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requiers et exhorte de la manière la plus forte et la plus convenable, de ne pas s'opposer à la marche et aux opérations des troupes que je commande; mais de leur accorder plutôt partout une libre entrée et toute bonne volonté, aide et assistance, que les circonstances pourront exiger. Donné et signé au quartier général de -. Le 13 septembre 1787.

Le gouvernement français avait déclaré le 16 septembre, à la cour de Londres, qu'il ne souffrirait pas qu'on exécutât en Hollande par la force des armes des mesures contraires à la constitution, et qu'il soutiendrait la Hollande de toutes ses forces. En même temps il donna ordre au maréchal de Ségur de prendre des mesures pour le rassemblement d'une armée à Givet (1).

De son côté l'Angleterre déclara, que si le stathouder était attaqué, elle le défendrait, et mit sa marine sur le pied de guerre. Cette menace si positive en imposant au ministère français, il consentit à faire cesser ses préparatifs. Par des déclarations qui furent échangées le 27 octobre, entre les ministres d'Angleterre près la cour de Versailles, lord Dorset et W. Eden, et M. de Montmorin, ministre des affaires étrangères de France, cette affaire fut arrangée. Voici ces deux déclarations (2):

(1) Ce rassemblement ne s'effectua jamais.

(2) La cour de Prusse adhéra formellement à ces déclarations.

No. XVII.

Déclaration des plénipotentiaires de S. M. Britannique près la cour de Versailles, remise au comte de Montmorin, ministre des affaires étrangères en France; du 27 octobre 1787.

Les événements qui ont eu lieu dans la république des Provinces-Unies, ne paraissant plus laisser aucun sujet de discussion, et encore moins de contestation, entre les deux cours, les soussignés sont autorisés de demander, si l'intention de S. M. Très-Chrétienne est de donner des suites à la notification faite le 16 du mois de septembre dernier, par le ministre plénipotentiaire de S. M. Très-Chrétienne, qui, annonçant qu'on donnerait des secours en Hollande, a occasionné les armements maritimes de la part de S. M.; lesquels armements sont devenus réciproques.

Si la cour de Versailles est disposée à s'expliquer sur cet objet, et sur la conduite à adopter vis-à-vis de la république, d'une manière conforme au désir qu'on a témoigné de part et d'autre, de conserver la bonne intelligence entre les deux cours, et toujours entendu aussi, qu'il n'y ait aucune vue d'hostilité d'aucune part, en conséquence de ce qui s'est passé; S. M., toujours empressée de concourir avec les sentiments amicals de S. M. Très-Chrétienne, conviendrait avec elle, que les armements, et en général tous préparatifs de guerre, seraient discontinués, de part et d'autre, et que les marines des deux nations seraient remises sur le pied de paix, tel qu'il existait au premier janvier de la présente année.

A Versailles, le 27 octobre 1787.

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DORSET. WM. EDEN.

No. XVIII.

Contre-déclaration de la cour de France.

L'intention de S. M. n'étant pas, et n'ayant jamais été, de s'immiscer par la force dans les affaires de la république

des Provinces- Unies, la communication faite à la cour de Londres, le 16 du mois dernier, par M. Barthelemy, n'ayant eu d'autre objet, que d'annoncer à cette cour une intention, dont les motifs n'existent plus, surtout depuis que le roi de Prusse a fait part de sa résolution; S. M. ne fait aucune difficulté de déclarer, qu'elle ne veut donner aucune suite à la déclaration ci-dessus mentionnée, et qu'elle ne conserve nullement aucune vue hostile, relativement à ce qui s'est passé en Hollande. En conséquence, S. M., désirant concourir avec les sentiments de S. M. Britannique, pour la conservation de la bonne harmonie entre les deux cours, convient avec plaisir, avec S. M. Britannique, que les armements, et en général tous préparatifs de guerre, seront discontinués de part et d'autre; et que les marines des deux nations seront remises sur le pied de paix, tel qu'il existait au premier janvier de la présente année.

A Versailles, le 27 octobre 1787.

Le comte DE MONTMORIN.

