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M. le chevalier de Guer termine son ouvrage en défendant la cause des infortunés qui ne peuvent contribuer aux charges de l'Etat, que l'humanité prescrit de soulager, et que la justice ordonne d'exempter de toute imposition.

Nos contributions, dit-il, sont le prix de la protection que le gouvernement accorde à nos propriétés, à nos richesses, à notre industrie; mais de quelle protection a besoin celui qui, n'ayant que des bras, ne sachant les employer qu'à la culture de la terre, peut à peine se procurer une subsistance grossière? Il doit, comme nous, à la patrie d'exposer sa vie pour la défendre; mais c'est le seul tribut qu'il lui doive; il est injuste, il est barbare de lui en demander un autre. J'ose dire encore qu'il n'y a point de moyen plus sûr de ramener le calme.

Combien cette partie du peuple ne sera-t-elle pas satisfaite, si, après avoir été trompée si souvent par de vaines proinesses, elle voit qu'enfin on s'occupe réellement de son bonheur ! »

A la fin de cet ouvrage se trouve le compte des revenus et des dépenses de l'Etat, rédigé d'après celui de 1788, mais présenté par ordre de matières, ce qui est beaucoup plus commode et plus propre à dévoiler les différents abus.

LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE.

Elisabeth, erbin von Toggenburg; c'est-à-dire, Elisabeth, héritière de Toggenbourg, ou Histoire des dames de Sargan, en Suisse. A Leipsig, chez Weygand; 1789. In-8o de 704 pages.

Depuis peu de temps, Elisabeth est devenue veuve d'un mari qu'elle avait épousé contre son gré, après que Montfort qu'elle aimait, lui eut préféré Berta. Berta et Maria, toutes deux comtesses de Wardenberg, ont les prétentions les mieux fondées sur le comté de Toggenbourg, qu'Elisabeth a eu en héritage de son mari. Celle-ci, quoique naturellement juste, ne veut pas d'abord y entendre; mais après qu'elle a examiné la chose, après qu'elle s'est convaincue de l'innocence de Montfort et de Berta, et qu'elle a vu enfin par quelles cabales Montfort avait été engagé à faire ce qu'il avait fait, elle prend le voile, renonce à toute prétention sur le comté de Toggenbourg, en faveur de Montfort et de Berta, et unit Maria à un homme qui avait voulu l'épouser elle-même depuis qu'elle était veuve.

Voici de quelle manière elle apprend que Montfort et Berta étaient innocents. Dans un cloître où elle allait souvent, elle voit plusieurs portraits de sa famille, elle ne néglige rien pour s'instruire de l'histoire de ceux que ces portraits représentent, et qui peuvent l'intéresser. Enfin on lui raconte aussi celle de deux personnes dont on lui dit d'abord ne pas savoir les noms, et ces deux personnes sont Montfort et Berta.

L'auteur de cet ouvrage n'a peut-être pas assez réfléchi aux longueurs qu'y produiraient nécessairement les biographies épisodiques de plusieurs dames de Sargan; ensuite l'uniformité des scènes jette une grande monotonie dans l'intrigue, sur l'intérêt de laquelle il paraît cependant qu'il a beaucoup compté. Des actions sublimes, de l'héroïsme, de la générosité, de la bravoure intéressante, des persécutions, etc.; voilà ce qu'on trouve dans ce roman et ses épisodes. D'ailleurs, le costume du moyenage y est parfaitement observé; le romancier a tiré un grand parti de l'ancienne histoire de la Suisse; il raconte avec assez de légèreté et de naturel; et en

diminuant un grand tiers de ce livre, on en ferait un ouvrage digne d'être traduit.

MÉLANGES.

Au rédacteur,

J'attends de votre honnêteté, monsieur, une petite correction en ma faveur. Dans votre n° 23, vous attribuez au Journal universel la nouvelle d'un départ supposé de M. le comte de Mirabeau. J'ai l'honneur de vous représenter que je n'ai rien écrit de semblable: vous vous êtes cer tainement trompé en me citant.

Encore un mot, je vous en prie.

