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N° 69.

GAZETTE NATIONALE OU LE MONITEUR UNIVERSEL.

POLITIQUE.
RUSSIE.

Mercredi 10 MARS 1790.

Déjà la fin de l'empereur, devenue prochaine, a fait prendre à cette cour des précautions. S. M. I. a envoyé auprès du roi de Prusse. Mais il n'est pas probable qu'il y ait rien de changé aux dispositions prises entre la cour de Berlin et la Pologne. Les préparatifs de guerre se continuent à Pétersbourg; nuit et jour on y travaille avec une ardeur infatigable. M. le général Mussin-Puschkin sera remplacé dans le commandement de l'armée par le général de Soltikow, qui a commandé dans le Kouban, d'où il est revenu à Pétersbourg. L'impératrice, s'il faut en croire les dernières nouvelles, pour lesquelles les circonstances sollicitent toute confiance, paraît enfin disposée à Ja paix. Elle veut bien renoncer à tous ces préliminaires, plus propres à satisfaire la vanité des cours qu'à bien servir leurs véritables intérêts. S. M. I. n'exigera donc pas qu'avant tout on l'indemnise des frais d'une guerre dont Ja prétendue injustice est si facile à rétorquer de la part des Turcs, qui, fatigués des plus humiliantes usurpations, ne se seront déterminés à commencer des hostilités ouvertes et légitimes qu'à la dernière extrémité. Le cabinet de Pétersbourg s'en tiendra à la possession paisible d'Oczakow et aux autres conditions dont nous avons déjà parlé, no 65, et ne fera pas valoir ce préambule de traité que le prince Potemkine n'a pu proposer aux conférences de Yassy, dans les termes que l'on a ainsi rapportés : « Que la Porte, par sa déclaration de guerre, a déjà causé à la cour de Pétersbourg une dépense de 20 millions de roubles; mais que néanmoins l'impératrice était encore en état de continuer la guerre aussi longtemps qu'il plairait à la Porte, dans le cas que celle-ci n'acceptât point les articles proposés, et qu'elle déclarait, de la manière la plus solennelle, qu'alors il ne faudrait jamais plus penser à la restitution des pays que ses armes avaient déjà conquis ou pouvaient conquérir en

core.

SUÈDE,

De Stockholm, le 12 février. —On croit que le roi se rendra, au commencement du mois prochain, Carlscrona, pour examiner la grande flotte qui, pendant cette campagne, sera encore sous les ordres du duc de Sudermanie. Les deux divisions ordinaires seront commandées par l'amiral Modée et le colonel Lejonanker. Le roi a accordé sa démission à l'amiral Ehrenschwaerd, qui sera, dit-on, remplacé par le lieutenant-colonel de Stedingk. Mais les préparatifs pour la campagne prochaine nuisent beaucoup au crédit public. Les billets royaux contre l'argent de banque ont baissé de dix pour cent; ce qui a amené un double cours du change qui a jeté le désordre à la Bourse, et mécontenté les négociants. En vain le conseil de commerce a cherché à obvier au mal; la méfiance s'est encore augmentée par la défense de l'écrit périodique des bourgeois.

Un incendie considérable a réduit en cendres, le 6 de ce mois, la ville de Jonkoping, dans la province de Imaland.

ALLEMAGNE.

Nous avons négligé un fait qui a été recueilli par tous les autres journaux; c'est le trait du docteur Quarin, qui, médecin ordinaire de l'empereur, a eu le courage, tant admiré dans les cours, d'annoncer à son auguste malade la déplorable vérité que sa fin était prochaine. Cette franchise du docteur, si commune au chevet des malades vulgaires, lui a mérité une gratification magnifique, et surlout la patente de baron pour lui et sa postérité. Mais c'est à la fermeté des derniers moments de l'empereur que l'on doit sa surprise. Quelques personnes, il est vrai, n'ont pas la force d'admirer la scène terrible où l'archiduchesse, invitée, malgré sa situation, à venir recevoir les adieux de S. M., a trouvé la mort à vingt-deux ans. Le stoïcisme de l'empereur aurait pu ménager davantage la délicatesse 1a Série, — Tome III.

