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Dévouement filial de mademoiselle de Sombreuil (3 septembre 1792).

GAZETTE NATIONALE OU LE MONITEUR UNIVERSEL.

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Dimanche 9 SEPTEMBRE 1792. - L'an quatrième de la Liberté, et le premier de l'Égalité.

POLITIQUE.

ALLEMAGNE.

prt, le 28 août.

Les troupes que fournissent - de Trèves et les landgraves de Hesse-Cassel stadt, ainsi que 6,000 Autrichiens, ce qui fait e 20,000 hommes, resteront sur les frontières de France, pour les garantir de toute invasion. iduc Charles est parti le 20 de Bruxelles, pour e à l'armée du prince de Hohenlohe. nde de Vienne que des ordres ont été envoyés me pour faire marcher vers le Rhin 20,000 Ces préparatifs immenses absorberont les Es d'argent. Le trésor de Vienne est epuisé, et a guerre avec des emprunts, qui tous retom■r le peuple. Ces nouvelles troupes que l'on fait Duvent clairement qu'on avait d'abord cru 'agissait que de se présenter avec quelque apilitaire sur les frontières de France, pour r sur-le-champ tout ce royaume.

- pourtant croire que les Français se battent at, puisqu'on vient de conduire à Mayence chariots remplis de hussards et de cavaliers

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prend, par des lettres particulières et des pavelles de Philadelphie et de New-Yorch, que ges continuent leurs déprédations sur les derEtats-Unis; que le congrès fait informer sur se conduite des officiers dans la dernière guereles Indiens; qu'on a levé cette année une ur les repousser, et qu'enfin il y a quelque lieu qu'on pourra conclure avec eux un traité de

food partit le 22 de l'amirauté pour aller à th reprendre le commandement de la grande conduire à Weymouth, et donner au roi et lle le spectacle de la revue navale. Le même arrivé dans cette capitale beaucoup de familles

de distinction.

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ambassadeur à la Haye, reçues le 27 au matin. et portées au roisur-le-champ par le courrier du cabinet, M. Shaw. Le colonel Tarleton est allé en France voir les campements et autres opérations militaires.

M. de Liancourt et M. de Narbonne sont à Londres; le bruit court que le prince de Poix y est aussi.

Du 31. Le ministre de France à notre cour se trouve dans une position vraiment embarrassante, attendu que pour toutes les affaires diplomatiques il ne peut rien faire jusqu'à la Convention nationale.

forme ici une cabale contre la France. On remarque Un grand nombre de Français, presque tous émigrés, depuis longtemps qu'ils ont un certain plan de conduite. Les uns écrivent dans les papiers antifrançais, d'autres arrangent des conversations qui se tiennent dans les lieux publics. La cabale a des chefs et des points de réunion; elle a des correspondances à Paris, d'où elle reçoit les calomnies les plus injurieuses à la nation française. On ne peut se dissimuler qu'il y a dans notre gouvernement des personnes qui donnent les mains à ces manœuvres, car on est enfin parvenu à persuader à une partie du peuple anglais que la France est devenue un repaire de monstres et d'assassins.

De Paris.

FRANCE.

Le procureur de la commune a requis la démolition du Châtelet: cette démolition, projetée sous l'ancien régime, procurera l'avantage de déboucher la rue Saint Denis, de faire jouir les citoyens qui l'habitent de la vue du Pont-au-Change, et de rendre plus pur l'air infecté par les vapeurs de la Morgue, du marché au Poisson et des boucheries.

Les caves des églises sont ouvertes; on en retire les plombs. La grille de la place des Fédérés, ci-devant place Royale, sera employée à fabriquer des piques.

Parmi une foule de traits intéressants, où, au milieu de la colère et de la vengeance du peuple, on aime à retrouver sa bouté naturelle et le sentiment des principes éternels de la morale et de l'humanité, nous citerons les faits suivants, consignés dans la Chronique.

c'est

Dans la salle où se tenait l'espèce de tribunal qui jugeait les prisonniers, on amène un vieillard tremblant, accompagné d'une jeune fille éplorée qui ne le quittait pas depuis huit jours. On apprend que M. Sombreuil, gouverneur des Invalides. Après quelques questions, celui qui remplissait les fonctions de juge se tourne vers les assistants: Innocent ou coupable, leur dit-il, je crois qu'il serait indigne du peuple de tremper ses mains dans le sang de ce vieillard, A ces mots un cri général de grâce se fait entendre. La jeune fille, en poussant un cri de joie, se jette dans le sein de son père, qui la presse de ses bras défaillants; et les spectateurs les plus furieux ne peuvent retenir leurs larmes.