En conséquence de la déclaration et contre- déclaration échangées aujourd'hui, les soussignés, au nom de leurs souverains respectifs, conviennent, que les armements, et en général tous préparatifs de guerre, seront discontinués, de part et d'autre; et que les marines des deux nations seront remises sur le pied de paix, tel qu'il existait au premier janvier de la présente année.

A Versailles, le 27 octobrè 1787.

Le comte DE MONTMORIN.

Dorset. W. Eden.

Les opérations militaires dirigées par le duc de Brunswick, eurent un succès complet: déjà le 18 septembre, Dordrecht, un des principaux siéges des ennemis de la maison d'Orange, que le patriote Gyzelaar avait exaltés jusqu'à la fureur, se rendit par capitu

lation; et Rotterdam fit sa soumission. La ville d'Amsterdam et le nord de la Hollande, défendus par les inondations espérant toujours recevoir des secours de la France, persistaient seuls encore dans leur système. Bien résolu cependant de détruire le foyer des troubles qui existait dans cette ville, le duc se mit en marche vers Amsterdam le 24 septembre, d'où arrivé à Leimuiden, S. A. reçut une députation de cette ville, qui témoigna qu'elle était disposée à accéder aux résolutions des autres états de la province de Hollande: mais comme elle ne promit pas pour la princesse d'Orange la satisfaction demandée dans la note prussienne du 4 septembre, le duc se refusa d'entrer en aucun arrangement avec elle. Il permit cependant à la régence d'Amsterdam d'envoyer à la princesse une députation pour l'instruire de ces dispositions, et accorda une suspension d'armes jusqu'à l'arrivée de sa réponse. Par suite d'une circulaire du 22 septembre, dans laquelle les états de Hollande ordonnèrent à tous les commandants des places de la province, de ne pas faire résistence aux troupes prussiennes, et de ne respecter aucun ordre de la commission de défense, et en partie par surprise, la ville de Naarden se rendit aux Prussiens. L'armistice ayant été dénoncé le 30 septembre, pour finir le même jour à sept heures du soir, l'attaque sur Amsterdam eut lieu sur quatre points dans la nuit du 30 septembre au 1 octobre. Le 2 octobre

le duc accorda aux patriotes de cette ville un nouvel armistice, parce qu'ils voulaient envoyer à la princesse d'Orange une autre députation, la première ne l'ayant pas trouvée à Schoonhoven. Le duc ayant de nou

veau dénoncé l'armistice le 8 octobre, la ville d'Amsterdam capitula le 10 du même mois aux conditions suivantes:

,,La porte de Leyde sera remise aux troupes prus,,siennes ainsi qu'un faubourg de la ville jusqu'au 15, ,,jour auquel le stathouder mettra dans la ville une ,,garnison de 2000 hommes." Dès le 11, la régence d'Amsterdam fit arborer le pavillon orange sur l'hôtel de ville, ce qui n'empêcha pas qu'il n'y eut encore plusieurs émeutes où même le sang coula plus d'une fois; et que les compagnies bourgeoises ainsi que les corps francs ne restassent unis et armés jusqu'au 20 octobre, six jours après l'entrée des troupes de la république.

Déjà le 18 septembre, les prétendus états de Hollande avaient brusquement quitté la Haye pour transférer leur siége à Amsterdam; l'assemblée d'Amerfort revenue à la Haye cassa tous les arrêts qui avaient été rendus contre le stathouder et invita le prince à revenir travailler avec les états au rétablissement de la constitution. Il arriva le 20, et fut suivi par son épouse et ses enfants. La révolution qui s'opéra dans les Povinces-Unies fut complète. L'autorité du stathouder fut consolidée, mais sans qu'on pensa à lui donner un pouvoir qui ne fut fondé dans la constitution, ni à lui sacrifier la liberté publique.

Une résolution des états de Hollande du 13 octobre, destitua et déclara à jamais inhabiles à servir la république dix-sept régents qui avaient pris une part directe à l'outrage fait à la princesse d'Orange; et ce fut à cet acte de rigueur que se borna la sa

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