d'une femme qui lui était aussi chère. Le prince de Kaunitz, les généraux de Lascy et Laudhon pouvaient seuls s'exposer à ces déplorables instants. Quand S. M. les appela ses amis, et, d'une voix mourante, leur dit qu'il fallait se séparer, ils avaient, pour supporter ces dernieres faveurs, un courage que l'archiduchesse, jeune, sensible et prête d'accoucher, ne pouvait avoir en recevant un dernier embrassement qui a terminé ses jours; réflexions qui nous paraissent conformes à la sensibilité que le public a montrée au catafalque de la princesse, dont le corps a été exposé dans une chapelle de la cour. L'assurance et la sorte de tranquillité dont l'empereur a paru jouir dans ses derniers jours sont d'autant plus extraordinaires, que ce prince, fécond en projets, et toujours impatient dans ses vues, qu'il prenait volontiers pour des décrets, n'avait cessé de s'informer du sort des provinces belgiques, comme on le voit par ses derniers ordres à M. le comte de Cobentzel. S. M. avait encore donné des signes d'impatience et d'affections douloureuses en apprenant les dispositions des Hongrois. Il ne pouvait ignorer que ses ennem is n'eussent favorisé ces mouvements, suite de la nouvelle alliance de la Porte avec la Prusse et la Pologne. On ne doute pas que le rescrit, favorable aux menaces de la Hongrie, et la douceur conciliante qui y règne, n'aient coûté beaucoup à S. M. défaillante. On sait même que, quelque temps avant le dernier degré d'affaissement dans longs entretiens avec le prince de Kaunitz, le Nestor des lequel l'empereur est tombé tout-à-coup, S. M. a eu de conseils de la maison d'Autriche. Ce ministre, qui joint à l'expérience des cours celle des hommes et des affaires, paraît avoir été le premier à bien juger de la révolution qui se prépare plutôt dans l'esprit des peuples accablés du joug et des déprédations de leurs maîtres que dans les intérêts respectifs des princes eux-mêmes. Jeune, M. le prince de Kaunitz a aimé la gloire des armes; alors il eût été disposé à flatter la passion guerrière de son souverain, Mais la maturité de l'âge, qui ramène toujours un honnête homme au vrai, disposait depuis longtemps ce ministre à l'esprit de conciliation et aux maximes d'une politique plus adaptée aux circonstances. L'empereur, assure-t-on, a reçu de M. de Kaunitz des vérités plus importantes, mais aussi tardives que celles du docteur Quarin.

Le ministre, en représentant à son maître le tableau de l'Europe, lui avait démontré les dangers de son système et l'erreur de ses trop hautes espérances. Il ne lui a point caché l'inquiétude que donnait la maison d'Autriche, et l'impatience de s'en affranchir, qui se manifeste d'une inanière alarmante.

On raconte que l'empereur, après avoir donné à son armée les témoignages d'une affection exclusive, a voulu mourir en soldat; qu'il s'est fait habiller en uniforme; qu'on lui a mis ses bottes et ses éperons.... Nous doutons de ce fait. Le grand Frédéric est mort à peu près de cette manière; mais ce prince, qui n'avait jamais quitté ses habits de guerre pendant sa vie, n'a pas songé à les revêtir à sa dernière heure. Le stoïcisme de Joseph II n'a pas besoin d'une fantaisie militaire, de cette espèce de délire guerrier, pour rester dans la mémoire des hommes. Pourquoi faire mourir en héros de roman un prince qui a voulu mourir en philosophe?

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au, le premier demandant une somme considérable au Second, pour aliments et logement.

Voici les détails de cette affaire, tels que les dépositions les ont constatés.

Le défenseur était passé de France en Angleterre, il y a environ quatorze ans ; peu de temps après son arrivée, il avait épousé une jeune demoiselle de condition, qu'il aimait tendrement; son attachement pour elle lui fit refuser de retourner en France, chez ses parents; et comme il n'en recevait que de faibles secours, ils ne tardèrent pas l'un et l'autre à se voir forcés d'enseigner dans une pension, pour gagner leur vie. Lié avec le demandeur, qui est Français de naissance et cordonnier de profession, le baron allait fréquemmment chez lui, et même y dinait et tet soupait assez souvent; sa femme y dînait aussi régulièrement tous les dimanches, sans compter d'autres jours; elle ya couché quelquefois; dans sa reconnaissance pour ces bons procédés, le baron lui promit qu'il l'en récompenserait amplement quand il serait maître de sa fortune; il l'est en effet aujourd'hui ; mais il faut convenir que le mémoire du cordonnier ressemble un peu à celui d'un apothicaire. En voici un échantillon : 345 guinées pour avoir été différentes fois dans les rues de Londres avec le baron. Celui-ci, dans le commencement de son séjour en Anglcterre, prenait la précaution de se faire accompagner, de crainte d'être enlevé, comme l'a été, il y a quelques années, le marquis de Frettay. Le défendeur à prouvé démonstrativement à la cour que les demandes de sa partie adverse n'étaient point fondées; il avait souvent prêté de l'argent au cordonnier, sans que celui-ci prétendit qu'il lui fût rien dû pour pension ou logement.

Le lord Kenyon, jaloux de convaincre les deux étrangers de l'impartialité des tribunaux d'Angleterre, débouta' le cordonnier de sa demande; mais, en considération de son extrême pauvreté, il recommanda humainement au baron de lui faire la remise des frais de la procédure; c'est ce que M. Erskine, son avocat, promit de tâcher d'en obtenir.