M. le comte de Sesmaisons, dans une lettre adressée au Journal général de France et au Mercure de France, témoigne son mécontentement sur un fait attribué faussement, dans mon no 40, au régiment de Condé. Cette nouvelle m'a été adressée par la petite poste, dans une lettre datée de Lille, et j'avoue que j'ai été induit d'autant plus facilement en erreur, que j'avais lu la veille le même fait dans un journal intitulé l'Union, ou le Journal de la Liberté. Je prie donc M. le comte de Sesmaisons, colonel du régiment de Condé, de ne point croire que j'aie eu l'intention coupable de calomnier la conduite de son régiment, lorsque j'ai avancé qu'il avait mis en pièces les armes du prince de son nom; j'ai été moi-même doublement trompé.

AUDOUIN,

rédacteur du Journal universel.

Il a paru, dans une feuille intitulée Assemblée nationale et Commune de Paris, ou Rapport très exact, etc., n° 167, un article dans lequel on assure que dans treize lettres représentées au Châtelet à M. et à madame de Favras, il s'en trouvait une de M. le marquis de Foucauld, membre de l'Assemblée nationale. Cette fausse assertion a été répétée dans plusieurs feuilles périodiques, sans ajouter au nom cité le titre de député. Je déclare que je n'ai jamais connu ni vu de ma vie M. ni madame de Favras, et que je ne leur ai jamais parlé. S'il existe en effet un M. de Foucauld qui ait écrit à ces deux accusés, je proteste qu'il ne m'est point connu, et que je ne suis ni son parent, ni son allié. J'ai cru devoir la publication de cette déclaration à la province qui m'a honoré de sa confiance. Je vous prie de l'insérer dans votre journal.

Le marquis de FOUCAULD LARDIMALIE, député du Périgord.

Extrait des feuilles de Paris.

Le n° 27 des Actes des apôtres (1) paraît: c'est un journal plein de feu et d'imagination, dont l'auteur est bien loin d'adopter les bons principes sur lesquels est fondé le retour de la nation à la liberté.

Dans ce numéro se trouve une parodie d'Athalie: un provincial et un soldat de la garde nationale forment une scène, dont l'esprit est de jeter de la défaveur sur l'Assemblée nationale.

Cet écrit est un abus de l'esprit; on s'y joue du bonheur public, comme d'une illusion théâtrale. Ces gaités licencieuses et déplacées attristent tous les honnêtes gens.

Le triomphe de la bonne cause, quelque assuré qu'il soit, est toujours retardé par ces productions d'un faux amour-propre et d'une vraie cupidité; et ne le fût-il que d'un seul jour, il coûte assez d'inquiétudes, de privations, et même de larmes, pour que l'on ne pardonne jamais à la malignité impuissante un jeu si perfide et si cruel.

AVIS DIVERS.

CAISSE D'ESCOMPTE.

Les actionnaires de la caisse d'escompte ont, dans

(1) Les Actes des apôtres étaient un écrit périodique ré digé par le fameux Pelletier dans un esprit contre-révolution

leur dernière assemblée générale, nommé, conformément à leurs statuts, quatre nouveaux administrateurs MM. Delessart, Tassin, Leray de Camilly et de Vandeuil; et par la même délibération, il a été arrêté que les quatre administrateurs, qui devaient sortir cette année, continueront de remplir leurs fonctions jusqu'à ce que les commissaires des actionnaires, chargés de la refonte des statuts, aient terminé ce travail, qui sera présenté aux actionnaires dans une assemblée générale.

ASSEMBLÉE NATIONALE.

Présidence de M. Target.

SUITE DE LA SÉANCE DU VENDREDI 22 JANVIER.

M. le président annonce la question préalable contre l'amendement de M. de Cazalès.

MM. le vicomte de Mirabeau, de Foucauld et quelques autres, réclament alors qu'au lieu de ces voix confuses, il y en ait une seule qui se présente, et qui forme nettement l'accusation contre M. l'abbé Maury.

M. GUILLAUME: Ne cherchez pas un dénonciateur à M. l'abbé Maury. Il se présente de lui-même ce dénonciateur; c'est moi, et vous allez connaître mes motifs et mes conclusions.

