Page images
PDF
EPUB

lui de l'impératrice-reine, et de la czarine, dans laquelle le roi de France, séparant positivement sa guerre particulière contre l'Angleterre, soit en Afrique, en Asie et en Amérique, soit en Westphalie, de la guerre qui se faisait en Saxe et en Silésie, fit connaître aux deux cours, qu'ayant accepté la médiation de l'Espagne pour sa réconciliation avec l'Angleterre, elle était prête à traiter de sa paix personnelle avec l'Angleterre. Que, quant à la guerre regardant directement le roi de Prusse, le roi ainsi que les deux impératrices étaient disposés à donner leurs mains à l'établissement d'un congrès, en autant que les cours de Londres et de Berlin fissent également parvenir leur invitation à toutes les puissances qui se trouvaient directement en guerre avec la Prusse, nommément aux rois de Suède et de Pologne. Voici cette contre-déclaration de la France.

No. II.

Contre-déclaration de Sa Majesté Très-Chrétienne.

Leurs Majestés Britannique et Prussienne ayant trouvé bon de témoigner par l'acte de déclaration qui a été délivré de leur part à la Haye le 25 de novembre dernier, aux ambassadeurs et ministres des cours de Versailles, de Vienne et de Pétersbourg auprès des Seigneurs États- Généraux des Provinces-Unies, que désirant sincèrement contribuer au rétablissement de la tranquillité publique, Elles étaient prê– tes à envoyer des plénipotentiaires dans le lieu qui sera estimé le plus convenable afin d'y traiter sur cet important objet, avec ceux que les parties belligérantes jugeront à propos d'autoriser de leur côté, pour parvenir à un but aussi salutaire.

Sa Majesté le roi Très-Chrétien, Sa Majesté l'impératrice-reine de Hongrie et de Bohème, et Sa Majesté l'impératrice de toutes les Russies, également animées du désir de contribuer au rétablissement de la tranquillité publique sur un pied solide et équitable, déclarent en échange:

Que S. M. le roi Catholique ayant bien voulu offrir sa médiation pour la guerre qui subsiste depuis quelques années entre la France et l'Angleterre, et cette guerre n'ayant d'ailleurs rien de commun avec celle que soutiennent également depuis quelques années les deux impératrices avec leurs alliés contre le roi de Prusse;

S. M. Très-Chrétienne est prête à traiter de sa paix personnelle avec l'Angleterre, par les bons offices de S. M. Catholique, dont Elle s'est fait un plaisir d'accepter la médiation.

Quant à la guerre qui regarde directement S. M. Prussienne, LL. MM. le roi Très-Chrétien, l'impératrice – reine de Hongrie et de Bohème, et l'impératrice de toutes les Russies, sont disposées à donner les mains à l'établissement du congrès proposé; mais comme en vertu de leurs traités Elles ne peuvent prendre aucun engagement relatif à la paix, que conjointement avec leurs alliés, il sera nécessaire, pour qu'Elles puissent s'expliquer définitivement sur le sujet, qu'avant tout, il plaise à LL. MM. Britannique et Prussienne, de faire parvenir leur invitation à un congrès, à toutes celles des puissances qui se trouvent directement en guerre contre le roi de Prusse, nommément à S. M. le roi de Suède, ainsi qu'à S. M. le roi de Pologne électeur de Saxe, lesquels spécialement doivent être invités au futur congrès.

En conséquence de cette déclaration la cour de Versailles ordonna au comte d'Affri, ambassadeur de France à la Haye, d'entrer en explication avec le chevalier Jork, envoyé extraordinaire de la GrandeBretagne. Ces deux ministres eurent plusieurs con

férences qui démontrèrent que la cour de Londres était peu portée à une pacification, et que la déclaration qu'elle avait fait remettre par le prince Louis de Brunswick, n'était, pour s'en tenir à l'interprétation la plus favorable, qu'un acte extérieur de complaisance dont elle avait l'intention de détruire l'effet.

Tandis que le duc de Choiseul, désirant faire jouir la France des douceurs de la paix, voulut d'abord obtenir une suspension d'armes, le prince de Kaunitz, principal ministre du cabinet de l'impératrice MarieThérèse, prévoyant que l'accommodement particulier de la France, entraînerait la pacification générale, exagérait à M. de Choiseul, pour le détourner de son dessein, les difficultés de la négociation qu'il allait entamer. Aussi le prince de Kaunitz s'appliqua-t-il à éluder cette armistice tout en paraissant y consentir, en la fixant à une durée bien trop rapprochée (1). Ce fut en suite des dispositions favorables que le roi de France trouva dans ses alliés, pour concourir