M. Philidor a donné, il y a quelques jours, de nouvelles preuves de sa mémoire prodigieuse, en conduisant trois parties d'échecs à la fois contre trois amateurs, le comte de Bruhl, le docteur Rolet et le capitaine Smith. L'habile musicien convint d'abord de suivre lui-même des yeux sa partie contre le comte de Bruhl, et de diriger les deux auires sans voir l'échiquier; mais, au bout de quelques coups, trouvant son attention trop distraite par la présence de la compagnie, il prit le parti de fermer les yeux immédiate-ment après avoir répondu à la marche du comte, et fit exécuter la sienne contre ses deux autres adversaires, les yeux fermés, par le moyen de ses amis. M. Philidor a conduit la partie en une heure quelques minutes, ayant pour -spectateurs de son triomphe un grand nombre de dames et de messieurs de la première qualité. Il est inutile d'ajouter qu'il a gagné avec sa facilité ordinaire; le seul comte de Bruhl s'est un peu défendu.

ADMINISTRATION.

ASSEMBLÉE DES Électeurs de Paris.

On n'a point oublié les services que les électeurs de Paris ont rendus à la chose publique au moment de la révolution; ils se sont emparés du gouvernement, auquel la confiance générale les appelait; ils ont contenu, dirigé, éclairé un peuple qui, ayant brisé sa chaîne, s'agitait avec la violence de la fureur; ils ont formé un centre de pouvoir, une administration provisoire sans laquelle Paris, livré à une confusion générale, n'eût pas profité du bénéfice de l'insurrection; en un mot, les électeurs ont sauvé la capitale et secondé avec courage et modération les premiers efforts de la liberté.

Les événements les plus extraordinaires, les plus intéressants, se sont passés pendant l'intervalle de temps qu'ils ont gouverné la cité; tout allait à eux, tout se rapportait à eux, ils étaient les seuls qui, dans la ville, eussent une autorité sûre et respectée dans ces moments où la défiance était le sentiment général.

Ainsi l'histoire des électeurs est la première dans l'ordre des progrès de notre liberté, et les actes publics de ce qu'ils ont fait, leurs procès-verbaux forment une collection infiniment précieuse, infiniment utile à ceux qui écriront nos annales et à ceux qui étudieront les causes, les effets et les événements de la révolution.

Déjà plusieurs assemblées tenues à l'archevêché en ont avancé la rédaction, et quand le public saura que MM. Duveyrier et l'abbé Bertolio en sont spécialement chargés, il ne pourra douter de l'exactitude et du soin qui règneront dans cette collection précieuse.

La dernière séance, qui a eu lieu pour la lecture de ces procès-verbaux, s'est tenue le 22 février dernier; l'intérêt en a été augmenté par la présence de M. Bailly et de M. de Lafayette. Le premier a reçu, de MM. Les électeurs, son buste, exécuté en marbre, en vertu d'une délibération du 30 juillet dernier.

M. Bailly a remercié l'assemblée par un discours plein de sensibilité et de cette douce éloquence qui peint le sentiment sans l'exagérer. Il a rappelé à MM. les électeurs leurs anciens travaux et l'étroite union qui règne entre eux, union qui a sauvé la capitale, assuré la liberté de l'empire et les droits de l'Assemblée nationale.

LITTÉRATURE.

Tacite Nouvelle traduction, par M. Dureau de Lamalle. A Paris, chez M. Théophile Barrois le jeune, libraire, quai des Augustins, n° 18. 1790. 3 vol. in-8°. (Second extrait.)

Les amis des lettres n'ont point oublié la traduction que M. Dureau avait donnée, il y a plusieurs années, du Traité des bienfaits, de Sénèque, et son discours prélimi naire, rempli de vues profondes, sur le génie des langues et sur l'art de traduire. Il a sans doute suivi les mêmes principes en traduisant Tacite; ce sont ceux d'une fidelité libre, d'une imitation généreuse, qui sacrifie le texte au sentiment, le corps du style à son âme, qui se pique de donner autant de beautés plutôt que les mêmes, qui veut que, pour bien traduire, on commence par bien écrire; qu'on cherche à ressembler au modèle plutôt qu'à le copier, et qui craint bien moins le remplacement d'une image ou d'une expression par d'heureux équivalents que le travestissement littéral et servile d'un génie intradui. sible.

Mais la noble indépendance de ces principes vous en traînerait trop loin de votre auteur, si vous n'aviez d'a vance, par le talent et par l'étude, pénétré, et, pour ainsi dire, imbu votre style et votre pensée du génie de l'auteur; c'est ce que M. Dureau nous paraît avoir fait; c'est ce qu'on reconnait à la marche généralement grave, sou vent pompeuse et périodique de ses phrases. Il a rejete le préjugé commun sur la prétendue concision de Tacite, qui n'est certainement ni son caractère, ni son mérite princi pal. M. Dureau n'a fait qu'indiquer ses idées à cet égard; mais sa traduction est une preuve continuelle qu'il a bien jugé.

