; en 1774, pour 720,000; en 1776, pour une somme égale; en 1789, pour 3,800,000 livres. Les sirops entrent aussi en ligne de compte pour 1,500,000 liv., en 1767; 1,914,000 liv., en 1774; 1,848,040 liv., en 1776; 3,542,220 liv., en 1791; 99,419 liv., en 1801.

Le café, originaire de l'Arabie, et transporté vers 1690, par les Hollandais, dans l'île de Java, ne fut cultivé sous le ciel des Antilles qu'après 1720. L'enseigne de vaisseau Declieux, qui parvint depuis à un haut grade dans la marine française, transporta à la Martinique, en cette année 1720, un pied de café qu'il s'était procuré au Jardin-du-Roi, et qui multiplia assez rapidement pour que bientôt toutes les îles de l'Archipel tirassent d'immenses produits de la culture de cet arbuste. Voici quelques données sur les exportations du café de la partie française de Saint-Domingue, à différentes époques.

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En 1791, on estimait à 46,000,000 de livres le capital employé à la culture du café.

L'indigo commença à être cultivé à Saint-Domingue au dixseptième siècle. En 1694, le gouverneur Ducasse affirmait au roi de France que les produits de cette culture suffiraient pour approvisionner d'indigo, non-seulement tout le royaume, encore les peuples voisins.

mais

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En 1776 on estimait à 63,000,000 de livres le capital employé en indigoteries.

Le coton indigène d'Amérique, et trouvé aux îles Lucayes, figurait parmi les choses précieuses qui ornaient le triomphe de Christophe-Colomb, au retour de son premier voyage.

En 1684, les habitants de Saint-Domingue renoncèrent à la culture du cotonnier, à cause du soin et du temps qu'exigeait

la filature du coton; tous les plants de ce genre furent arrachés. Plus tard on recommença à cultiver cet arbuste: on en

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En 1791, on estimait à 21,150,000 livres le capital employé à la culture du cotonnier.

Le cacao est indigène de l'île de los Guanajos, voisine du cap Honduras, et découverte en 1504 par Colomb. Les premiers cacaotiers furent plantés à Saint-Domingue

en 1665, par Dogeron: dix ans après ils périrent tous; on en replanta quelques-uns en 1737, on exporta de Saint-Domingue

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Les bois de prix abondent à Saint-Domingue, et de longtemps encore les besoins de la culture ne rétréciront pas les limites des vastes forêts de cette île. L'acajou, dit à planches, l'acoma, l'amandier, le bambou, le campèche, le chêne des Antilles, le bois cochon ou sucrier des montagnes, le bois de fer, deux espèces de figuiers maudits, le gayac, le bois immortel, le bois de lance, le mancenillier, le mapou ou arbre fromager, le bois marbré ou de féroles, cinq espèces de palmiste, le bois de soie ou ramier, le bois siffleux, le tavernon sont les principaux qu'il faille citer. La plus grande partie de ces bois est employée dans le pays. Les exportations se montaient

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En cette année 1801, la gomme de gayae a donné un produit

de 75,519 francs.

Il faut encore compter comme produits du sol d'Hayti les nombreux troupeaux de toutes sortes, qui paissent dans les savanes on en portait le nombre,

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En 1780, la partie espagnole de l'île d'Hayti nourrissait deux cent mille bêtes à cornes; on n'en trouva pas cent mille lors de l'occupation française en 1800.

On exporta de la partie française,

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Dans l'année 1791, on estimait à 820,000 liv. le capital employé en trois tanneries, dont deux étaient au Cap, et une autre dans la petite anse.

La partie française de Saint-Domingue possédait, en 1789, 793 sucreries, 789 cotonneries, 3,117 cafeteries, 182 guildiveries ou usines pour l'extraction du rhum, 26 briqueteries, 8 tanneries, 370 fours à chaux, 29 poteries, 54 cacaotières, 520 moulins à eau, 1639 moulins à manège. La culture occupait alors 774,779 carreaux de terres, de cent pas de trois pieds et demi, ou 350 pieds en tout sens, ou 666 lieues carrées de 2,000 toises à la lieue, sur 1455 lieues carrées de superficie; c'est-à-dire que les grands chemins, les villes, les bourgs, les bois, les rivières et les lieux incultes entraient pour un peu plus de moitié dans ce calcul comparatif. La culture et la manutention sont plus divisées aujourd'hui qu'elles ne l'étaient à cette époque, mais l'une et l'autre ont considérablement diminué. Il n'est pas encore entré bien profondément dans

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