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receveur des droits ecclésiastiques de la couronne d'Aragon, et par le cardinal de Mendoza, chef du conseil de la reine Isabelle, Colomb vit son projet agréé par le conseil royal de Ferdinand I, et, le 30 avril 1492, on lui expédia le diplôme suivant. Quoique daté du jour où il fut remis au navigateur, ce brevet ne pouvait avoir d'effet, par rapport à ses dispositions, qu'après la découverte d'un nouveau monde qu'il suppose déjà faite; et, sous ce rapport, c'est une pièce curieuse.

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« Ferdinand et Isabelle, par la grâce de Dieu, roi « et reine de Castille, de Léon, d'Aragon, etc., etc. Puisque vous Christophe Colomb, allez, par «< notre commandement, avec nos vaisseaux et nos sujets, à la conquête des îles de l'Océan que « vous avez découvertes, et comme nous espérons

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qu'avec l'aide de Dieu, vous en découvrirez d'autres, il est juste que nous vous récompen«<sions des services que vous rendez à notre État; << nous voulons donc que vous, Christophe Colomb, « soyez amiral et vice-roi des îles et de la terre << ferme que vous avez découvertes, et de toutes (c celles que vous découvrirez ;

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« Que vous vous appeliez Dom Christophe Co

lomb; que vos enfants, après vous, succèdent à << toutes vos charges; que vous les puissiez exercer « par vous, ou par ceux que vous choisirez pour « être vos lieutenants; que vous jugiez toutes les « affaires civiles et criminelles, dont la connais

«<sance appartient et a appartenu à nos vice-rois et à « nos amiraux, et que vous ayez les droits et préémi<< nences des charges que nous vous donnons.

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« Et, par ces présentes, nous commandons à « notre très chèr fils le prince Dom Juan, aux infants, ducs, prélats, marquis, grands-maîtres, prieurs, et commandeurs de nos ordres militai<< res; à tous ceux de notre conseil et juges, en quel<< que justice que ce soit, cour et chancellerie de << notre royaume; aux châtelains, gouverneurs des «< citadelles, des places fortes; à toutes les commu« nautés, juges, officiers de la marine; aux vingtquatre chevaliers jurés, écuyers, à toutes les « villes et places de notre Etat; et à tous les peu ples que vous découvrirez et subjuguerez, de «< vous reconnaître, comme nous vous reconnais« sons, pour notre amiral et vice-roi, vous, et vos «< enfants en ligne directe, et pour toujours.

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«< Ordonnons à tous les officiersque vous établirez, << en quelque charge que ce soit, de vous faire con« server vos priviléges, immunités, honneurs, et « de vous faire payer les droits et les émoluments qui sont dus à votre charge, sans permettre que «<< personne y mette aucun obstacle; car telle est << notre volonté.

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« Nous commandons à notre chancelier et autres «< officiers de notre sceau, de vous expédier, au plus tôt, nos lettres, et de les faire aussi amples «<et aussi avantageuses que vous le souhaiterez, à

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peine de notre disgrâce, et de trente ducats d'a<< mende contre chacun des contrevenants. Donné

<< en notre ville de Grenade, le 30 avril 1492: Signé moi, le Roi; moi, la Reine. »

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Moi, Jean de Caloma, sécrétaire du Roi et de « la Reine, ai fait expédier les présentes lettres par leur commandement. »

Muni de cette pièce, et des pouvoirs les plus étendus, Colomb se rendit à Palos, en Andalousie, et s'embarqua pour ce monde nouveau qu'il avait deviné trois caravelles, portant à peine cent vingt hommes, matelots ou volontaires, et des vivres pour un année, composaient tout son arme

ment.

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Il mit à la voile, le vendredi 3 août de cette année 1492, une demi-heure avant le lever du soleil. Le huitième jour après son départ, il avait touché la grande Canarie: quelques réparations l'y arrêtèrent près d'un mois; enfin sa petite flotte se remit en mer, et elle n'avait pas vogué plus de trois semaines, quand une révolte des équipages (1o octobre), déjà découragés, après si peu de travaux, faillit priver Colomb du fruit de son audacieuse entreprise, au moment où le succès allait la couronner. La vie du navigateur fut même menacée, et il obtint à peine un délai de trois jours pour montrer la terre promise, à ses compagnons irrités, ou satisfaire à leur ressentiment.

Dès le second jour, la nature du sable et de la

vase, rapportés par la sonde, et d'autres indices vinrent rassurer Colomb, et, vers la fin de la nuit. suivante, à deux heures du matin, il fit voir très distinctement aux officiers de son bord la terre que bientôt les trois bâtiments purent saluer, à une distance de deux lieues au plus.

La côte que les Espagnols avaient devant les yeux, était une des Lucayes situées au nord et à l'ouest des grandes Antilles, et qui se terminent au canal de Bahama. Les sauvages, accourus à la vue des trois caravelles, parurent frappés du plus profond étonnement, en voyant des hommes nouveaux, inconnus, et dont l'air, la couleur, l'habillement et les armes paraissaient si différents des leurs. Naturellement doux, et gagnés d'ailleurs par le don de quelques bagatelles, ils firent aux Espagnols l'accueil le plus hospitalier, remplirent leurs vaisseaux de coton et de perroquets; et montrant le sud, ils leur firent entendre qu'on trouverait en abondance de ce côté, l'or dont ils portaient des plaques aux narines, et qui semblait surtout tenter leurs nouveaux hôtes.

Colomb avait abordé aux îles Lucayes, le 4 octobré 1492, il poursuivit bientôt ses reconnaissances et il se trouva le 5 décembre, à la pointe septentrionale d'Hayti, où il prit terre, le lendemain, à l'abri d'un cap, qui formait un hâvre. En l'honneur du saint dont l'église honore la mémoire en ce jour, Colomb donna à ce lieu le nom

de Saint-Nicolas, que ìe cap et le servé jusqu'aujourd'hui,

port ont con

Des Castillans, envoyés à la découverte dans l'intérieur du nouveau continent, firent à leur chef un rapport enchanteur sur le pays qu'ils avaient parcouru et le comparèrent à leur patrie. Colomb, de son côté, avait entendu le chant d'un oiseau, dont les modulations lui rappelèrent les rossignols d'Europe, et quelques matelots avaient pêché sur la côte des poissons assez semblables à ceux que l'on trouve sur le littoral de l'Espagne; on nomma la nouvelle terre, l'île Espagnole, Hispaniola ou Espagnola.

A la vue des vaisseaux et des guerriers européens, les naturels du pays prirent d'abord la fuite; mais rassurés par les sauvages des Lucayes, qui avaient suivi l'amiral, et que celui-ci envoya vers eux, ils se familiarisèrent bientôt avec la vue de leurs nouveaux hôtes. Colomb remarqua qu'ils étaient un peu plus blancs que les autres insulaires, plus petits, aussi difformes de figure, moins robustes, plus polis, plus doux, et plus traitables. Mais c'était surtout de l'or qu'il cherchait ; les rapports qu'il se fit faire lui annonçaient qu'il en trouverait du côté de l'est, à la montagne de Cibao: c'est là que se dirigèrent ses vaisseaux. Pendant la route, il aperçut un port qu'il voulut visiter, et qu'il nomma Valparayso, à présent le Port de Paix. Le 21, il découvrit un autre hâvre qui fut nommé Saint-Tho

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