En effet, Tacite abrège parcequ'il a beaucoup à dire : sa pensée, dit M. Thomas, se resserre pour occuper moins d'espace; elle se resserre aussi pour avoir plus de force, comme un homme raccourcit son bras pour lancer plus loin un javelot. Tacite est un esprit grave et sublime, qui n'écrit point pour les esprits légers ou médiocres; il emploie peu de mots, mais tellement choisis, qu'un plus grand nombre serait redondance, mais tellement enchal nés, que leur position les éclaircit. Une phrase vous em barrassera; lisez la page, rien ne vous arrête.

La brièveté de Tacite est une plénitude de pensées, et non pas une concision diffuse, comme celle de Senèque: celui-ci n'abrège que parcequ'il veut répéter; en délayant l'idée, il serre, il coupe, il isole ses phrases, qui ne sont que des membres sans jointures. Chez Tacite, au cob traire, si l'expression est brève, la phrase est longue; toutes les pensées y sont liées; mais comme les épito i énergiques, les métaphores hardies jusqu'à la violence

présentent une foule de nuances; comme une seule période renferme souvent plusieurs traits sublimes, on retient seuls ces membres incidents, on les prend pour autant de phrases détachées ; et il arrive, par cette singulière Illusion, que l'abondance, la magnificence de style, mérite véritable de Tacite, l'expose elle-même à un reproche tout contraire.

Nous nous sommes arrêtés sur ces réflexions, parceque des traducteurs célèbres de Tacite ont été égarés par cette fausse idée de sa concision. Davanzati et d'Alembert ont affecté une brièveté sèche et décharnée. D'Alembert surtout compte les mots, coupe les phrases, les dépouille de leurs liaisons, dissout les périodes et toute l'organisation d'un morceau. On s'en convaincra en rapprochant sa traduction de celle que nous analysons. M. Dureau, au reste, paraît avoir suivi le système de Rousseau; son Essai de version du premier livre de l'histoire fait voir qu'il avait mieux accordé la précision avec la gravité et l'harmonie. C'est encore un rapprochement curieux, auquel nous invitons nos lecteurs.

Pour achever d'éclairer leur jugement, nous comparerons le français avec le texte, dans un morceau que ses beautés sublimes devaient rendre très difficile à traduire.

Les Ansibariens, peuples de la Germanie, chassés de leur pays, s'étaient emparés d'un terrain vacant, réservé aux soldats romains. Boiocale, l'un des chefs, après avoir rappelé ses services sous Germanicus, dit : « qu'il venait couronner un attachement de cinquante années, en mettant sa nation sous notre puissance. Quel terrain immense restait inutile, destiné seulement à recevoir un jour les troupeaux de nos soldats! Nous devions, pour l'honneur des hommes, leur laisser du moins partager l'asile des animaux, et ne pas préférer le voisinage d'un désert à celui d'un peuple ami... La terre était pour l'homme, comme le ciel pour les dieux, et les places vacantes appartenaient à tous. Regardant ensuite le soleil, et s'adressant aux autres astres, il leur demandait s'ils consentiraient à éclairer un sol inhabité, si plutôt ils ne reverseraient pas tous les flots de la mer sur les ravisseurs de la terre.

« Avitus, offensé de ce discours, répondit qu'il fallait subir la loi du plus brave; que ces mêmes dieux qu'ils imploraient avaient laissé les Romains maîtres de donner ou d'ôter, sans avoir de juges qu'eux-mêmes. Voilà ce qu'il répondit aux Ansibariens en général; il dit à Boiocale, qu'en mémoire de son attachement, on lui donnerait des terres; ce qu'il rejeta, comme ayant l'air d'un marché fait avec un traître. Il ajouta : Si la terre nous manque pour vivre, elle ne peut nous manquer pour mourir ; et l'on se quitta mutuellement courroucé. »

Voici le discours de Boiocale, dans le texte :

« Quotam partem campi jacere, inquam, pecora et armenta militum a iquando transmillerentur! Servarent fane receptos gregibus inter hominum famam : modo ne vastitatem et solitudinem mallent quam amicos populos... Sicut cælum Diis, ità terras generi mortalium datas; quæque sint racuæ, cas publicas esse. Solem deinde respiciens, et cætera sidera vocans, quasi coram interrogabat; vellent-ne contueri inane solum : potiùs mares superfundarent adversùs terrarum ereptores...... Addidit : deesse nobis terra in quà vivamus, in quả moriamur non potest. »

On voit bien que cette phrase, receptos gregibus, etc. est visiblement altérée; et nous devons observer combien le sens que M. Dureau lui donne est noble et juste.

