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L'auteur de ce livre, né et élevé dans l'Yonne (à Avallon et à Tonnerre), étant l'un des derniers descendants d'une ancienne famille de Bourgogne plus étroitement liée avec l'Auxois et dont on peut suivre la trace jusqu'au moyen-âge, son œuvre a quelques droits à votre attention. J'espère que les antiquaires, parmi vous, éclairciront un jour complètement les lacunes de nos connaissances sur les annales de famille de l'auteur, et que d'autres sauront recueillir de nouveaux renseignements sur sa jeunesse.

Par leur style, les Jours d'exil, parus d'abord en 1854 et 1855, sont une des dernières productions de l'école romantique, et quelques-unes de leurs belles pages lyriques ont été comparées aux chefs-d'œuvre de cette époque remarquable.

Mais, tandis que les yeux des romantiques étaient fixés vers le passé, Ernest Cœurderoy regarda hardiment en avant et rêva pour tous un avenir de liberté et de bonheur, loin de la misère et de la contrainte de la vie actuelle, dont il se fit le critique le plus implacable. Si nous ne sommes pas tous d'accord sur ses vues ultérieures, tous s'accorderont à constater sa sincérité et son désintéressement absolus, le souffle humanitaire et libertaire qui pénètre ses moindres observations, de même qu'un amour intense de la beauté qu'il cherche et trouve tant dans la nature que parmi les hommes, qui furent pourtant si cruels pour lui.

Exilé après le 13 juin 1849, les divers gouvernements le chassèrent de pays en pays et ses opinions avancées lui firent subir un second exil, l'isolement complet au sein même des proscrits, ses anciens camarades. C'est un spectacle poignant, cet isolement qui épuise et brise sa santé, mais qui arrache à son cerveau et à son cœur des productions littéraires d'une vigueur croissante, jusqu'au moment de la brusque et étrange cessation de toutes ses publications, fait inexplicable qui cache un drame encore obscur.

Je crois, Messieurs, que, sous divers points de vue, cet écrivain de l'Yonne, dont les livres, devenus rarissimes, étaient presque inconnus dans son pays, méritait d'être tiré d'un injuste oubli, et j'espère que son œuvre principale, les Jours d'exil, trouvera bon accueil auprès de quelques-uns d'entre vous.

Agréez, Messieurs, l'expression de mes sentiments distingués.

MAX NETTLAU.

3° La photographie d'une roche à sacrifices humains de la période paléolithique, découverte par M. Louis Chéneau, à Vinneuf, au lieu dit La Boulinière, à 110 mètres d'altitude. Cette photographie et la note explicative qui l'accompagne sont renvoyées à l'examen de M. l'abbé Parat.

4° Une tête sculptée dans un tronçon de vigne, remise à M. Cestre par M. Bénard, et trouvée dans des travaux de terrassements à l'ancien couvent des Augustines à Auxerre.

Nomination de M. Lasnier comme vice-président honoraire. -Sur la proposition de M. G. Lemoine, M. Lasnier est nommé vice-président honoraire par acclamation.

Vote définitif pour le renouvellement du Bureau.

Nombre de votants

Bulletins nuls

Sont nommés pour une période de deux ans :

Président M. G. Lemoine, par 145 voix;

152

3

Vice-Présidents M. Cestre, 138 voix; M. Martineau des Chesnez, 125 voix;

Secrétaires M. Porée, 139 voix; M. Humbert, 130 voix; Archiviste M. Larue, 130 voix;

Trésorier: M. Loiseau, 148 voix.

Renouvellement des différentes Commissions de la Société. Les différentes Commissions de la Société sont ainsi composées :

Commission des publications: MM. Porée, Humbert, Cestre, Larue, E. Bouché et Houdard.

Commission de comptabilité

MM. Le Blanc Duvernoy,

Martineau des Chesnez, Lasnier, David et Amand.

Commission des achats. - MM. Biard, Navarre, Gauthier, Fauchereau, de Bontin, Rossigneux et Dujon.

Sous-Commission des beaux-arts: MM. Biard, Navarre et

Gauthier.

Sous-Commission de numismatique MM. de Bontin, Rossigneux et Dujon.

Ces deux dernières Sous-Commissions fonctionnent sous la présidence du conservateur du musée, M. Porée.

Subvention accordée à M. l'abbé Parat. M. Humbert dit qu'à la dernière séance, il a oublié d'annoncer que notre infatigable et laborieux collègue, M. l'abbé Parat, avait reçu de l'Association française pour l'Avancement des Sciences une subvention de 300 francs pour pratiquer des fouilles de grottes dans la Côte-d'Or, de concert avec M. le docteur Brulat. Il répare aujourd'hui cet oubli; il espère que les recherches de M. l'abbé Parat ne seront pas infructueuses et qu'il voudra bien nous en faire connaître les résultats.

M. Lasnier fait hommage à la Société du Bulletin de la So

ciété pour la propagation de l'instruction populaire dans le département de l'Yonne, et dit :

<< Comme chaque année, j'ai l'honneur de déposer sur le bureau le Bulletin de la Société pour la propagation de l'Instruction dans l'Yonne.

« Il contient le résumé des travaux en 1910 et notamment le compte rendu des conférences faites directement les samedis d'hiver à la grande salle Soufflot, et celles qui ont eu lieu sous ses auspices dans l'Yonne.

« Je ne saurais que vous en conseiller la lecture. »

Communications.

1° On aborde la question de Fonte

noy, à l'étude depuis longtemps.

