f Voilà, dit l'Accusé, tous les enchantemens De son Juge étonné telle fut la Sentence >> Puiffe toujours le Ciel à tes charmes ré. >> pondre! >> L'envie 'envieuse Paresse est condamnée aux frais. >> Ne cesse pas de la confondre; >> Fais-lui voir tous les ans par un nouvel .effort, >> Que le travail est un trésor. FABLE II. Bacchus & un Satyre. Omne animi vitium tanto confpec Etius in fe Crimen habet, quantòmajor, qui pec cat, habetur. B Acchus, dit-on, prit un jour une lyre: Le Dieu s'en servit mali sur un ton dife cordant 1 Un doigt peu délicat fit jurer l'instrument. Le Dieu s'en offensa. Quoi? dit-il, témé raire, A mes dépens oser te divertir? Méconnois-tu leFils duMaître du tonnerre? : Eh? comment le Fils d'un tel Pere, Repartit le Satyre, a-t-il ofé faillir? En vain de soi-même idolâtre, Où l'on ne peut nous abuser. Ymontez-vous?soyez toujours en garde, Paroissez fans défauts; fi vous êtes Acteur, Votre rôle est brillant. Le Public vous re garde, C'est un sévere spectateur. FABLE III. Le Buste & le Public. A Idem. U beau milieu d'une place publis que Sur un pié-d'estal élevé Un Sculpteur ignorant mit un bufte go thique. Chaque coup de ciseau méritoit la criti que; Rien de moelleux, rien d'achevé; Tout en étoit choquant: aucun ne lui fit grace; Les connoiffeurs, la populace, Tout s'en mocqua. Dans un haut rang 1 Les défauts sont en évidence. Courtisan sans esprit, Magistrat ignorant, L'Apologue est pour vous; même sort vous FABLE IV. attend. Le Palmier & la Gourde." Cito parta, citò dilabuntur... P Roduire de fon crû, c'est toujours le le meilleur. J'en conviens: cependant le charmant La Fontaine, La Fontaine ce beau conteur, Ne s'en est pas toujours donné la peine. Esope, Pilpai, Phedre ont enrichi sa veine; Tout lui payoit tribut de Paris à Péquin. Je ne fors point de ma patrie; Ce n'est niGrec, ni Chinois, ni Romain, C'est un François que je copie. * Au tems jadis étoit dans un Jardin Certain Palmier dont tout le voisinage A près de cent ans fixoit l'âge. Mais de fruits cependant, aucuns. Il est Que cet arbre de sa nature,. Ne donne de ses fruits qu'après un fiecle certain * Jean de Meun, Auteur du 13. fieclea entier. Quand est de moi, serviteur au Palmier, Onc n'en planterai, je vous jure : J'aime trop à jouir. Le Jardinier, dit-on, Mit une Gourde aux pieds. Cette plante est plus promte.. En peu de tems la Gourde monte Au faîte du Palmier : à sa confufion Il la voit s'augmenter. Déja sa fiere hoteffe Embraffe ses rameaux, y ferpente, l'op preffe. Le Palmier se trouve en prison. Chaque moment augmente sa tristesse. La Gourde croît, elle fleurit; Tous ses bras sont chargés de fruit. Il se plaignit enfin. Je ne sçais qui vous : êtes, Lui dit-il; mais d'où vient le mal que vous ... me faites, Contre le droit des gens, contre toute rai fon |