Quel sublime contraste présente ce tableau de Tacite! Comme l'absurde tyrannie d'un peuple corrompu est ici terrassée par la franchise, le courage, l'esprit de justice et Ja philosophie naturelle des prétendus barbares de la Germanie! Le discours de Boiocale ne rappelle-t-il pas celui des sauvages du Canada aux Européens? « Quoi ! vous voulez, disaient-ils, que nous vous cédions, que nous quittions la terre natale où sont les tombeaux, de nos pères! Dirons-nous à leurs ossements de se lever et de nous suivre ?>

Et dans quel moment Tacite place-t-il un pareil tableau ? Au milieu des horreurs du règne de Néron, et de la dégradation du peuple romain.

Et maintenant ces mêmes Ansibariens sont plongés dans l'opprobre des chaînes féodales! et ces Romains eux-mêmes #ampent sous un joug plus vil encore !

Nos citations et nos réflexions pourraient se multiplier bien davantage. Nous voudrions, par des passages d'un ton et d'un caractère différent, montrer dans le génie de Tacite une souplessse égale à sa force, et ces exemples confirmeraient nos lecteurs dans l'estime de la nouvelle traduction. Mais c'est ici un ouvrage qu'il faut lire, et non pas extraire; nous ne compromettons point notre jugement en comparant le Tacite français aux Géorgiques françaises. Il flattera également ceux qui savent et ceux qui ignorent la langue latinc. On y distinguera l'empreinte du temps qui corrige et du talent qui produit. L'emploi savant et nouveau de la langue n'échappera point aux gens de lettres, qui retrouveront ici la connaissance et l'usage de ses ressources les plus négligées; plusieurs tours de phrases oubliés y reparaissent avec succès; les particules conjonctives, ces mots : lesquels, pour lors, puis, etc., et généralement beaucoup des formes narratives anciennes, dont notre langue s'était appauvrie, y sont reproduits sans làcheté, sans pesanteur et sans bizarrerie; ce qui conserve à cette traduction la couleur originale du modèle, sans lui donner l'air étranger d'une copie.

Le même soin et le même talent se montrent dans la Vie d'Agricola, dans les Maurs des Germains, et même dans le Dialogue sur les orateurs. A l'égard de ce dernier morceau, M. Dureau l'a fait précéder de quelques ré flexions destinées à prouver que cet ouvrage est réellement de Tacite; ces preuves, tirées de la conformité du style du dialogue avec celui des autres ouvrages, sont des dévelop pements très ingénieux et très bien écrits des véritables caractères du style de Tacite. M. Dureau y démontre l'opi nion que nous avons déjà établie sur le laconisme prétendu habituel de son auteur. De tous ses ouvrages, les Mœurs des Germains seules portent cette empreinte; on trouve dans tous les autres des exemples contraires. M. Dureau cite une période remarquable par son étendue et sa composition.

• Assurément, dit-il, après avoir écouté cette lente et majestueuse période, qui semble, comme les belles rivières, s'entrelacer en replis sinueux; où toutes ces particu les, ménagées avec art, en relevant et soutenant le discours, suspendent l'intérêt, et attachent l'attention du lecteur; où l'élégance des formes symétriques et corres-pondantes ajoute à la beauté du nombre; où l'on a rassemblé avec soin les mots les plus mélodieux, tous ceux qui se développent par un enchaînement agréable des sons les plus flatteurs; où la phrase enfin, après s'être enrichie dans sa marche de toute cette variété de nombres oratoires, vient se terminer par une cadence non moins harmonieuse, qui, pareille à ces corps sonores qui résonnent après qu'on a cessé de les frapper, laisse après elle un long et doux retentissement; assurément, dis-je, après avoir écouté une telle phrase, le dernier des écrivains auquel, d'après les préventions ordinaires, on serait tenté de l'attribuer, serait Tacite; elle est de lui pourtant, et il en a mille de ce genre. »

Un homme qui peut ainsi décrire les beautés du style peut en être cru sur le style de Tacite. Au reste, le type naturel du génie d'un écrivain se montre toujours dans ses premiers ouvrages. Le Dialogue sur les causes de la corruption de l'éloquence, composé dans la première jeunesse de Tacite, déploie toute la force de la raison revêtuc des plus vives couleurs d'une imagination fraiche et abondante. Nous croyons devoir en citer un morceau, d'autant plus que ce dialogue nous a semblé traduit avec une aisance originale, qui vient ou de la grâce du sujet, ou de la facilité supérieure que donnent un long exercice et une lutte savante contre des beautés bien plus rebelles à la traduction.

On agite dans ce dialogue plusieurs questions de curiosité, telles que les avantages de la poésie et de l'éloquence, la supériorité des orateurs anciens sur les modernes.