S'il est, ajoute-t-il, des hommes assez flétris dans l'opinion publique pour que leurs injures tiennent souvent lieu d'éloges, il n'appartient qu'aux particuliers, maîtres de leurs actions, de mépriser les outrages de ces individus; mais les corps, et surtout les corps représentatifs, comptables de leur dignité envers leurs mandataires, leur doivent de repousser les offenses qui leur deviennent personnelles. Le corps législatif ayant l'honneur de représenter la nation tout entière, ne peut donc pas, lorsqu'il est offensé, borner sa vengeance au mépris, quel que

Les plus vifs débats s'élèvent. Les injures succè- soit l'agresseur; et il le doit d'autantmoins que le resdent aux raisons.

Plusieurs membres taxés d'aristocrates menacent d'en appeler au peuple.

Un autre se plaint que tout se décide aux Jacobins.

M. l'abbé Maury ne pouvant obtenir la parole, demande si M. le président voulait paralyser le côté droit. Enfin, à la seconde lecture du projet il obtient la parole.

M. L'ABBÉ MAURY: L'arriéré des départements ne forme pas la troisième partie de la dette publique; mais c'est la dette entière que nous devons constater. Il n'appartient pas aux représentants de la nation de couvrir d'un voile la dette qu'ils sont chargés de vérifier. On s'opposera sans doute à ce qu'un comité soit nommé pour la révéler à la France tout entière. Je demande à ceux de cette assemblée à qui la nature a refusé tout autre courage que celui de la honte, ce qu'ils pourront répondre... (De violents murmures s'élèvent de toutes parts.)

On demande que l'opinant soit rappelé à l'ordre; d'autres veulent qu'il soit censuré.

Un membre propose de le bannir de l'Assemblée, et de le faire rappeler par ses commettants.

M. DE MIRABEAU : L'incident fâcheux qui trouble la séance, nous est un grand exemple que la colère est un mauvais conseiller.

pect qu'on a pour ses membres dépend du respect dû à ses décrets, et le succès de ses opérations si importantes au bonheur de l'empire.

Je propose que M. le président écrive au bailliage de Péronne, afin qu'il retire les pouvoirs donnés à place. M. l'abbé Maury, et qu'il envoie un suppléant à sa

M. de Fossigni donne plus d'étendue à la motion de M. Guillaume, en l'appliquant à tous les membres de l'Assemblée; il faut écrire, dit-il, à tous nos commettants pour qu'ils nous changeut tous, vu la division qui règne dans l'Assemblée.

M. Coroller fait une motion plus sévère encore; elle tend à exclure M. l'abbé Maury de l'Assemblée, et à écrire ensuite à Péronne pour qu'il soit nommé un autre député.

tribune, et que l'on a interrompu plusieurs fois, rcM. de Mirabeau, qui est toujours demeuré à la prend la parole:

Si l'un des préopinants n'avait pas cru deviner terrompre; il est chanceux de vouloir être prophète. mon intention, il se serait épargné la peine de m'inDans la chaleur des expressions, le mot d'exclusion a frappé mon oreille; mais je pense que l'on ne peut pas exclure un membre de cette Assemblée, et qu'il ne faut pas juger dans ce moment cette question de droit public; mais on peut écrire aux commettants de retirer leur confiance de celui à qui l'Assemblée a retiré son estime.

Le préopinant a eu le malheur de provoquer votre censure; il a été contre son but par son propre La sagesse de M. Guillaume m'a prévenu sur ce point... Le tort du préopinant est grave, sans doute. emportement pour vous, messieurs, qui devez être Si cette injure avait été attachée à quelque nom parau-dessus de toutes les offenses, sous tous les rap-ticulier, elle eût été une démence si amendable, qu'il ports, permettez-moi d'établir le principe; mais auparavant, je demande que M. le président pose la question nettement, afin que je puisse donner mon opinion.

M. le président répond qu'il a été fait une motion dont il va donner lecture.

M. DE FOUCAULD: De qui est-elle? qu'il se présente...

Plus de cent membres se lèvent à la fois, en disant : C'est nous, ce sont tous les bons citoyens!...

naire; les collections en sont assez rares aujourd'hui. Au reste, ce journal est peu intéressant pour l'histoire parcequ'il contient très peu de faits; sa base était une critique mordante de tout ce que faisait le parti national, L. G.

aurait fallu en envoyer l'auteur aux Petites-Maisons; mais c'est parceque l'injure a le caractère de l'emportement que je me borne à demander que M. l'abbé Maury soit censuré, et que la censure soit portée sur le procès-verbal.

