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28. Les ministres seront membres du conseil et auront voix délibérative.

29. Les ministres correspondront directement avec le Roi et recevront ses ordres.

ACTE XII.

Des Serments.

30. Le roi, à son accession au trône, ou à sa majorité, fera serment, sur les Évangiles, en la présence des grandes autorités du royaume.

31. Le régent, avant d'entrer dans l'exercice de ses fonctions, jurera avec les mêmes solennités.

32. Le clergé principal, les grands-officiers, les ministres et le secrétaire-d'État prêteront aussi ser

ment de fidélité dans les mains du Roi.

ACTE VIII.

De la Promulgation.

33. La promulgation de tous les actes du royaume commencera par la formule suivante:

«N. par la grâce de Dieu et la loi constitutionnelle de l'État, roi d'Hayti, à tous présents et à venir, salut. >>

Et tous les actes publics finiront ainsi :

« Mandons et ordonnons que les présentes, scellées de notre sceau, soient adressées à toutes cours, tribunaux et autorités administratives, pour être transcrites sur leurs registres, pour être observées

et faites observer par tout le royaume ; et le ministre de la justice est chargé de leur promulgation. »

34. Les arrêts exécutoires, dans les jugements des cours de justices et des tribunaux, seront ainsi

conçus:

«. N. par la grâce de Dieu et de la loi constitutionnelle de l'État, roi d'Hayti, à tous présents et à venir, salut. »

Suivra la copie du jugement ou du décret :

« Mandons et ordonnons à tous huissiers et autres officiers, qui en seront requis, de mettre ledit jugement à exécution, et à nos procureurs dans les tribunaux d'y tenir la main; aux commandants et officiers de la force publique d'y prêter main-forte quand ils en seront légalement réquis. En foi de quoi le présent jugement a été signé par le président de la cour et par le greffier.

Fait par le conseil-d'état d'Hayti, au Cap-Henry, le 28 mars 1811, l'an 8 de l'indépendance.

Signés PAUL ROMAIN l'aîné, André Vernet, TOUSSAINT BRAVE, JEAN-PHILIPPE DAUX, MARTIAL-BESSE; JEAN-PIERRE RICHARD, JEAN FLEURY, JEAN-BAPTISTE JUGE; ÉTIENNE MAGNY, secrétaire.

Cependant la guerre entre Christophe et Pétion se poursuivait toujours sans chances décisives de succès pour l'un ou l'autre des concurrents; mais non sans affaiblir les deux partis, et laisser espérer ainsi une proie facile à l'ennemi commun. Il était

tard quand les deux rivaux s'aperçurent et du peu de succès de leurs tentatives réciproques d'envahissement, et du risque qu'il y aurait pour leur sûreté commune, à les continuer plus long-temps, Ils suspendirent enfin les hostilités, comme par un consentement mutuel; et, renfermés dans les limites. que le sort des armes avait assignées à chacun d'eux, au moment de cette trève tacite, ils ne s'occupèrent plus que du gouvernement intérieur de leurs États. Le royaume de Christophe était séparé de l'état républicain gouverné par Pétion, vers le milieu à peu près de la partie ouest de l'île, par l'Arcahaye, la chaîne du Mont-Terrible, le grand Boucan, les mornes du Pensez-y-bien, et le Mirebalais. Le cours de l'Artibonite en formait la limite dans la partie qui avoisine le plus les possessions ci-devant espapagnoles. Cette frontière formait une ligne d'environ dix lieues de large entre les deux états, et tout le territoire qu'elle embrassait, laissé inculte comme à dessein, était devenu une forêt presque impénétrable, et un rempart naturel qu'il devenait chaque jour plus difficile de franchir les armes à la main.

Pétion et les principaux chefs de couleur n'avaient pas été étrangers à la mort de Dessalines. Le 21 octobre 1806, trois jours après que ce chef eut péri dans l'embuscade qu'ils lui avaient tendue au Pont-Rouge, dans la province de l'Ouest, ils avaient publié une proclamation, dans laquelle

ils appelaient Christophe à lui succéder provisoirement. Ce général haïssait, comme Dessalines, les hommes de couleur; on l'accusait même d'avoir pris part à la mort du mulâtre Clervaux et de quelques chefs de sa caste, qui avaient péri subitement dans les derniers jours du règne de JeanJacques Ir. Il prit des mesures pour les tenir éloignés les uns des autres; mais ces mesures ne réussirent qu'à demi, et quand l'Assemblée constituante se fut réunie au Port-au-Prince pour nommer définitivement le chef de l'État, elle proclama, le 27 décembre 1806, Pétion président de la république haïtienne, et décréta en même temps sa constitution.

La bataille qui s'engagea le premier jour de l'année suivante dans les champs de Cibert, entre les deux rivaux, avait forcé, comme nous l'avons dit, le président Pétion de se renfermer dans le Portaux-Crimes; car c'est ainsi que les partisans de Christophe appelaient le Port-au-Prince. Plus tard, vers la fin de 1807, la révolte du' nègre Jean-Baptiste Perrier, dit Gauman ou Goman, avait entraîné le quartier de Jérémie et une partie du Sud dans le parti de Christophe.

En 1810, le général Rigaud s'évada de France, où il était retenu depuis 1803, passa aux ÉtatsUnis, et enfin vint aborder aux Cayes, le 7 avril, au milieu de la nuit. On accusa dans ce temps le gouvernement français d'avoir favorisé l'évasion de ce chef, l'idole de la population du Sud de Saint

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et

Domingue, et d'avoir compté sur les divisions que son arrivée ferait naître dans l'île. Pétion accueillit d'abord avec enthousiasme son ancien général, le nomma commandant de la province du Sud; mais bientôt il fut jaloux des témoignages d'affection que Rigaud recueillait dans son commandement. Une rupture entre les deux chefs s'ensuivit, et pendant quelques semaines, la partie française de Saint-Domingue fut divisée en trois gouvernements bien distincts: celui du Nord et de la partie septentrionale de l'Ouest, sous Christophe; celui de la partie méridionale de l'Ouest, sous Pétion; et enfin celui du Sud sous le général Rigaud.

Heureusement la scission entre les deux chefs mulâtres fut de courte durée; Christophe, qui en avait bientôt reçu la nouvelle, avait voulu marcher sur le Port-au-Prince. Un pacte fédératif, signé à Miragoane, réunit les deux chefs de couleur contre le président noir, qui apprit assez tôt cette réunion pour se retirer avant d'avoir rien entrepris.

Mais quand le danger fut passé, la haine des deux mulâtres se réveilla de nouveau. En 1811, tandis que Christophe, tout occupé d'affermir son autorité dans la partie soumise à son commandement, plaçait la couronne sur sa tête, Pétion et Goman, enfin réunis, révoltaient la garnison des Cayes contre Rigaud. Ce chef, heureusement secouru par son lieutenant Borgella, qui accourut d'Acquin pour mettre en fuite les rebelles, ne

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