Tacite repousse le préjugé qui déprime ceux-ci en faveur des autres. « Le temps, dit-il, amène différents genres d'éloquence; il ne faut pas se hater de juger pire ce qui est dissemblable....

« Cet ancien peuple ignorant et grossier, s'accommodait sans peine de ces harangues interminables, qui cho→ quaient toutes les règles....

Maintenant la pensée du juge devance l'avocat qui parle; et si la rapidité des preuves ne l'entraîne, si l'éclat

des pensées, si l'élégance et le charme des descriptions ne l'invitent, ne le corrompent, pour ainsi dire, il se détache de l'orateur. Le public même qui assiste à nos plaidoyers, cette foule d'auditeurs qui vont et qui viennent, sont accoutumés depuis longtemps à des formes riantes et à un éclat de parure dont ils nous font aujourd'hui une nécessité; et ils ne s'accommoderaient pas plus de cette antiquité triste et rechignée que de voir sur la scène un acteur qui ne ferait que copier Roscius ou Turpion. Nos jeunes gens même, ceux qui ont encore leur talent sur l'enclume, et qui, pour leur instruction, s'attachent à suivre les orateurs, ne seraient pas contents s'ils n'avaient fait qu'entendre un plaidoyer; ils veulent rapporter chez eux quelques traits brillants, et qui méritent d'être retenus....

Il a donc fallu, pour flatter l'oreille et le goût des hommes d'à présent, que dans notre siècle l'orateur se montrât avec plus d'ornements et de recherches. Mais nos plaidoyers n'en agissent pas moins sur l'esprit des juges, parcequ'ils portent à leurs oreilles une douceur plus flatteuse. Eh! pensez-vous que nos temples aujourd'hui soient moins solides, parcequ'au lieu d'être construits simplement avec un assemblage informe de briques et de ciment, l'or et le marbre y resplendissent, y rayonnent de toutes parts?...

« Il en est du discours, dit-il plus loin, comme du corps humain, qui perd de sa beauté si l'on y voit les veines en saillies, les os à découvert; si un embonpoint vermeil, nourri par la libre circulation d'un sang pur et généreux, ne donne à chaque membre sa rondeur, et recouvrant les muscles eux-mêmes, ne les fait disparaître sous des contours agréables. »

LIVRES NOUVEAUX.

Etrennes aux Parisiens patriotes, ou Almanach militaire national de Paris, contenant les noms de tous les citoyens formant le corps de l'armée nationale parisienne, y compris les compagnies du centre, avec un extrait du ré glement rédigé par MM. Brestelle et Aletz, soldats-citoyens de la sixième division; dédiées à M. de Lafayette. A Paris, chez M. Geoffroi le jeune, libraire, quai des Augustins, n° 17; volume de près de cinq cents pages. Prix: 2 liv. 8 sous broché.

Cet ouvrage doit obtenir la préférence sur tous ceux qui ont paru cette année dans le même genre, par l'exactitude du dénombrement et de la nomenclature de cette association fraternelle et militaire, et l'encadrement méthodique qui facilite les recherches. Le zèle laborieux des rédacteurs leur méritera sans doute la confiance des différents corps de l'armée parisienne, qui, en se procurant l'ouvrage, leur feront parvenir désormais tous les matériaux nécessaires à la rédaction périodique de cet utile ouvrage, qui doit acquérir tous les ans un nouveau degré de perfection et de local intérêt.

Mémoires historiques et politiques du comte de Ferrieres-Sauvebauf, faits depuis 1782 jusqu'en 1789, en Turquie, en Perse, en Arabie; mêlés d'observations sur le gouvernement, les mœurs, la religion, le commerce de tous les peuples de ces différents pays; avec les relations exactes de tous les événements qui ont eu lieu dans l'empire ottoman, depuis 1774 jusqu'à la rupture des Turcs avec les deux cours impériales; suivis de tous les détails de ce qui s'est passé de remarquable entre les deux armées de ces trois puissances belligérantes, et d'un calcul raisonné des avantages que les cours de Vienne et de Pétersbourg peuvent retirer de leurs victoires sur les Ottomans. A Paris, chez Buisson, rue Hautefeuille, hôtel Coëtlosquel, n° 20, 2 vol. in-8°. Prix : 6 liv., et 7 liv. franc de port par la poste.

LYCÉE.

La condition malheureuse des paysans polonais a conduit M. de Lacroix à parler de celle des nègres: il n'est guère possible de se méprendre au sentiment qui a dicté le morceau que nous allons citer. Le désir de tout concilier fait quelquefois rêver l'homme de bien; mais il s'exposé à mécontenter également et

celui qu'embrase l'amour de l'humanité, et celurque l'intérêt personnel détermine.

Celui qui vous parle, a-t-il dit, fait profession d'aimer tous les hommes, quels que soient leur couleur et leurs traits; partout où il voit l'injustice, la cruauté, son cœur s'indigne et se soulève.