M. L'ABBÉ MAURY: Jamais une maxime générale de morale n'a été une injure; je n'ai accusé ni désigné personne, et personne dans l'Assemblée ne se croit offensé par moi.

M. l'abbé Maury répète ensuite le raisonnement qu'il avait fait et la phrase qui était le corps du délit; mais quelques membres observent qu'il supprimait ces mots, ceux de l'Assemblée, etc.

M. l'abbé Maury nie les avoir proférés. Il ne faut point de commentaire à ma phrase; on ajoute un

mot qui la rend une impudence absurde, et qui me ferait mériter le supplice des fous, comme on l'a dit. Je suis sûr de ma mémoire; je n'ai pas oublié les paroles que j'ai dites, parceque j'avais prévu qu'on me mettrait dans la nécessité de les répéter. J'ajoute qu'il est difficile à un homme qui improvise de mesurer ses paroles; il est impossible surtout d'y parvenir lorsqu'à chaque parole il est interrompu par les hurlements de la rage.

Ce moyen de défense paraissant à l'Assemblée une ouvelle injure, elle en témoigne son indignation. Enfin M. l'abbé Maury termine sa défense en disant: Je n'ai insulté aucun individu, puisque je n'en ai nommé aucun; je n'ai pas manqué à l'Assemblée, puisque ma maxime est générale, et ces mots, ceux de l'Assemblée, ne s'y trouvent pas. Ma phrase est une forme oratoire, et une de ces tournures par lesquelles l'orateur s'adresse aux choses animées et inanimées.

Quelques voix réclament l'ordre du jour; la plus grande partie réclame justice, lorsque M. d'Espréménil croit trouver un moyen justificatif, en disant qu'il y avait des faits convenus et des faits contestés; que les premiers n'étaient point injurieux; qu'à l'égard des autres, il fallait, dans ce doute, juger en faveur de l'accusé; que d'ailleurs les juges ne pouvaient pas être accusateurs et témoins, suivant la maxime des tribunaux.

M. ROEDERER: Dans tous les tribunaux, il ne faut que deux témoins pour prouver un délit: ici les versions sont différentes; mais j'ai recueilli la phrase: qu'il se lève un autre témoin, et la preuve est faite. Quant à l'impossibilité prétendue d'être juge et témoin, je demande comment, dans les parlements, les fautes de discipline pouvaient être jugées et prouvées? Autrement, il faudrait poser en principe que l'on peut impunément troubler l'ordre de l'Assemblée.

Quand j'ai demandé la parole, je voulais proposer une peine grave; mais lorsque j'ai vu que M. l'abbé Maury aggravait ses torts en voulant les justifier, j'ai cru que l'emportement jetait un si grand désordre dans ses pensées, qu'il ne devait plus être comptable de ses actions. Je crois qu'il y a lieu à user d'indul

gence.

La priorité étant demandée pour la motion de M. de Mirabeau, elle lui est accordée.

La motion mise aux voix est adoptée, et l'Assemblée décrète que M. l'abbé Maury sera censuré, et que la censure sera portée au procès-verbal.

-Le district des Cordeliers envoie par une députation une adresse et le procès-verbal de ce qui s'est passé, au sujet du décret de prise de corps décerné par le Châtelet, le 8 octobre, contre Marat, auteur de l'Ami du Peuple.

Le district a empêché l'exécution de ce décret par un pur zèle pour le maintien des décrets de l'Assemblée.

L'Assemblée, désapprouvant la conduite de ce district, et rendant hommage à son patriotisme, rend le décret qui suit:

L'Assemblée nationale décrète que son président écrira au district des Cordeliers, pour l'avertir qu'il se méprend sur les principes qui intéressent la société; que les jugements rendus par les tribunaux doivent être exécutés; que personne ne peut y porter obstacle, et qu'ainsi la délibération que le district a prise de mettre un visa sur les jugements portant décret de prise-de-corps qui doivent s'exécuter dans l'étendue de son territoire a, contre son intention, l'effet de blesser l'ordre public et de renverser les principes.

