La jeunesse de Stendhal ...: Grenoble, 1783-1799

Front Cover
E. Champion, 1919 - 241 pages
 

Other editions - View all

Common terms and phrases

Popular passages

Page xii - Je les écrivais de mémoire ; cette mémoire me manquait souvent ou ne me fournissait que des souvenirs imparfaits, et j'en remplissais les lacunes par des détails que j'imaginais en supplément de ces souvenirs, mais qui ne leur étaient jamais contraires.
Page 101 - Je contractai l'habitude de ne jamais parler de ce qui m'occupait, de ne me soumettre à la conversation que comme à une nécessité importune, et de l'animer alors par une plaisanterie perpétuelle qui me la rendait moins fatigante, et qui m'aidait à cacher mes véritables pensées.
Page 150 - Pincio bâti par les Français, se déploie à la vue. Ce lieu est unique au monde, me disais-je en rêvant, et la Rome ancienne malgré moi l'emportait sur la moderne, tous les souvenirs de TiteLive me revenaient en foule.
Page 385 - J'aime les beaux paysages : ils font quelquefois sur mon âme le même effet qu'un archet bien manié sur un violon sonore ; ils créent des sensations folles ; ils augmentent ma joie et rendent le malheur plus supportable.
Page 74 - Ma manière d'aller à la chasse du bonheur n'avait au fond nullement changé *; il n'ya que cette seule exception: j'étais, pour ce qui constitue le physique de l'amour, comme César serait s'il revenait au monde pour l'usage du canon et des petites armes. Je l'eusse bien vite appris et cela n'eût rien changé au fond de ma tactique.
Page 170 - Tous les faits qui forment la vie de Chrysale sont remplacés chez moi par du romanesque. Je crois que cette tache dans mon télescope a été utile pour mes personnages de roman, il ya une sorte de bassesse bourgeoise qu'ils ne peuvent avoir, et pour l'auteur ce serait parler le chinois qu'il ne sait pas.
Page 74 - Je voulais couvrir ma mère de baisers et qu'il n'y eût pas de vêtements. Elle m'aimait à la passion et m'embrassait souvent, je lui rendais ses baisers avec un tel feu qu'elle était souvent obligée de s'en aller. J'abhorrais mon père quand il venait interrompre nos baisers, je voulais toujours les lui donner à la gorge. Qu'on daigne se rappeler que je la perdis par une couche quand à peine j'avais sept ans.
Page 40 - Elle me raconta que nous étions originaires d'un pays encore plus beau que la Provence (nous, c'est-à-dire les Gagnon), que le grand-père de son grand-père, à la suite d'une circonstance bien funeste, était venu se cacher à Avignon à la suite d'un pape; que là il avait été obligé de changer un peu son nom et de se cacher, qu'alors il avait vécu du métier de chirurgien. Avec ce que je sais de l'Italie aujourd'hui je traduirais ainsi : qu'un M. Guadagni ou...
Page 135 - Saint-Joseph), il élevait ses vers à soie dans la chambre de quelque maîtresse. En ramassant (cueillant) lui-même la feuille de ce mûrier, il tomba, on nous le rapporta sur une échelle. Mon grand-père le soigna comme un fils. Mais il y avait commotion au cerveau, la lumière ne faisait plus d'impression sur ses pupilles, il mourut au bout de trois jours. Il poussait dans le délire qui ne le quitta jamais des cris lamentables qui me perçaient le cœur. Je connus la douleur pour la première...
Page 116 - M. l'abbé Raillane, fut dans toute l'étendue du mot un noir coquin. Je ne prétends pas dire qu'il ait commis des crimes, mais il eSt difficile d'avoir une âme plus sèche, plus ennemie de tout ce qui eSt honnête, plus parfaitement dégagée de tout sentiment d'humanité.