Dans les pays où, comme en Pologne, l'affranchissement peut se concilier avec la culture, il voudrait que la liberté fût sans réserve, que les seigneurs ne retinssent leurs vassaux sur leurs terres que par la bonté, qu'ils n'exigeassent que des redevances modérées.

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Qu'en Amérique le colon commençât par adoucir l'esclavage, et que la liberté y fût, non pas un droit, mais une récompense.

Il n'encouragerait pas par des primes la traite des nègres, mais il la tolérerait jusqu'à ce que toutes les puissances eussent, par un concert d'humanité, converti l'enlèvement de ces habitants, qui se vendent comme une denrée, en un simple enrôlement.

Nous demandons à la Suisse, à des princes d'Allemagne, des soldats pour aller égorger des hommes; pourquoi n'irions-nous pas chercher des cultivateurs sur la côte de Guinée, à la condition de les ramener libres dans leur pays après dix ou quinze ans de service, à moins qu'ils ne préférassent de demeurer sous les yeux de leurs anciens maîtres? Le même intérêt qui les vend pour toujours, nous les confierait à plus forte raison pour un temps limité.

Ces cultivateurs, de retour dans leurs familles, y rapporteraient les ornements dont ils aiment tant à se parer; ils convaincraient leurs semblables que les blancs ne sont pas des anthropophages. Mille d'entre eux, en voyant les épargnes dont ces émigrants se seraient enrichis, brûleraient du désir de s'enrôler à leur tour.

Ils se présenteraient en foule à la vue de nos navires; ils y seraient transportés librement. Des maîtres d'équipage ne les garotteraient plus impitoyablement pendant le cours d'une longue traversée; ils arriveraient sains et joyeux au milieu de leurs frères.

On ne craindrait plus les insurrections dans les colonies, parcequ'en ramenant les rebelles dans leurs contrées on les échangerait contre d'autres plus dociles, et la crainte de se voir exposés sur le rivage, dénués de tout, les attacherait au travail.

« La nation qui traiterait le mieux ces cultivateurs étrangers aurait la préférence sur les autres; son pavillon serait désiré, attendu. Une alliance se formerait alors entre les trois parties de l'univers, au lieu d'un trafic déplorable.

Ce sont là, j'ose le croire, de véritables vues d'humanité; elles se concilient avec la prospérité de nos colonies, avec l'intérêt de nos villes maritimes, avec l'adoucissement de l'esclavage, et enfin avec les principes adoptés par l'Assemblée nationale..

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depuis le mois de juillet 1789, dessinées et gravées en couleur par M. Ant. F. Sergent, avec un précis historique, imprimé sous la direction de M. Clousier, imprimeur du roi, par les enfants aveugles, en leur maison d'institution, rue Notre-Dame-des-Victoires, no 18; et se vend à Paris, chez l'auteur, rue Mauconseil, no 62.

Cette livraison contient deux estampes, dont l'une retrace le moment du 12 juillet dernier, où les gardes françaises ont repoussé, rue Basse-du-Rempart, un détachement de royal-allemand, commandé par M. le prince de Lambesc.

La seconde représente la délivrance de M. le duc du Châtelet, le 13 de ce mois, poursuivi par le peuple, et sauvé par les gardes françaises, en voulant passer le Bac devant les Invalides.

VARIÉTÉS.

Lettre de M. le duc de Larochefoucauld, député de Paris, à l'auteur de la Partie Politique du Mercure de France.

Le compte que vous avez rendu, monsieur, dans deux numéros du Mercure du mois de janvier, de deux conférences qui ont eu lieu chez moi, et de la fondation du Club des Impartiaux, que vous avez paru lier à ces conférences, a été répété dans beaucoup de journaux, commenté par quelques libellistes, et m'a valu aussi plusieurs lettres particulières; persuadé que l'on doit, le moins possible, occuper le public de soi, j'ai balancé long-temps à prendre la plume; et si je m'y détermine aujourd'hui, c'est que plusieurs de mes amis sont intéressés comme moi à établir l'exactitude des faits, et surtout parce qu'ayant l'honneur d'être hommes publics, nous devons à nos concitoyens compte de nos opinions et de nos démarches lorsqu'elles ont rapport à nos fonctions.

Le premier numéro d'une feuille périodique, intitulée Journal cles Impartiaux, a rapporté plus en détail que les autres ces deux conférences, suite d'une visite que fit M. Malouet à M. de Lafayette, le 29 décembre: ce dernier, dont on connaît le patriotisme, accepta la conversation proposée, parcequ'on semblait l'envisager comine un moyen assuré de produire d'heureux effets; il indiqua le rendez-vous chez moi pour le 3 janvier, et m'en prévint, ainsi que quelques autres de ses amis.