.L'Assemblée nationale attend du patriotisme du district des Cordeliers qu'il aidera l'exécution de ses décrets, loin d'y porter obstacle.. La séance est levée.

LIVRES NOUVEAUX.

Almanach national pour l'année 1790, contenant: 1o les époques des Etats-Généraux anciens; la liste des membres de l'Assemblée nationale; le journal de ses travaux depuis le 27 mai; les arrêtés et décrets qui en sont émanés;

2o Les noms des membres des départements et des municipalités des villes principales du royaume; les arrêtés et réglements relatifs à leur régime intérieur et aux localités;

3o L'état militaire de la garde nationale de Paris et des milices patriotiques établies dans les diverses villes;

4o Les sociétés de bienfaisance qui se sont formées dans la capitale et ailleurs, avec la liste de ceux qui les composent, l'esprit de leurs réglements et le résultat de leurs opérations.

A Paris, chez Cuchet, libraire, rue et hôtel Serpente. In-8° de 413 pages.

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THEATRE ITALIEN. Auj. 26, au profit des pauvres, Blaise et Babet; et la 2o représ. de Raoul sire de Créqui, THEATRE DE MONSIEUR. — Auj. 26, à l'ancienne salle des Variétés, foire Saint-Germain, la 14 représ. de l'Homme en Loterie, com. en 2 actes, en vers; la 4re représ, de l'Epimenide français, en 1 acle, en vers, dans laquelle débuteront deux acteurs qui n'ont paru sur aucun théâtre; et le Marquis de Tulipano, op. franç., musique del signor Paisiello.

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1 27.

GAZETTE NATIONALE OU LE MONITEUR UNIVERSEL.

POLITIQUE.

DANEMARK.

Mercredi 27 JANVIER 1790.

De Copenhage, le 5 janvier. — A la sollicitation de l'ambassadeur de Russie, le roi a fait grâce de la vie à l'officier suédois Bezeustierna, qui sera renfermé pour le reste de ses jours.

Dans la maison d'accouchements, il est venu au monde, l'année dernière, 783 enfants.

Le nombre des malades reçus l'année dernière à l'hôpital Frédéric a monté à 2,030, dont 1,796 ont été guéris, et 234 sont morts.

On a compté dans cette capitale, dans le cours de l'année dernière, 981 mariages, 3,179 naissances, et 3,849 morts.

Dans l'évêché de Sélande, Copenhague et Bornholm exceptés, 1,844 mariages, 7,136 naissances, et 5,894 morts. Pendant l'année dernière, il est arrivé dans le port de cette ville 4,031 vaisseaux, et il en est parti 4,058. Voici l'état des navires qui ont passé le Sund l'année dernière; savoir:

4,345 danois, 3,501 anglais, 186 de Dantzig, 89 de Boizenbourg, 109 impériaux, 856 prussiens, 1,924 hollandais, 183 de Brême, 57 suédois, 83 de Lubeck, 2 d'Olembourg, 62 de Hambourg, 224 de Rostock, 42 courlandais, 33 portugais, 111 français, 45 américains, 23 espagnols, et 2 vénitiens; en tout, 8,847 navires.

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paiement, même provisoire, desdites pensions, et de tous appointements et traitements à l'égard des Français actuellement absents sans mission expresse du gouvernement; et enfin le séquestre des revenus des bénéfices dont les titulaires français, également absents du royaume, le seront encore trois mois après la publication desdites lettres-patentes.

De Strasbourg. -Adresse du comité de la garde nationale strasbourgeoise à MM. les militaires.

L'affectation et la profusion avec laquelle on a répandu l'affreux libelle intitulé: Avis aux troupes, lui ont peut-être valu une attention qu'il n'eût pas obtenue par lui-même.