M. Lasnier analyse et résume les documents soumis à la Commission nommée à l'effet de rechercher le véritable emplacement de la bataille de Fontanetum. Tous les auteurs sont d'accord pour placer le siège du combat que se livrèrent, en 841, les fils de Louis le Débonnaire à Fontenoy-en-Puisaye, où s'élève une colonne commémorative, érigée en 1860 sous le patronage de la Société des Sciences de l'Yonne, mais à laquelle l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres ne voulut pas s'associer.

Seuls, MM. Prudot et de La Loge d'Ausson pensent que le combat dont il s'agit a dû avoir lieu à Fontenay-sous-Fou

ronnes.

M. de La Loge d'Ausson donne quelques arguments en faveur de la thèse qu'il soutient et annonce l'envoi prochain d'un mémoire sur cette question.

2° M. l'abbé Parat analyse un rapport de MM. Lot et Halphen sur le règne de Charles le Chauve. Ici il cite un épisode de la bataille de Fontanetum. Rappelant la disposition des lieux et les noms des localités, M. Parat conclut que la région de Fontenoy-en-Puisaye est la seule qui réponde à la description laissée par Nithard.

3° M. Humbert entretient la Société des inondations et de la pourriture des moutons, encore appelée distomatose. Intimement liée aux conditions de sol et de climat, la distomatose s'observe toujours à la suite des inondations et des années pluvieuses.

M. Humbert rappelle comment se développe la douve et indique les ravages qu'elle a faits dans les troupeaux de moutons de l'Yonne et de différentes régions de la France à la suite des inondations et des pluies de 1910. Il demande que

des fonds soient mis à la disposition des laboratoires compétents pour étudier la maladie de la douve et les affections parasitaires qui l'accompagnent.

Enfin, il estime que c'est d'un enseignement raisonné et approprié à l'état actuel de l'agriculture, qu'on doit attendre les meilleurs résultats.

Après la lecture de ce travail qui intéresse au plus haut point l'agriculture et la science, M. le docteur Dionis demande à y ajouter quelques mots et cite un cas de distomatose chez l'homme.

4° M. David retrace la climatologie de l'année 1910. A l'aide de tableaux statistiques rigoureusement établis, il montre que cette année a été la plus désastreuse que l'on connaisse.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à trois heures et demie.

SEANCE DU 2 AVRIL 1911

PRÉSIDENCE DE M. G. LEMOINE, DE L'INSTITUT

Procès-verbal. Le procès-verbal de la séance de mai est lu, mis aux voix, et adopté.

A l'occasion de ce procès-verbal, M. Prudot donne lecture d'une note dans laquelle il expose que la Commission ne s'est jamais prononcée sur le véritable emplacement de la bataille de Fontenoy, et que l'opinion émise par M. Lasnier lui est personnelle.

La note de M. Prudot provoque un échange d'observations entre plusieurs membres de l'Assemblée. M. Lasnier, entre autres, déclare qu'en citant les travaux soumis à la Commission, il a toujours parlé en son nom personnel. M. le Président ajoute que la fixation de la bataille à Fontenoy-en-Puisaye groupe le plus grand nombre des auteurs et émet l'avis de laisser la question ouverte jusqu'à ce que les partisans de Fontenoy-sous-Fouronnes aient apporté des arguments probants ou que de nouvelles fouilles la viennent trancher définitivement. La Société ne fait aucune objection aux paroles de Mr le Président et passe à l'ordre du jour.

Allocution de M. le Président. En installant le Bureau

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nouvellement élu, M. G. Lemoine prononce l'allocution ciaprès :

Mes chers collègues,

C'est aujourd'hui, pour la première fois, que fonctionne de nouveau Bureau élu par la Société des Sciences de l'Yonne dans sa dernière séance. Nous tenons, mes collègues et moi, à vous adresser nos meilleurs remerciements; vous pouvez être assurés que tous, anciens et nouveaux, nous ferons tous nos efforts pour justifier la marque de confiance dont vous nous avez honorés.

En ce qui me concerne personnellement, je ne puis trop vous exprimer ma reconnaissance pour ma nouvelle élection comme Président. Vous savez que mon plus grand désir est de suivre les traditions léguées par mon regretté prédécesseur, M. Peron, qui avait tant fait pour notre Société.

Je saisis cette occasion pour remercier, au nom de tous, notre ancien vice-président, M. Lasnier, de son dévouement à notre Société pendant de si longues années. Nous comptons bien que, devenu vice-président honoraire, il continuera à s'y intéresser aussi entièrement que par le passé.

Présentation. M. Amédée Jobert, propriétaire à Arces, est présenté comme membre titulaire par MM. Boucheron et Vincent.

Admission. M. Max Doucet, présenté à la dernière séance, est élu au même titre et à l'unanimité.

Nécrologie. -Pendant le mois qui vient de s'écouler, dit M. Humbert, la Société a eu à déplorer la perte d'un de ses membres M. Victor de Vathaire, chef de bataillon en retraite, chevalier de la Légion d'honneur et de l'ordre de SaintGrégoire-le-Grand, décoré de la médaille coloniale et de Mentana, est mort le 23 mars dernier, à Dijon, à l'âge de 74 ans. Ses obsèques ont eu lieu à Mézilles.

Sorti de Saint-Cyr en 1858, M. de Vathaire prit part à la campagne de 1867 qui se termina par la défaite de Garibaldi et la prise de Mentana. Il fit la campagne de 1870 et fut prisonnier de guerre. De retour en France, il fut incorporé au 11 provisoire qui devint le 111 et combattit avec ce corps. l'insurrection algérienne.

En 1882, il prenait sa retraite prématurément et était nommé lieutenant-colonel du 70° territorial, dont il conserva le commandement jusqu'au 2 janvier 1892.

Erudit et fin lettré, M. de Vathaire s'intéressait à tous les travaux historiques et particulièrement à ceux de la Société des Sciences de l'Yonne dont il était membre depuis 1893.

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