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■ si la Hollande s'y est opposée jusqu'à ce jour, cela n'a pas plus dépendu du comité diplomatique que des plénipotentiaires des

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cinq grandes puissances qui, du reste, sauront bien l'y forcer. »

« Je ne puis laisser sans réponse une assertion hasardée par l'honorable préopinant, reprit alors M. de Robanlx. Si je ne e trompe, je lui ai entendu dire que si la Hollande persiste à ne pas rendre tibre la navigation de l'Escant, les puissances sauront bien l'y contraindre; ce n'est pas ce que nous entendons, car ce serait de leur part une véritable intervention dans nos affaires, et le principe de non-intervention tant de fois invoqué se trouverait violė; mais, messienrs, avons-nous jamais entendu, lorsqu'on nous a parlé de nego ciations, que les puissances interviendraient à main armée? Non... cela est si vrai que les diplomates ont dit constamment qu'il ne s'agissait que de cominu. nications amiables, et cela ne peut pas être autrement. Eh quoi! si aujourd'hui il ne nous convenait pas de ratifier les négociations de notre comité diplomatique, le congrès pourrait-il être lié parce qu'il aurait promis, et les puissances seraient-elles en droit de nous forcer à l'exécation? Non, messieurs, et je proteste contre une semblable assertion et contre toutes ses conséquences.

Je repousse l'intervention étrangère. Qu'on nous laisse le soin de sanctionner par la force des traités conclus; et si la Hollande refuse d'y souscrire, Dous aurons la guerre ponr lui répondre. Mais cette guerie, c'est la Belgique qui la fera sans le secours de l'intervention étrangère. Je demande le renvoi de ma proposition au gouvernement. »

La proposition accueillie par une forte majorité était de nature à demander une prompte réponse; le gouvernement, ou plutôt le comité des relations extérieures, se hâta de la faire, le lendemain 31 décembre, dans la séance du soir, par message dans lequel il rappelait les interpellations, et y répondait dans l'ordre qu'elles avaient été faites.

Je pense, disait M. de Celles, au nom du comité, que les indications donuées ci-dessous satisteront au væn manifesté par le congrès national et qu'elles pourront en conséquence lui être communiquées,

1o Les relations diplomatiques avec les envoyés des cinq grandes puissances ont eu pour base le protocole du 4 novembre, et ont été suivies dans le but d'arriver à la conclusion d'un armis ice dout la libre navigation de l'Escant est pour nons une condition sine quá non.

• L'état de ces relations est tel, que d'après l'annonce officielle qu'a faite à Paris M. le comte Sébastiani, et que vient de confirmer M. le président du Conseil des ministres de France à la tribune de la Chambre des députés, les ciny puissances ont reconnu en principe l'indépendance de la Belgique.

• 2o Le choix du futur chef de l'État n'est entré pour rien dans les négociations.

• 3o Les positions que l'on a fait prendre saccessivement aux différens corps de l'armee sont combinées de manière à reprendre les hostilités avec avantage, si la Hollande persévère à ne pas exécuter pleinement les conditions de la supension d'armes.

« Il n'a pas encore été donné d'ordre, ni fixé de délai pour la reprise des hostilités.

4° On s'occupe à réunir tous les matériaux indispensables à l'ouverture des négociations pour un traité de commerce avec la France. Des commissions y travaillent dans chaque province et leurs rapports vont être l'objet de délibérations approfondies. »

La réponse écrite était plus explicite que les discours précédens. Elle ne parut pourtant pas répondre à tous les vœux, mais il était trop tard pour quelle excitât de longs débats, et M. le président leva la séance en souhaitant au congrès la bonne année.

Ce n'était pas, en considérant le côté sérieux des choses, une vaine formule de complimens ou des voeux d'étiquette; jamais peutêtre peuple ou gouvernement ne s'était trouvé dans une situation plus équivoque et plus critique. Engagée dans une révolution dont on ne prévoyait pas le dénoûment, la Belgique n'avait ni la paix, ni la guerre; elle n'était ni sujette, ni indépendante; ni république, ni monarchie. On ne savait où, ni à qui offrir sa couronne. L'insurrection marquée dans son origine par des excès de tout genre avait ruiné l'industrie; les ouvriers avaient laissé leurs outils pour des armes qu'il n'était pas prudent de leur faire quitter. Ces bandes de volontaires, indisciplinées et mal organisées, étaient campées vis-à-vis de l'armée hollandaise qui grossissait et se disciplinait de jour en jour, sur une ligne mal tracée que les deux partis menaçaient de franchir à chaque instant. En même temps que le gouvernement provisoire faisait tous ses efforts pour soulager la misère du peuple, calmer les passions et réprimer les brigandages qui se renouvelaient à toute occasion dans les provinces, il cherchait à compromettre la France dans sa querelle, par l'espérance d'une réunion ou d'une étroite alliance, et à se ménager l'appui de la conférence de Londres par la terreur d'une conflagration générale. Il venait d'en sortir un nouveau protocole ( du 20 décembre) dont la rédaction vague pouvait inspirer de vives inquiétudes sur les arrangemens que les plénipotentiaires croyaient les plus propres à combiner l'indépendance future de la Belgique, avec les stipulations des traités antérieurs, avec les intérêts et la sécurité des autres puissances et la conservation de l'équilibre européen. Une seule

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chose était explicitement déclarée dans le protocole, c'est que «ces arrangemens ne pouvaient affecter en rien les droits que les Pays-Bas et la Confédération germanique exercent sur le grand « duché de Luxembourg. » On a dit que la rédaction de ce protocole avait été modifiée ou changée; il n'arriva, par voie officielle, qu'onze jours après sa date, au gouvernement provisoire, et ne fut communiqué au congrès que le 3 janvier. Il est important à méditer par les difficultés politiques qu'il fait prévoir, et comme le prototype de ces actes ambigus qui ont tenu si long-temps la Belgique, la Hollande et toute l'Europe dans la terreur d'une guerre imminente...