Nous nous réunîmes donc le 3, MM. de Lafayette, de la Coste, de La Tour-Maubourg, de Liancourt et moi; MM. Malouet, de Virieu, l'évêque de Nancy, le chevalier de Boufflers, La Chèze et Rhedon y arrivèrent, et le premier ouvrit la conversation par un discours à peu près semblable à celui qu'il avait tenu le 29 décenibre à M. de Lafayette, et que l'on trouve imprimé avec des guillemets dans le Journal des Impartiaux. Un de mes amis lui répondit que les situations respectives étaient différentes, puisque ces messieurs s'annonçaient comme chargés d'une mission, tandis que nous n'étions que pour notre propre compte. On observa encore que nous ne pouvions pas reconnaître l'existence de deux partis dans l'Assemblée nationale, en avouant pourtant que nous gémissions souvent de la division qui s'y manifestait dans beaucoup d'occasions; que l'établissement d'une négociation du genre de celle qui nous était proposée nous paraissait impossible, parceque, nous bornant à suivre ce que notre conscience et nos lumières nous dictaient, nous n'étions ni chefs ni prosélytes d'un parti, et que nous ne pouvions nous charger de répondre que de nous-mêmes.

La conversation roula vaguement sur plusieurs objets; on nous proposa de nous revoir le 6, ce que nous acceptâmes, et d'y inviter quelques-uns de nos amis; mais aucun du petit nombre de ceux à qui nous

en parlâmes, n'ayant désiré s'y trouver, la seconde conversation fut composée des mêmes personnes que la première. Elle fut vague aussi; et quoique ces messieurs nous parlassent beaucoup de la nécessité de rétablir promptement le pouvoir exécutif, ils ne nous spécifièrent pas quels étaient leurs moyens pour y parvenir, et se bornèrent à nous dire que c'était le premier objet dont on devait s'occuper.

On leur répondit, et je me rappelle leur avoir dit, et avoir été approuvé par mes amis, que c'était bien notre avis, et certainement même la volonté générale, de donner au pouvoir exécutif toute l'étendue et toute la force nécessaires au salut d'un grand empire; mais que ce ne serait pas une suite de décrets faits en peu de jours qui établirait cette force constitutionnelle; que plusieurs des relations du pouvoir exécutif avec le corps législatif, les municipalités et les assemblées administratives, étaient déjà déterminées; que l'on déterminerait successivement les autres à mesure que l'on formerait les différentes parties de la constitution, et que la collection des articles qui, dans chacun des chapitres, traiteraient du pouvoir exécutif, composerait celui dans lequel ses fonctions et ses prérogatives seraient constitutionnellement fixées, mais que ce chapitre devait être le dernier, parceque le pouvoir exécutif était la clé de la voûte, qui ne peut être placée que lorsque toutes les autres parties de l'édifice ont reçu leur forme et leur disposition.

Čes messieurs nous annoncèrent leur projet de rendre compte au public de ce qui s'était passé, d'arrêter et de publier une déclaration de principes impartiaux, et de former un club dans lequel seraient admis tous ceux qui feraient profession de penser comme eux. Nous nous séparâmes, et il n'y eut point d'autre conférence indiquée.

Voilà, monsieur, le récit de ces deux conversations, aussi exact que ma mémoire peut me les rappeler; car je vous avouerai que je n'en ai point tenu note, ne croyant point être dans le cas de faire imprimer. Ce sont les interprétations peu fidèles de divers journaux qui m'y engagent; et comme c'est le vôtre qui le premier en a parlé, je vous prierai de vouloir bien y insérer ma lettre, qui sera la première et la dernière sur cet objet.

Depuis le 6 janvier, nous avons vu paraître les Principes impartiaux, et le club se former; mais, tout en rendant justice aux vues patriotiques des membres de ce club, tout en adoptant plusieurs de leurs principes, il y en a quelques-uns sur lesquels nous sommes certainement d'avis différent; aussi leur profession de foi politique n'a-t-elle été ni adoptée, ni signée par aucun de nous.

Le duc DE LAROCHEFOUCAULD.

BULLETIN

DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE, SÉANCE DU MARDI 9 MARS. Après la lecture du procès-verbal,

M. Ernoux observe qu'il serait peut-être convenable d'ajouter, dans la dernière partie du décret rendu hier, après ces mots : « L'Assemblée déclare qu'elle n'a entendu rien innover dans aucune des branches du commerce, soit direct, soit indirect, de la France avec ses colonies cette expression : « d'Amérique; parceque l'Assemblée n'a point entendu s'atuer sur les colonics d'Asie, ni préjuger la question relative à la Compagnie des Indes.

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M. GUILLAUME: Le décret est à la sanction, on ne peut plus y rien changer.

M. MOREAU DE SAINT-MERRY: Le décret a pour

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