Cette production, fruit de l'acharnement de ces hommes vils qui ne voient qu'avec un véritable dépit la régénération du royaume et l'établissement de la liberté, a pour but de vous faire oublier, messieurs, que vous faites aussi partie de la nation, et que nous sommes tous membres d'une grande famille, que depuis six mois ses chefs (l'Assemblée nationale et le roi) travaillent de concert à rendre heureuse. C'est contre vos frères, vos parents, vos amis qu'il vous excite; c'est la révolte contre l'autorité des représentants de la nation et la volonté expresse du roi, qu'il cherche à vous inspirer: on ose vous prêcher le parjure au serment sacré que nous portons tous dans nos cœurs, et qui vous lie, messieurs, ainsi que nous, plus particulièrement que nos autres concitoyens, à la nation, au roi et à la loi; on a l'audace même d'avancer que les intérêts de la nation et du roi sont opposés, comme si le roi pouvait se séparer de la nation, et comme si le cœur paternel de Louis XVI ne le portait pas à resserrer toujours plus étroitement les liens qui l'unissent à un peuple qui l'aime.

Votre loyauté est trop connue, messieurs, pour que nous doutions des sentiments que cet écrit criminel aura excités en vous vous l'aurez rejeté avec indignation, comme un outrage fait à des militaires français. Vous n'improuverez cependant pas la sollicitude de notre zèle, qui nous engage à vous rappeler ce que la fureur des aristocrates leur inspire, et à vous demander une vigilance exacte contre leurs perfides insinuations.

Nouvelles controuvées, menaces ridicules, caresses fausses, craintes mensongères, il n'est rien qu'ils ne tentent contre nous: et ils sont au milieu de vous, messieurs, comme au milieu de nous. Eux seuls, cherchant à vous faire épouser leurs intérêts particuliers, voudraient semer la méfiance et la dissension entre vous et nous, entre l'Assemblée nationale et le peuple; eux seuls prétendent que vous devez trembler sur le sort que cette assemblée vous prépare, et que la patrie va repousser de son sein ou livrer au dénûment de braves défenseurs qui ont bien mérité d'elle.

Nos ennemis sont les vôtres : les vexations que vous avez essuyées viennent de ceux mêmes qui nous opprimaient. Ce sont eux qui, abusant de leur crédit, ont cherché à dégrader le caractère français par cette discipline qui donnait à quelques gens à systè me une autorité usurpée aux dépends du repos de nos généreux soldats, et des sentiments d'honneur qui les distinguent. Si le despotisme pouvait s'armer encore de la force militaire, les agents même qu'il emploirait seraient bientôt ses victimes; car, sous

son régime désastreux, toutes les classes de la so- ! ciété partagent tôt ou tard le malheur général.

Votre patriotisme, messieurs, a déconcerté jusqu'à présent nos ennemis communs; votre couduite a assuré notre tranquillité, mérité notre reconnaissance, fait l'admiration de l'Europe et donné aux militaires de toutes les nations une grande et sublime leçon. Et on veut que vous renonciez à cet honneur; on veut que vous détruisiez ce qui fut en partie votre ouvrage!

Non, messieurs, un égal attachement nous dévouera toujours, les uns et les autres, à cette cause à laquelle des intérêts réciproques nous lient; et pendant que, citoyens libres, nous protégerons avec zele la sûreté intérieure des foyers de vos pères, de vos frères, ce n'est assurément qu'une partie libre que vous chargerez de l'honneur périlleux de défendre contre les ennemis du dehors.

La révolution marche à grands pas, ou plutôt elle est faite. Un cri général par toute la France a réclamé la liberté, et nous l'avons conquise. C'est une lâcheté et une démence de croire que les efforts de ceux qui la redoutent puissent nous ramener sous l'ancienne oppression: ils ne peuvent que retarder quelque temps notre repos par des troubles qui tourneront contre eux-mêmes, et nous prouveront davantage le besoin de l'ordre et la nécessité d'une constitution libre, sans laquelle il n'existe pas.

Rassemblons donc, messieurs, nos efforts pour réprimer, par notre union, les enfants dénaturés de la patric qui osent conju er contre son bonheur; et forsque les ennemis du bien s'entendent avec rapidité d'un bout du royaume à l'autre, soldats-citoyens, ne nous réunirons-nous pas pour affermir la liberté, seul gage de la félicité particulière et publique, et de la durée des empires?

Au rédacteur.

