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renvoyer en mer aussitôt que ses vaisseaux seraient en état de tenir la mer, et que le temps et le vent le permettraient, et qu'elles l'y forceraient dans un cas de nécessité. Que L. H. P. étaient assurées, que S. M. en verrait leur déclaration invariable: qu'elles ne feraient rien dont pouvait résulter avec raison la reconnaissance de l'indépendance des colonies américaines de S. M.; et qu'elles n'accorderaient à Paul-Jones ni secours ni asile, mais qu'elles étaient provoquées à laisser tout dans l'état où il était peu de temps avant l'entrée des vaisseaux, d'après l'ancienne coutume de traiter ceux qui cherchaient à éviter dans leur rade les dangers de la mer, sans rechercher ce qu'ils avaient fait en mer ni sans en prendre notion. Que L. H. P. se flattaient que S. M. et la nation britannique, pour lesquelles elles avaient la plus haute considération, se contenteraient de cette conduite, sans persister à vouloir obtenir la restitution demandée.

Cette même résolution des États- Généraux renferme

encore:

„Qu'on écrirait au college de l'amirauté à Amsterdam, ,,afin qu'il fasse reconnaître à Paul-Jones, que L. H. P. ,,étaient assurées, qu'il n'était entré dans le port que pour ,,mettre en sûreté ses vaisseaux contre les dangers de la ,,mer, qu'il avait eu assez de temps pour les mettre ,,en état de faire voile, et qu'en conséquence elles de,,mandaient qu'il mit à la voile le plutôt possible, si le „temps et le vent le lui permettraient, parce que L. H. P. „ne pouvaient lui accorder un séjour plus long; que comme ,,l'approche de l'hiver pouvait donner occasion aux plus „grands inconvénients, il était nécessaire, pour les éviter, ,,qu'il n'hésitât point de mettre à la voile: que c'était l'in,,tention sérieuse de L. H. P. et qu'elles ne s'attendaient ,,pas qu'il les obligeât par sa résistence, à des mesures bien „désagréables pour lui. Que, pour en avoir toute la sù,,reté possible, et pour prévenir les retardements, S. A. ,,serait priée, d'ordonner au vice-amiral Reynst ou à

,,l'officier commandant la rade du Texel, de veiller bien ,,soigneusement, que le dit Paul-Jones quittàt le port avec ,,ses prises, aussitôt que le temps et le vent le permet,,traient; et quand la nécessité le demandait, d'effectuer par „tous les moyens nécessaires, même par la force, que les „ordres de L. H. P. relatives à la rade, seraient remplis."

Cependant l'Espagne, excitée par la cour de Versailles, avait déclaré la guerre le 26 juin à la GrandeBretagne; cette dernière était menacée d'une descente de la flotte bourbone, et Gibraltar, dont la possession avait été garantie solennellement par la république dans le traité de la Barrière, était attaquée par l'Espagne. Par toutes ces raisons la cour britannique se vit obligée de réclamer le secours promis par les ÉtatsGénéraux, dans les traités de 1678 et 1716, et c'est par le mémoire ci-après du 22 juillet 1779, que le chevalier Yorck s'adressa aux États-Généraux en cette occasion.

No. XVII.

Mémoire du chevalier Yorck, ambassadeur de S. M. Britannique à la Haye, adressé aux États-Généraux des Provinces Unies des Pays - Bas; du 22 juillet

1779.

Hauts et Puissants Seigneurs!

Depuis que la France par sa déclaration faite à Londres le 13 mars de l'an passé, a achevé de développer ses vastes et dangereux desseins, que le pacte de famille avait déjà annoncés à l'Europe; celle-ci a été témoin de la conduite sage et modérée du roi de la Grande-Bretagne, qui a tàché d'éloigner le fléau de la guerre, évitant autant que possible d'y envelopper ses voisins et alliés.

Une conduite pareille, fondée sur la modération la plus marquée, paraît avoir enhardi la cour de Versailles au point, qu'après avoir perfidement encouragé des sujets rebelles, sous le masque trompeur de la liberté du commerce, et d'indépendance, à plonger le poignard dans le sein de leur patrie, non contente d'un procédé aussi hostile, la France vient encore, après avoir entraîné l'Espagne dans ses vues, sans aucune querelle nationale, et sans pouvoir même alléguer aucun motif plausible pour colorer sa conduite, de faire éclater de plus en plus ses projets dangereux contre la Grande-Bretagne même, et d'annoncer, avec tout l'appareil impérieux de son ambition reconnue, une invasion dans les îles britanniques.

A la nouvelle de ces préparatifs extraordinaires et multipliés, V. H. P. auront d'avance justifié les instances pressantes et réitérées que le roi de la Grande-Bretagne n'a pu se dispenser de leur faire au sujet des munitions navales, et les trouveront par le danger notoire de l'Angleterre, justifiées pleinement vis-à-vis de cette partie de leurs sujets qui réclame toute restriction, que l'amitié et la justice sollicitent également en faveur de la demande de ma cour.

