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Ou du moins pas au mal. Onc Chat en ap

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parence,

N'avoit paru si Chat de bien.

Parbleu, dit le Rat, plus j'y pense,
Moins sur cet honnête maintien
Je dois avoir de défiance;
S'il se peut par un entretien
Lions avec lui connoissance.

Et dit, & fait; du côté du Caffard
Notre sot raisonneur s'avance.

Mais il en fut la dupe, & maître Rodilard
Le punit de son imprudence.
Pour début de la conférence,

Le traître étend la griffe & prouve en for

me au Rat,

Que sous les beaux dehors de la simple in

nocence,

On peut être un grand scélérat

1

:

E

FABLE XXIX.

L'Homme à la Montre pris pour Juge.

D

Eux voisins disputoient: l'un dit, il est deux heures;

Vous vous trompez, dit l'autre, à peine est"

il midi.

Chacun avec chaleur soutenoit son parti.

De toutes leurs raisons, cependant les

meilleures,

Etoient qu'ils le croyoient ainsi :
L'opinion étoit leur titre.

Un tiers survient, on le prend pour ar-
bitre :

Notre homme étoit muni du meuble in

dustrieux,

Où l'esprit partageant un point indivisible, A sçu peindre le tems aux yeux, Et nous rendre un instant visible. Il consulte aussi-tôt cet oracle de l'Art :

Pour vous, dit-il à l'un, l'ennui vous en

impose:

Mais vous, dit-il à l'autre, Ami, c'est au

tre chose;

Le tems vous paroît court. Il est une heure

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Sans qui l'esprit vogue au hazard :
Le sentiment trace la route;
Mais si l'on prétend y marcher

Sans l'art, on ne fait que broncher. Nouveau Phisicien A***. ne voit goute; Sa démarche est tremblante, & son pas incertain.

Mais Moliere * en Phisique est celui que j'écoute :

Il ne parle jamais que la Montre à la main.

* M. l'Abbé Privat de Molieres, de la Société de Londres & de l'Académie des Sciences, mort en 1742.

Sur l'art du clair-obfcur, sur la beauté

des touches,

11 faut s'en raporter à Depille, *ou Coy

pel :

Des tons armonieux d'un concert naturel, Au défaut de Luli, je confulte Destou

ches.

* Depille Peintre encore plus illuftre par la théorie que par la pratique.

FABLE XXX.

A

Diogenes & le Rat.

U milieu d'un repas dont la blonde
Cérés

Avoit fait seule tous les frais,

Diogenes, dit-on, las de philosophie,
Examinoit un jour sa vie.

Quel plaifir avoit-il? vivre sous un ton

neau,

Ne manger que du pain, ne boire que de Tout fort auprès du sien étoitdigne d'envie. Plongé dans un morne chagrin,

l'eau,

Il tenoit ce discours, ou quelque autre

femblable:

Il apperçut unRat, qu'enhardifsoit la faim, Comme apres un mets délectable, Courir après un peu de pain, Modestes reliefs de sa table.

Eh? grands Dieux! qu'est-ce que je voi ?

Si je m'afflige, c'est ma faute;

Table ouverte, dit-il, parafites chez moi! Auprès de vous, notre cher Hôte, Ne fuis-je pas un petit Roi?

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Dans nos malheurs, penfons qu'il en

est d'autres

Plus grands encore que les nôtres. Le fort pour vous avare de faveurs, Vous a refusé l'abondance :

N'allez pas d'un Traitant regarder l'opu

lence,

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