Un M. Cahier, qui n'est pas l'ex-ministre, était retenu dans la même prison: un homme entre, et voyant son air calme il lui dit: Vous avez l'air d'un honnête homme; que faites-vous ici? Je suis soupçonné, répond M. Cahier, mais je suis innocent. Eh bien! je veux vous sauver; et il le sauva en effet, lui et deux autres.

-

COMMUNE DE PARIS.

Du 4 septembre 1792, l'an IV de la liberté, et le Ier de l'égalité.

Considérant combien il est important de hâter la formation d'un camp sous les murs de Paris, et la réu-dit-on, s'est porté sur Roubaix. Plusieurs ordonnance --nion des citoyens soldats pour être prêts à marcher au premier signal; se rappelant avec attendrissement les scènes touchantes qui se succédaient, en 1790, au Champ-de-Mars, pour élever l'antel de la patrie; persuadé que cette ardeur civique, loin d'être éteinte, est encore augmentée par les circonstances difficiles dans lesquelles nous nous trouvons;

Le conseil général arrête, 1o que tous les travaux des bâtiments seront suspendus à l'instant, afin que tous ouvriers puissent aller travailler aux préparatifs du camp. 2o Toutes les personnes qui iront travailler sont invitées à se munir de pelles, pioches, brouettes et autres instruments. 3o Les ouvriers s'adresseront à la commission du camp, établie au Saint-Esprit, et seront payés par le ministre de la guerre. 4o Le présent arrêté sera publié et affiché.

Signé JOBERT, président; TALLIEN, secrétairegreffier.

CAISSE DE L'EXTRAORDINAIRE.

Vendredi 7 septembre 1792, à dix heures du matin, ila été brûlé, à la caisse de l'hôtel de l'extraordinaire, rue Vivienne, la somme de 4,000,000 en assignals, la quelle, jointe aux 611,000,000 déjà brûlés, fera celle de 615,000,000.

DÉPARTEMENT DE LA MOSELLE.

Du camp de Frescaty, près de Metz, le 4 septembre. Il est évident que les ennemis ont des projets sur la ville de Metz. Mais cette ville présente l'aspect le plus formidable. Pleine de soldats et de citoyens courageux, elle est encore défendue par tout ce que l'art militaire a de plus terrible.

Thionville et Sarrelouis sont sous l'eau. La résistance y sera vigoureuse.

Un gros de Prussiens, troupes légères, fort de 3,000 hommes, avec deux pièces de canon, est venu attaquer un de nos postes avancés à deux lieues de Metz; ce poste, obligé de céder au nombre, s'est battu en retraite, en se dirigeant sur cette ville; la garde nationale a surle-champ pris les armes. Luckner s'est mis aux trousses des ennemis, et les a obligés de rentrer dans leur camp de Richemont. Nous n'avons eu que deux morts, et l'ennemi a considérablement souffert.

DÉPARTEMENT du nord.

La nuit dernière, l'ennemi, au nombre de 5,000 sont venues à Lille pour requérir de prompts secours, et ce matin on a fait partir différents détachements avec du canon. On dit que ceux des troupes de ligne, qui cantonnent dans ce bourgs et lieux circonvoisius, sont bientôt parvenus à se réunir, et qu'ils ont même été grossis par les braves gardes nationaux, dont rien n'égale le courage et l'activité; que, réunis en masse, ils se sont battus comme des lions, et ont même repoussé vigoureusement cette horde de brigands, avide de butin; mais qu'entin, forcés de céder au nombre, l'ennemi est entré à Roubaix, et que ce bourg est dans ce moment en proie à toutes les horreurs d'une ville prise d'assaut. On attend des nouvelles plus sûres et plus détaillées.

Du camp de Maulde. L'affaire du 31 a été assez sérieuse; elle prouve si bien le courage et la bonne lenue de nos troupes, qu'il ne peut qu'être utile d'en faire connaître les détails.

