Jettez les yeux sur les Fils des neuf P FABLE ΧΧΧΙ. La Ceinture de Venus. Orté pour les Troyens, Jupiter, dit Homere, Arrêtoit des Destins l'implacable colere. Femme & mari n'ont pas toujours mê mes amis; Junon favorisoit les Grecs leurs ennemis. Hector à leurs dépens signaloit sa vaillance: Junon trembloit pour eux: si dans cette : pensée Il eût entretenu son ame courroucée, Comment l'en détourner ? elle le connoît bien: En vain le prîra-t-elle, il n'écoutera rien. Elle eut recours au pouvoir de ses char mes: De ses mains elle-même arrange ses che veux, Les partage avec art en cent différens nœuds, Prend pour habillement une robe écla tante, Ouvrage de Pallas, où d'une main sça i vante, La Déesse traçant mille desseins nouveaux, plus beaux : Rien ne fut oublié; jusques à la chaussure, Belles, qui voulez plaire, achevez la pein ture: Vous seules vous pouvez le faire digne ment. Pour affûrer encor l'effet de sa parure, Les graces, les amours, & le tendre lan gage, Les sensibles plaisirs, les désirs plus flat teurs, Les entretiens secrets, les petits soins vain queurs, Les doux amusemens, le touchant badi nage, Et l'innocente ruse adroit lien des cœurs. Recevez, dit Venus, ce présent admirable, Et par l'effet heureux d'un charme inex plicable, Souhaitez, grande Reine, & vos souhaits remplis Vous en feront bien-tôt reconnoître le prix. Venus dit, & Junon avec un doux sou rire Prend le tissu charmant, la quitte, & se re tire; Lem S'envole sur son char, & paffant par Le nos, Va trouver le Sommeil, & lui parle en ces mots. Si jamais, lui dit-elle, à mes vœux favorable, Sommeil, tu me fus secourable, Montre-moi dans ce jour ton pouvoir pré cieux : Afsoupis Jupiter, quand facile à sa flamme Des plaisirs les plus doux j'aurai comblé fon ame: Et lui faisant goûter les charmes du repos, Sur ses yeux affoiblis répands tous les pa Le Dieu déja puni pour un pareil service, Refusoit ce secours propice. Mais par une Beauté Junon en vint à bout, Pour avoir Pasithée, il promit, & fit tout. : Jupiter surveillant aux intérêts de Troye, Au fer de ses Troyens livroit les Grecs en proye: Du mont Ida ses regards diligens Soutenoient l'Affiégé contreles Affiégeans. Il conduisoit les coups, dirigeoit chaque fleche, Les Grecs fuyoient enfin, quand le Destin guida L'immortelle Junon au sommet de l'Ida: Dans ses yeux, dans son port Junon pleine de grace, Auprès de son Époux alla prendre sa place, Et d'un air ingénu lui tint quelques dif cours, Dont Jupin en ces mots interrompit le cours : Déesse, que d'attraits en vous je vois pa roître! Non, dans cet heureux jour qui nous unit tous deux, Hymen, Amour, vous ne fites pas naître |