Mais ces moyens, qui ne sont dans le fond que des palliatifs pour prévenir un mal futur, ne sont plus de saison; le danger est devenu pressant, le remède doit être prompt. Les stipulations d'un traité fondé sur l'intérêt du commerce seul doivent céder à celles qui sont fondées sur les intérêts les plus chers aux deux nations. Le moment est venu pour décider si la Grande-Bretagne, qui a tant répandu de sang et de trésors pour secourir les autres, et pour maintenir la liberté, et la religion, n'aura d'autre ressource, contre la malice et l'envie de ses ennemis, que son courage et ses propres forces: si elle se verra abandonnée par ses plus anciens amis et alliés, aux vues ambitieuses de la maison de Bourbon, qui veut tout écraser, pour dominer surtout; et si l'Europe en général, et V. H. P. en particulier, verraient avec indifférence établir un système qui détruirait

évidemment cet équilibre, qui est le seul garant de la sûreté de leur commerce, de leur liberté, et de leur existence même. Le roi, H. et P. S. a une trop haute opinion des lumières, de la bonne foi, et de la sagesse de la république, pour douter un moment des sentiments de V. H. P. en pareille occasion; une nation dont les fastes ne contiennent presque que le récit des dangers que l'ambition de la France a fait naître successivement; dont les beaux jours sont marqués par l'union la plus intime avec l'Angleterre; une nation enfin, accoutumée à exiger l'exécution littérale et rigoureuse d'un traité onéreux, a trop de génerosité pour manquer à ceux qui ont réuni les intérêts des deux nations depuis plus d'un siècle.

C'est dans cette persuasion, jointe à ce qu'il y a de plus sacré entre les hommes, que le soussigné ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du roi de la Grande - Bretagne a par ordre exprès, l'honneur de notifier à V. H. P. que le danger, qui menace ses royaumes, met S. M. dans la nécessité de réclamer, sans perte de temps, les secours stipulés par les traités de 1678 et autres; et dont le casus foederis est si clairement expliqué dans l'article séparé de 1716. Elle les attend avec la confiance d'un voisin qui n'a jamais manqué à ses engagements, et se confie au reste dans la bénédiction divine sur la justice de sa cause et sur la fidélité et la valeur de ses sujets. Le soussigné attendra avec la plus vive impatience, une résolution précise, prompte et favorable, et est prêt à conférer avec les députés de V. H. P. sur les mesures ultérieures à prendre.

Fait à la Haye, le 22 juillet 1779. ́

Le chevalier YORCK.

Quatre mois s'étant écoulés sans qu'il fut fait une réponse à ce mémoire, l'ambassadeur d'Angleterre à la Haye eut ordre de rappeler aux États - Généraux leurs engagements avec S. M. dans le cas du casus foe

deris. C'est par le mémoire ci-après que le chevalier Yorck s'acquitta de cette commission:

No. XVIII.

Mémoire du chevalier Yorck, ambassadeur de S. M. Britannique à la Haye, adressé aux États-Généraux des Provinces- Unies des Pays-Bas; du 26 novembre 1779.

Hauts et Puissants Seigneurs!

Le roi n'a pu voir sans surprise le silence qu'on a observé à son égard sur le mémoire, que par ordre de S. M. le soussigné a eu l'honneur de présenter à V. H. P., il y a plus de quatre mois, pour demander les secours stipulés par les traités. S. M. n'aurait pas réclamé l'assistance de ses alliés, si elle n'eût été pleinement autorisée par les menaces, les préparatifs, et même les attaques de ses ennemis, et si elle n'eut pas cru V. H. P. aussi intéressées à la sûreté de la Grande-Bretagne qu'à leur propre conservation. L'esprit et la lettre des traités déposent également cette vérité; V. H. P. sont trop éclairées et trop justes pour se dispenser de l'observer, surtout après avoir elles-mêmes sollicité l'adition de l'article séparé du traité de 1716, où le casus foederis se trouve stipulé d'une manière claire et incontestable. La déclaration hostile faite à Londres par le marquis de Noailles, l'attaque de l'île de Jersey, le siége de Gibraltar et toutes les autres entreprises aussi notoires, sont autant de preuves d'une agression manifeste et bien caractérisée; d'ailleurs V. H. P. ont vu pendant l'été, qui vient de finir, les forces combinées de la maison de Bourbon évidemment dirigées à l'attaque des royaumes de S. M.; et quoique les mesures rigoureuses du roi, le zèle et les efforts patriotiques de la nation anglaise, soutenus de la bénédiction divine, ayant heureusement suspendu jusqu'ici ces desseins ambitieux, le danger existe

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