Je n'en tiens, monsieur, au sentiment exprimé dans l'extrait d'une lettre de Strasbourg, que vous avez insérée dans votre numéro du 21 janvier. Plus j'invoque la liberté de tout dire, plus je voudrais gêner la liberté de tout écrire. "

J'entends dire de tout côté qu'un libelle, connu sous le nom d'Adresse aux provinces, inonde la France, et qu'il parvient dans tous les coins du royaume, sans qu'on puisse, nulle part, savoir d'où il arrive. Ce fait n'est pas douteux: toutes les provinces en rendent témoignage. Ii n'en est pas une qui ne flétrisse de son indignation les écrits pervers dont les auteurs ne peuvent déguiser la maligaité.....

Comme l'auteur d'un livre a toujours plus d'esprit que son ouvrage, on pense, avec raison, que les hommes qui composent des brochures condamnables, ont encore plus de méchanceté et de perfidie dans l'âme qu'ils n'en répandent dans leurs écrits. C'est un jugement que la France entière prononce; on n'appelle point de ce tribunal.

Mais je vous dénonce un bruit scandaleux; il faut l'attaquer à sa naissance; plus accrédité, je le croirais dangereux..... Il se répand que, dans plus d'un pays, l'Adresse aux provinces arrive à l'adresse des curés, et qu'un certain nombre de ces pasteurs en distribue gratis des exemplaires dans les campagnes..... Quand ce fait serait sûr, la révolution n'en serait pas moins certaine; mais je frémis des dangers qu'une pareille calomnie peut avoir dans nos provinces, pour la noblesse, pour le clergé, ainsi que pour une administration qui doit de plus en plus inspirer l'estime et la confiance.

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ADMINISTRATION.

MUNICIPALITÉ DE PARIS. Assemblée extraordinaire de la commune de Paris, du 24 janvier 1790.

Les plumets (porteurs de charbon) au nombre de huit cent douze, pour faire cesser les soupçons injurieux que la calomnie cherchait à répandre depuis quelques jours contre leur patriotisme, ont prêté solennellement, le même jour, dans l'assemblée extraordinaire des représentants de la commune de Paris, tenue à cet effet et présidée par M. le commandant-général présent, le serment de fidélité à

la nation, à la loi, au roi et à la commune de Paris. Aussitôt après le serment, M. le maire a dit: Vive le roi; bénissons la révolution qui nous rend lous frères.

Et ces paroles ont été à l'instant répétées par toute la salle.

le silence; mais à peine l'eut-il obtenu, que, par un Après un temps suffisant, M. le maire a demandé mouvement subit, qui a paru tenir à l'inspiration, les mots de vive le roi, et les applaudissements unisensibilité étaient peintes sur les visages de ces braversels se sont fait entendre de nouveau; la joie, la ves gens qui ne connaissent point la dissimulation; il est presque impossible de voir une scène plus attendrissante.

Au bruit des mêmes applaudissements, on a crié: Vive M. le maire, vive M. le commandant-général, qui ont ensuite témoigné, chacun par un discours de remerciement, combien ils étaient sensibles aux marques d'attachement et d'amitié qu'ils recevaient en ce moment de leurs concitoyens.

Signé CELLIER, DE BLANCHEVILLe, Bertolio,
CHARPENTIER, CHANLAIRE, secrétaires.

TRIBUNAL DE POLICE.

Le tribunal de police a rendu une sentence, le 9 de ce mois, qui renvoie pardevant M le lieutenant-criminel au Châtelet de Paris le nommé Webert, dit

l'Allemand, pour y être son procès fait et parfait, pour avoir vendu et distribué un écrit imprimé, ayant pour titre: Etrennes aur Griselles, et autres papiers aussi imprimés, incendiaires et dangereux pour la tranquillité publique, qui ont été saisis chez lui, et condamne le nommé Giffault à un mois de prison en l'hôtel de la Force, pour avoir colporté, récidiver, sous telles autres peines qu'il apparvendu et distribué lesdits papiers, avec défense de

tiendra.

Ordonnance de police concernant les hôtels et
chambres garnis.

Du lundi 18 janvier 1790. Sur ce qui nous a été remontré par le procureur-syndic de la commune, qu'il se commet des abus journaliers dans la tenue des maisons et chambres garnies, tant de la part de ceux qui louent que de ceux qui y logent; que ces

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