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CAUSE PREMIÈRE.

Négociation entre la France et la GrandeBretagne, au sujet des différends élevés entre ces deux puissances, pour les limites du Canada et le commerce des pelleteries; commencée le 26 mars 1761, et rompue le 20 septembre de la même année.

Le commencement de la guerre qui en 1756 éclata

entre la France et l'Angleterre, par suite des discussions qui s'étaient élevées entre les deux gouvernements au sujet des limites de l'Acadie et du Canada (1) ainsi que sur le commerce des pelleteries, avait été favorable à la France.

La prise de Minorque et celle du fort St. Philippe, qui malgré les efforts de l'amiral Bing, battu par le comte de Galissonnière, eut lieu en juin 1763,

(1) Les expressions vagues dont, en rédigeant le traité d'Aix-laChapelle, on se servit pour determiner la limite entre les possessions des deux nations en Amérique, entretinrent le feu de la discorde et firent éclater les hostilités, dès 1755.

la reddition de plusieurs forts dans l'Amérique septentrionale et d'autres succès de ce genre, semblaient être d'heureux présages pour l'avenir. La guerre continentale toutefois étant venue se mêler tout à coup à la guerre maritime, la France perdit bientôt les avantages qu'elle avait acquis (1).

A Hastenbeck le maréchal d'Estrées triompha, il est vrai, de l'armée hanovrienne, commandée par le duc de Cumberland, que le maréchal de Richelieu, successeur de M. d'Estrées, força ensuite à capituler à Closter-Severn; d'un autre côté le maréchal de Broglie défit en 1758 à Bergen, le prince Ferdinand de Brunswick; mais les déroutes de Rossbach, de Crevelt et de Minden, bien plus décisives que ne l'avaient été ces succès, firent perdre à la France presque tous les avantages qu'elle avait su gagner dans l'Empire.

Dans la lutte avec l'Angleterre, les armes françaises éprouvèrent encore de bien plus grands revers: car si le duc d'Aiguillon battit aussi le 11 septembre 1758, les Anglais débarqués sur les côtes de Bretagne, ceux-ci s'emparèrent, le 7 juin 1761, de Belle-Isle.

(1) Cette guerre entre la France et l'Angleterre se confondit avec celle qui éclata entre le roi de Prusse d'une part, l'Autriche, la Saxe, la Russie, la Suède et la France de l'autre; guerre comme sous le nom de guerre de sept ans. George II employa tous les moyens que la politique lui fournissait, pour préserver son électorat d'Hanovre de toute attaque dans le cas qu'il éclaterait une guerre continentale. C'est dans ce but que les traités de subside avec Hesse Cassel du 11 juin 1755, l'alliance de Pétersbourg du 30 septembre de la même année, celle de Westminster du 16 janvier avec la Prusse, furent conclus.

Dans l'Inde, les Anglais se rendirent maître de Pondichéri, dont ils dispersèrent la colonie Mahé, sur la côte de Malabar; et en Afrique, les forts élevés sur les bords du Sénégal, ainsi que l'île de Gorée tombèrent en leur pouvoir.

Dans l'Amérique du Nord l'armée française, après la bataille navale si désastreuse de Québec, où le marquis de Montcalm et M. Wolfe, les généraux en chef des deux armées, y perdirent la vie, fut obligée d'évacuer tout le Canada.

Indépendamment de cela la France perdit successivement encore la Guadeloupe, la Désirade, MarieGalante, la Martinique, la Grenade, St. Vincent, St. Lucie; et St. Domingue était déjà l'objet de leurs préparatifs menaçants.

L'alliance de la France avec l'Espagne ou le pacte de famille du 15 août 1761, ne changea point la face des choses en faveur de la première; mais fit seulement partager à l'Espagne ses désastres. Le port de la Havanne et l'île de Cuba furent conquis par les Anglais le 12 août 1762; et dans l'Asie, Manille fut envahi par eux. tugal ayant refusé de s'unir aux cours de Versailles et de Madrid, une armée française s'empara de Miranda, ainsi que d'Alméida; mais les Portugais, appuyés des secours de l'Angleterre, surent arrêter les progrès des Français.

Le roi de Por

Les escadres françaises, dans presque toutes les actions, à l'exception du combat de Mahon, avaient été battues, et les Anglais, maîtres de la mer et de

la majeure partie des colonies de la France, avaient détruit tout espoir de fortune.

La mort d'Elisabeth, impératrice de Russie, arrivée le 5 janvier 1762, pendant la guerre, avait été très- favorable à la cause de la Prusse et de l'Angleterre. Pierre III qui succéda à cette princesse, grand admirateur de Frédéric II, avait donné ordre à ses troupes de se joindre à celles de la Prusse.

Le duc de Choiseul voyant le peu de succès des armes françaises, avait dit:,,Puisque nous ne ,,savons pas faire la guerre, il faut faire la ,,paix." D'un autre côté, l'Angleterre avait payé ses triomphes par beaucoup de sang; et la Prusse ne continuait la guerre, que par suite de ses liaisons avec la cour de Londres. De part et d'autre, il y avait des dispositions à la paix; et le seul obstacle qui pouvait s'y rencontrer, était dans les conditions imposées par la Grande-Bretagne.

La guerre qui déchirait l'Europe, était en quelque sorte double: l'une, maritime, entre la France et l'Angleterre, l'autre, continentale, entre la Prusse, l'Autriche et leurs alliés, au nombre desquels étaient la France et l'Angleterre; de manière que les puissances se faisaient la guerre, tantôt comme parties principales, tantôt comme auxiliaires.

C'est d'après cette distinction que les cours de Londres et de Berlin firent remettre le 25 novembre 1759, aux ministres de France, de la Russie et à celui de l'impératrice - reine de Hongrie, résidant à la Haye, la déclaration suivante, par laquelle elles

manifestèrent qu'elles étaient prêtes à envoyer des plénipotentiaires dans le lieu le plus convenable pour y traiter conjointement d'une paix solide et générale.

No. I.

Déclaration de Leurs Majestés Britannique et Prussienne; du 25 novembre 1759.

Leurs Majestés Britannique et Prussienne étant touchées de compassion des maux qu'a déjà occasionnés, et que doit nécessairement causer encore la guerre qui s'est allumée depuis quelques années, croiraient manquer aux devoirs de l'humanité, et particulièrement à l'intérêt qu'Elles prennent à la conservation et au bien-être de leurs royaumes et sujets respectifs, si Elles négligeaient les moyens propres à arrêter le cours d'un fléau aussi cruel, et à contribuer au rétablissement de la tranquillité publique. C'est dans cette vue et afin de constater la pureté de leurs intentions à cet égard, que leurs dites Majestés se sont déterminées à faire la déclaration suivante:

Qu'Elles sont prêtes à envoyer des plénipotentiaires dans le lieu qui sera estimé le plus convenable, afin d'y traiter conjointement d'une paix solide et générale, avec ceux que les parties belligérantes jugeront à propos d'autoriser de leur côté, pour parvenir à un but aussi salutaire.

*

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Je certifie que la déclaration ci-dessus est la même qui m'a été adressée par Mr. le comte d'Holderness et par Mr. le baron de Kniphausen, au nom et de la part de LL. MM. Britannique et Prussienne.

Fait au château de Ryswich, ce vingt-cinq de novembre mil sept cent cinquante-neuf.

L. D. de Brunswick.

La cour de Versailles répondit à cette déclaration par une contre-déclaration tant en son nom qu'en ce

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