Le 31, à trois heures après midi, les Autrichiens se déployèrent au nombre de 3 ou 4,000 hommes et 500 chevaux, à une demi-lieue du camp de Maulde.

Ils avancèrent une batterie de fort calibre à 500 toises du camp, et à 200 toises de la redoute de Maulde. Its tirèrent 60 coups de canon sur la redoute, et 20 boulets à toute volée qui viurent au milieu du camp. Les généraux firent passer deux pièces de 12 à la redoute en avant de Maulde: elles démontèrent promptement une pièce de Ja batterie ennemic: à cette époque l'ennemi fit retirer son artillerie. On aperçut des redoutes du camp un ba taillon de chasseurs ennemis qui débouchaient les haies du village de Bleharies. Quand il se fut formé dans une prairie où il se croyait un peu à couvert, on tira 12 ou 13 coups de canon de 12, qui massacrèrent et firent retirer ce bataillon dans le village d'où il sortait. A la droite, l'ennemi inquiéta dans le même moment le village de Mortagne, où il y eut une fusillade d'une demi-heure quelques coups de canon massacrèrent également les chasseurs autrichiens dans cette partie. Le lieutenant-général Marasse, commandant à Douay, et le maréchal de camp Dorbe, inspecteur d'artillerie, se trouvaient au quartier-général pour assister à un conseil de guerre pour différents objets importants du service. Ces généraux se sont joints aux lieutenantsgénéraux Labourdonnaye, Moreton et Beurnonville, aux maréchaux de camp Desforets et Gélin. Tous les généraux se sont divisé les postes, et ont dirigé les opérations. Les soldats, animés par leur exemple, n'aspiraient qu'à se mesurer avec les ennemis. Les cris de viveni la liberté, l'égalité, furent répétés.

Pendant toute la canonnade, la musique des bataillons n'a pas cessé de jouer l'air cheri Ça ira. Cent boulets out traversé le camp, percé des tentes, et n'ont fait qu'animer la troupe ardente et qui veut vivre libre ou mourir.

Le général Beurnonville a montré pendant l'action un sang-froid qui honore son courage et ses talents militaires. On assure que l'ennemi a emporté près de vingt voitures, tant de blessés que de tués. On évalue sa perte à plus de 300 hommes. Nous avons eu 13 hommes blessés et 3 tués. Le lendemain le poste qui observe le passage de l'Escaut a été attaqué; le commandant du Château-l'Abbaye, M. Desavenes, s'y est porté avec du renfort, et l'ennemi y a été harcélé dans un instant.

Lille, le 5 septembre, Hier un détachement venant du côté de Lannoy, Roubaix et Wattrelos, est rentré en ville, portant, à la pointe des baïonnettes et des sabres, des casquettes et des lambeaux de haillons; il conduisait aussi deux chevaux équipés pris sur l'ennemi. Cette rencontre a coûte la vie à neuf Autrichiens, et un bon tiers, assure-t-on, de leur détachement a été blessé. De notre côté, nous n'avons eu que quelques blessés. Pendant que ce détachement rentrait en ville par une porte, des exprès envoyés du Pont-Rouge entraient aussi par celle opposée pour venir demander du secours au commandant de la place. Les Autrichiens étaient à la poursuite de quatre bélandres chargées de fourrages et autres denrées. N'ayant pu s'en emparer, ils y mirent le feu, et les provisions ont été consumées. Cet incendie à coûté la vie à une femme et trois enfants. A la vue des gardes nationaux et des troupes de ligne Vingt-un déserteurs ont prolité de cet instant pour accourant de toutes parts, ces incendiaires ont pris la se rendre au camp. La perte de l'enucmi, depuis le 24, fuite. Le détachement français, indigné de tant de est de plus de 300 hommes tués et plus de 1,000 bleslâches brigandages, a été se venger dans quelques vil-sés; plus de 80 déserteurs sont venus goûter la liberté lages du territoire ennemi, et leur indiguation paraîtra sans doute bieu excusable à ceux qui savent que ces malheureux paysans sont toujours les guides des

au camp de Maulde; 3 prisonniers ont pris du service. Les ennemis ont eu une pièce cassée et trois démontées.

Parmi les différents traits de bravoure et de courage

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Beurnonville, général en chef, ambassadeur de la République française près la cour d'Espagne, né à Champignoles, le 10 mai 1752.

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