De son côté, le roi Guillaume éprouvait un violent dépit de la séparation de la Belgique, menacé qu'il était de la perte de ses plus riches provinces, du poids de sa dette hollandaise. Mais il lui restait de riches colonies. Celle de Java venait d'être délivrée du redoutable Diepo Negoro, le plus actif des chefs de la révolte. Il lui restait une bonne marine, une armée recrutée de bons soldats, une population riche et dévouée et des alliés affectionnés à sa cause : c'était de quoi soutenir et justifier l'opiniâtreté de sa lutte.

CHAPITRE III.

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Diete

Diète germanique. — AUTRICHE. Effet de la révolu tion de France. hongroise. Couronuement du prince impérial comme roi de Hongrie. — Levée extraordinaire. Redressement des griefs. — Clôture de la diete. Préparatifs militaires-Mesures prises contre la Pologne.-PRUSSE. - Fsprit public et mouvement dans les provinces thénanes. - Émeute à Berlin. — BAVIÈRE-Actes du gouvernement. Mutinerie d'an régiment appuyé par le penple.—Élections pour la diète. Suspension des cours de l'université de Munich. WURTEMBERG. - Session des États. — Situation du pays,— GRAND-DUCHÉ DE BADE.-Mort dn grand duc Louis. Avénement de Leopold, margrave de Hochberg.-Prétentions de la Bavière sur le Palatinat. Duché de BRUNSWICK.--Résistance du duc aux décrets de la diète germanique.—Soulèvement de ses sujets.—Incendie de son palais. —Il est expulsé de ses États et remplacé par son frère.-SAXE-ROYAL.E.- Représentation des États sur les abus.-Mécontentement et soulèvement du peuple.—Adjouction du prince Frédéric au gouvernement du roi. Changemens faits ou projetés dans l'État.-HESSE.-Mort du grand duc Louis X. — Insurrection Constitution Louvelle. Diète GermaniQUE,—

dans la Hesse électorale.
Résolutions relatives aux insurrections,

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On n'aurait rien à dire cette année de la diète germanique, si le mouvement révolutionnaire qui venait de bouleverser la Belgique, et qui se fit sentir dans presque tous les États secondaires de la confédération, n'eût tiré la diète du calme ou du repos dans lequel elle languissait. Mais avant de faire connaître les mesures qu'elle comptait opposer à ce mouvement, il faudra dire les événemens qui les ont déterminées.

AUTRICHE.

L'Autriche, que l'unité de son gouvernement, le caractère paternel de ses princes, l'équité générale de son administration et le calme apathique de ses habitans rendent presque inaccessible à la fermentation des idées politiques, ne fut que faiblement agitée des

événemens de France et de Belgique; le crédit autrichien n'en éprouva que peu d'altération. Le gouvernement reçut avec sa réserve habituelle dans des affaires délicates, la notification de l'avénement de Louis-Philippe et la mission secrète dont le baron de Kentzinger était chargé de la part de Charles X. Mais on put juger, à la fréquence des courriers qu'il dépêchait à ses alliés, surtout aux cours de Turin et de Naples, au rappel des semestriers, aux levées de nouvelles troupes, à l'envoi de quatre-vingt mille hommes en Italie, qu'il voyait d'un œil inquiet la révolution de juillet et les dispositions des peuples de la Péninsule.

Une autre partie du domaine impérial, plus accessible au mouvement révolutionnaire que l'Autriche, occupait alors le gouverment: la Hongrie, dont la diète convoquée pour le 14 septembre avait laissé de sa dernière session quelques souvenirs inquiétans pour le pouvoir, mais ils s'évanouirent devant des intérêts et des affaires plus graves.

14 septembre. L'empereur, qui fit en personne l'ouverture de la diète, commençait par lui annoncer qu'il avait pris la résolution de faire couronner de son vivant et en sa présence son fils aîné.

La splendeur du trône, disait Sa Majesté, il la cherche dans le bien public, les richesses, dans le bonheur de ses peuples; la « force de son gouvernement, dans la sainteté des lois; et c'est « ainsi qu'il sera après, notre décès, le tuteur et le défenseur de « vos libertés et de votre constitution. »

Ici, Sa Majesté, sans manifester aucune craiute de l'influence des révolutions ou des événemens étrangers, annonçait pourtant que la diète aurait à délibérer d'un supplément d'impôt et d'une levée d'hommes à fournir.

« Nous jouissons, il est vrai, de la paix, et nous espérons la maintenir par notre infatigable sollicitude; mais la dignité de l'Etat, la tranquillité des proples et la gloire de l'un et des autres, ne trouvent de solide appui que dans la bravoure, le nombre et l'habileté de ses soldats. Nous croyons que c'est un de nos devoirs les plus essentiels de disposer d'avance dans les voies légales, les moyens qui peuvent conduire à ce bui salutaire,

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La cérémonie annoncée eut lieu le 28 septembre. Le prince im

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