(1) En fixant la durée de l'armistice au 1 juillet, lorsque l'on était déjà en mars, c'était en quelque sorte le rendre illusoire; car ce court intervalle se serait écoulé dans l'espace de temps nécessaire pour faire parvenir la déclaration à la cour de Londres, et en obtenir la réponse. Le duc de Choiseul disait énergiquement: „Il ,,faut conclure de trois choses, l'une: ou que M. de Kaunitz ne fait ,,point d'attention aux distances de notre véritable guerre, quand il ,,propose une suspension d'armes aussi limitée; ou que ce ministre se ,,sert d'une astuce bien grossière, pour avoir l'air de se prêter à ,,notre proposition de suspension d'armes, en même temps qu'il en ,,anéantit l'effet; ou enfin qu'il n'est occupé que des intérêts de la ,,guerre de terre, et qu'il oublie (ce dont je ne doute pas) dans tou„tes les opérations de sa politique, les intérêts de l'allié qui sou,,tient aujourd'hui la maison d'Autriche."

aux moyens, qui pouvaient faciliter et accélérer le rétablissement de la paix générale, que S. M. T. Chr. fit publier le 26 mars 1761, une déclaration tant en son nom qu'en celui des cours de Vienne, de Pétersbourg, de Stockholm et de Varsovie, par laquelle ces puissances invitaient les cours de Londres et de Berlin à renouer les négociations, et proposaient la ville d'Augsbourg pour siége du congrès.

No. III.

Déclaration de Sa Majesté Très-Chrétienne.

Les dispositions à la paix, très-conformes aux sentiments de toutes les parties belligérantes que les rois d'Angleterre et de Prusse ont marquées l'année passée, ayant éprouvé des difficultés qui en ont éloigné le succès, les cours de France, de Vienne, de Pétersbourg, de Stockholm et de Varsovie sont convenues unanimément d'inviter celles de Londres et de Berlin à renouer une négociation aussi salutaire au bonheur du monde, et qui doit intéresser l'humanité de toutes les puissances qui se trouvent en guerre.

Dans cette vue, et afin que l'on puisse procéder au rétablissement de la paix, Elles proposent l'assemblée d'un congrès, auquel Elles croient qu'il conviendrait de n'admettre, avec les plénipotentiaires des parties principales belligérantes, que ceux de leurs alliés. Si les rois d'Angleterre et de Prusse adoptent ce moyen, le roi TrèsChrétien, l'impératrice-reine, l'impératrice de Russie, le roi de Suède et le roi de Pologne, électeur de Saxe, proposent la ville d'Augsbourg pour le lieu du congrès, en observant que LL. MM. n'indiquent Augsbourg, que comme une ville à portée de toutes les parties intéressées, qui paraît remplir par son emplacement la convenance de tous les Etats, et qu'Elles ne se refuseront pas au choix d'une autre ville d'Allemagne, si LL. MM. Britannique et Prussienne la jugent plus convenable.

Le roi Très-Chrétien, l'impératrice-reine, l'impératrice de Russie, et les rois de Suède et de Pologne déclarent en outre qu'ils ont choisi les plénipotentiaires qui seront chargés de leurs intérêts au congrès, dans l'espérance que le roi d'Angleterre, le roi de Prusse et leurs alliés, pour ne pas différer la négociation, feront promptement de leur côté le choix de leurs ministres respectifs.

La simplicité de cette déclaration que pour le bien général les cours de France, de Vienne, de Pétersbourg, de Stockholm et de Varsovie, se sont déterminées à faire aux cours de Londres et de Berlin, leur fait espérer que LL. MM. Britannique et Prussienne voudront bien notifier par une réponse prompte, leurs sentiments sur un objet aussi essentiel au repos et au bonheur de l'Europe.

Par ordre et au nom de S. M. Très-Chrétienne.
Paris, 26 mars 1761.

LE DUC DE CHOISEUL.

Le cabinet de Versailles sentant cependant que la tenue d'un congrès où les intérêts des colonies d'Amérique seraient traités, en même temps que ceux des deux impératrices, de la Suède, de Saxe et du roi de Prusse, serait d'une longue durée, songea à ouvrir par la voie du prince Galitzin, envoyé extraordinaire de Russie en Angleterre, une négociation directe avec la cour de Londres.

Ce fut par son canal que M. de Choiseul fit remettre au cabinet de Londres un mémoire, accompagné d'une lettre à M. Pitt, secrétaire d'État de de S. M. Britannique, dans lequel l'indépendance de la guerre maritime, de la guerre continentale suivie en Allemagne étant convenue, il proposait d'entrer en négociation pour terminer la guerre survenue à l'occasion des limites du Canada; en témoignant à la

« PreviousContinue »