premier soin fut de mettre une protestation particulière sur le bureau; et je me suis constamment refusé à faire la remise des pouvoirs que je tenois de mes commettans, et qu'on ne trouvera point dans la collection des mandats des trois ordres, déposés aux archives de l'assemblée constituante.

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Voilà quelle a été ma conduite comme membre de la chambre de la noblesse. A l'exception de quelques factieux bien connus, je ne blâme celle de personne. Cette divergence d'opinion et d'action, inséparables des temps de troubles, et qui aggrave les calamités publiques, est un résultat forcé de la nature des choses; comme les haines et les animosités funestes qu'elle entraîne à sa suite. Si tous ceux qui ont voulu aller au bien, par des chemins différens, avoient aussi voulu, ou plutôt avoient pu, convaincus de leurs erreurs, et instruits par elles, (car nul n'en a été exempt,) se retrouver et s'entendre; ils auroient depuis long-temps, mis un terme à la révolution Françoise, par le seul moyen qui termine les révolutions, par une réunion imposante de forces. Loin de là ils se sont poursuivis, déchirés, mis en pièces, partout où ils se sont rencontrés.

trés. Aveugles instrumens de leur

propre destruc

tion, ils se sont livrés en détail, à l'ennemi commun, qu'en masse ils auroient terrassé; et ont préféré de s'abîmer dans la gueule béante du monstre, qui a dévoré leurs propriétés, leurs amis, leurs familles et eux-mêmes, à l'avantage de suspendre du moins, de vaines mésintelligences, sinon à la douceur de les sacrifier, et à la gloire de sauver leur pays; mais il étoit impossible que cela fut.

Tous ont fait les mêmes réflexions, tous ont été convaincus de leur vérité ; nul ne les a mises à profit. Faut-il d'autres preuves de l'action d'une force supérieure et irrésistible, et d'autres motifs de compatir à la foiblesse humaine ?

FIN DU LIVRE TROISIÈME.

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IL

LIVRE QUATRIÈME.

L est plus facile d'entasser des ruines, que de réparer un ancien édifice, ou que d'en construire un nouveau. Le premier ne demande que des bras, le second exige les connoissances et le génie de l'artiste : chaque pas qu'a fait l'assemblée constituante, est une nouvelle preuve à ajouter à celles qui ont rendu cette vérité triviale.

Une aggrégation d'élémens hétérogènes et incompatibles; des vainqueurs exultant de leur triomphe et des vaincus frémissant de leur défaite; l'audace du succès, et le ressentiment de l'impuissance; la crainte des vengeances pro duisant

duisant chaque jour de nouveaux attentats,. et le désir de les exercer, de nouvelles intrigues; toutes les passions humaines déchaînées, et le résultat de leur conflit, proportionné à la foiblesse et à la corruption des temps, au lieu de ces conceptions vigoureuses et de ces actions sublimes qu'elles peuvent produire, lorsqu'elles agissent sur des âmes fortes, se réduisant au développement de vices honteux, et de lâches atrocités; tous les liens politiques et sociaux brisés à la fois; la licence, l'insubordination, la violation des personnes et des propriétés, mises en principes; la religion avilie dans ses ministres; l'autorité dégradée dans la personne du Souverain; les finances de l'état livrées au pillage; la force publique désorganisée, et son emploi détourné à protéger le désordre; les colonies inondées du sang de leurs habitans, et les esclaves armés contre leurs maîtres; des soldats se disputant les membres palpitans de leurs chefs; des parricides arrachés à la vengeance publique, et des citoyens paisibles traînés à la mort, par une poignée de scélérats, que ceux qui viennent de les armer, n'ont déjà plus le pouvoir de con