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mais ayant vu la tournure que les affaires avoient prises, il s'étoit porté au côté droit.

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Pourquoi ne venez-vous pas avec nous,” me dit-il un jour, "vous qui pensez si bien ?"

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C'est, lui répondis-je, que je ne crois pas avoir "besoin de m'électriser du courage. de personne,

"Il se peut

faire

que ce soit par entêtement, que je conserve ma place; mais je ne crois pas cet " entêtement plus déraisonnable que celui de ne "pas vouloir permettre que l'on ne soit pas tou

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jours de votre opinion. Si j'ai en horreur, les

stupides fureurs de la montagne, il s'en faut de "beaucoup, que je sois toujours de l'avis des

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autres. En fait d'opinions, je crois que la raison "est placée entre les extrêmes: c'est du moins " là où je suis décidé à la chercher. Tout cela ❝ doit finir par monter à cheval, et alors, croyez"moi, je n'y monterai pas le dernier."

Il est plusieurs membres de l'assemblée constituante, qui peuvent se rappeler cette réponse dont ils furent les témoins, comme il en est d'autres à qui je l'ai faite, en différens temps, sur la même question..

Il y avoit long-temps que j'avois tenu parole,.

et

et que j'avois pris les armes pour combattre las ennemis de tout ordre et les bourreaux de mon pays; lorsque ma conduite, à l'assemblée constituante, est devenue le prétexte banal des calomnies de quelques intrigans qui, incapables de préserver la chose publique, avant la révolution, se sont toujours trouvés sur le chemin de ceux qui ont essayé de la rétablir. J'aurois méprisé leurs efforts comme leurs personnes, et le silence que j'ai gardé avec le public, pendant plusieurs années, est une preuve que je ne les ai pas jugés dangereux mais ayant appris que ces calomnies étoient parvenues à produire, dans le cœur de Louis XVIII, trop éloigné pour discerner la vérité, une prévention profonde contre moi; j'ai regardé comme un devoir, de chercher à en détruire l'effet.

Son Altesse Royale Monsieur frère du Roi, m'avoit autorisé à correspondre fréquemment avec lui. C'est à ce prince, trop peu connu, et digne d'un sort plus heureux, que je m'adressai dans cette circonstance: j'ai sous les yeux une copie de la lettre que je lui écrivis. Cette lettre contient en substance, presque tout ce que j'ai dit,

depuis

depuis le commencement de ces mémoires. Je sens qu'en la transcrivant, ce sera jeter mes lecteurs et moi-même, dans l'inconvénient, et dans l'ennui des répétitions; mais j'espère qu'on me pardonnera l'extrait suivant, parce qu'il pourra servir à prouver qu'à toutes les époques, mes principes ont été les mêmes; et que d'ailleurs il aura l'avantage de préparer le développement des faits dont j'ai à rendre compte, et qui sont, pour la plupart, antérieurs à la date de cette lettre.

Extrait d'une de mes Lettres adressées à S. A. R. MONSIEUR, Frère du Roi, à Edimburgh, du 28 Août 1797.

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Depuis mon retour d'Edimburgh, pénétré "de reconnoissance pour tous les témoignages "de bonté dont Monsieur m'a honoré, et pour "les assurances de satisfaction que Sa Majesté "m'avoit adressées, il m'avoit été facile d'ou"blier le délire et les fureurs de l'injustice et de "la calomnie.

"Livré, tout entier, aux grands intérêts qui "sembloient m'avoir été confiés, je ne me suis "occupé que des moyens d'en accélérer le suc

"cès.

"cès. J'avois déjà réussi à poser les premières "bases qui devoient y conduire; et j'étois par"venu à rétablir, parmi les royalistes de l'in"térieur, cet ensemble que, depuis si long

cr

temps, des hommes ineptes ou pervers s'effor

çoient de détruire, par un abus criminel du nom "et de l'autorité du Roi. C'est donc avec une "vive douleur, que je me vois forcé d'inter

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rompre cette suite de travaux importans, pour "remettre de nouveau sous les yeux du Roi et "de Monsieur, des vérités que je n'avois pas, "sans doute, assez développées, et qu'il est encore de mon devoir de leur soumettre pour "la dernière fois.

"Je ne reviendrai point sur les machinations "des agens de Paris. Ce que je n'ai pas cessé "d'en dire et d'en écrire, depuis plus d'un an, la France et l'Europe le répètent aujourd'hui ; " et leur justification imprimée, qui est entre les "mains de tout le monde, ne permet pas même " à la malveillance, de douter à cet égard.

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"Mais comme ceux qui les remplacent, pro❝fessent la même doctrine, et suivent les mêmes "crremens; comme il paroît qu'il n'y a eu de

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"changement que dans les personnes, sans qu'il " y en ait eu dans les choses; et que ce système

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pernicieux menace d'anéantir les seuls moyens,

qui restent encore pour parvenir au rétablisse"ment de la monarchie; que les fidèles serviteurs "du Roi, qui n'ont pas cessé de combattre pour

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sa cause, se reposent sur moi seul, du soin de "lui faire connoître l'état des choses, et n'ont "d'espoir que dans sa justice éclairée par la "vérité; je calculerai sévèrement mes devoirs,

comme je l'ai fait dans toutes les occasions. Je ne trahirai ni la confiance des royalistes, ni "la cause de mon Roi. Je m'exposerois 'plutôt à lui déplaire, qu'à le mal servir; et je "sacrifierois même, s'il le falloit, sa confiance à "son estime, et ses bontés à mon honneur et à " ses intérêts.

"Réduit à la nécessité de parler de moi, "lorsque tous mes instans eussent été bien plus "utilement employés, je m'y soumets enfin. Je "n'ai jamais ignoré, que depuis long-temps le "Roi a conçu et nourri contre moi une longue "et profonde prévention: je n'en ai pas été

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