Page images
PDF
EPUB

Presque tous les sénateurs et les personnes importantes qui avaient pris la fuite à la rentrée des troupes françaises, rassurés par ma modération, demandèrent avec instance à rentrer dans leurs familles, et se soumirent à racheter par leurs parts dans la contribution de guerre les peines qu'ils avaient encourues aux termes de la loi.

Le décret du 18 juin (5) m'ordonnait de former une liste des individus absens; par l'effet de cette mesure les sénateurs de Hambourg et de Lubeck, les individus qui avaient accepté des emplois lors de l'occupation de Hambourg par l'ennemi, et une partie des principaux habitans étaient privés de tous droits civils.

Je sollicitai près de mon gouvernement la grâce de ceux qui avaient été entraînés par les promesses de l'ennemi. L'empereur Napoléon m'ayant autorisé (6) à publier une amnistie en faisant les exceptions que commandaient les intérêts de son service, je réduisis à vingthuit (7) le nombre des individus à porter sur cette liste, après avoir pris l'avis des principales autorités de la ville (8).

Tous étaient absens par le fait, aucuns n'avaient fait d'actes de soumission, et plu

sieurs étaient dans les rangs de l'ennemi. Par de nouveaux ordres datés de Bunzlau, le 7 juin (9), il me fut ordonné d'employer dix mille ouvriers aux travaux de la place.

Par une lettre du 10 juin, de Dresde (10), l'empereur ordonna que toutes les dépenses de l'artillerie, du génie et des approvisionnemens seraient faites aux dépens de la ville.

Par une lettre du 17 juin (11 et 12) il me fut ordonné de saisir tous les bois de construction, mâts, matériaux, courbes, etc. dans les magasins, tant publics que particuliers.

par

Par une lettre du 17 juin (13) l'empereur m'annonce qu'il vient de rendre un décret (14) pour toutes les dépenses de la trente-deuxième division. Il me prescrit en outre de faire payer, en sus des contributions et des quarante-huit millions, toutes les dépenses, excepté la solde, la voie de centimes additionnels (15 et 16). Par un décret du même jour (17), il nomme M. le comte de Chaban intendant-général des finances dans la trente-deuxième division militaire, le charge du recouvrement des impôts et des contributions, et ne me laisse plus que le droit d'en régler l'emploi. La comptabilité repose donc depuis cette époque sur M. le comte de Chaban et sur la commission des

finances qui l'a remplacé, lorsque, victime du plus généreux dévouement, cet administrateur sage, éclairé, intègre, périt d'une maladie prise dans les hôpitaux.

Cette commission, dans le compte qu'elle rendra de sa gestion, donnera à Votre Majesté une preuve de la sagesse et de l'équité qui ont présidé à toutes les opérations des finances pendant la durée de mon commandement.

C'est en mettant à exécution les ordres dont Votre Majesté vient de lire le détail, que j'ai probablement attiré sur moi le reproche d'avoir rendu odieux le nom français par des actes arbitraires; mais la lecture de ces pièces vous aura convaincu, Sire, que je n'ai fait qu'obéir aux ordres et décrets de l'empereur, qui fixent la quotité de l'impôt, en règlent le recouvrement, désignent les habitans qui ont encouru sa disgrâce, déterminent les charges qui ont été imposées à la ville, et désignent jusqu'à la nature des contributions.

Qu'on interroge les peuples de la Pologne, de la Silésie et de la Moravie, et ils diront si je me suis jamais porté à des actes arbitraires dont ils aient eu à gémir, et si par une administration sage, ferme et prévoyante, je n'ai pas allégé pour eux les maux de la guerre, main

tenu l'ordre et la discipline dans les troupes, et fait aimer autant que respecter le nom français.

Pendant l'armistice conclu à Newmarck, l'empereur appela à lui le premier corps d'armée, dont j'avais eu jusqu'alors le commandement, et le confia au général Vandamme. Le treizième corps fut créé à Hambourg : il se composait de nouvelles troupes et de conscrits qui venaient de France ; j'étais chargé de les organiser et de les former en corps d'armée. Le Danemarck, par un traité avec la France, devait y joindre douze mille hommes. Je devais menacer et contenir l'ennemi; donner des inquiétudes au prince royal de Suède, sur ses communications avec la Pomeranie, et me tenir en mesure de profiter des succès que pourrait avoir le corps français qui se portait sur Berlin.

le

Les hostilités recommencèrent le 17 août, et 22, après quelques combats, j'arrivai à Schwerin; je fis occuper Wismar par une division, et j'attendis, dans cette position, les événemens majeurs qui devaient se passer entre les grandes arinées sous Berlin.

Les administrations du pays furent maintenues, nul ne fut inquiété pour ses opinions politiques, ou pour les violences commises

contre les militaires français lors de l'évacuation du pays : aucunes contributions de guerre, ni en argent, ni en effets pour l'usage de l'armée ne furent frappées. L'armée observa la discipline la plus sévère; il n'y eut aucun exemple d'incendie, de vol, de pillage ou d'exactions. J'en appelle aux fonctionnaires publics, aux habitans du pays, et à l'ennemi même, qui en laissa échapper le témoignage.

Les événemens survenus le 22 août près Berlin, ayant dérangé une partie du plan de campagne où je devais, par mes instructions, me borner à suivre les mouvemens de la. grande armée française qui agissait sur ce point, je pensai à prendre une position plus rapprochée, qui couvrît Hambourg et le Holstein, ainsi que cela était convenu par le traité avec le Danemarck, et me mît à même d'attendre les ordres de l'empereur Napoléon.

Les mouvemens des alliés ayant pris à cette époque un caractère sérieux, j'attendais chaque jour de nouveaux ordres sur la conduite que je devais tenir; mais depuis le 18 août jus qu'au 11 novembre je n'en reçus plus aucuns.

Je devais donc prendre pour bâse de mes opérations, mes instructions générales; elles me prescrivaient de regarder Hambourg com

« PreviousContinue »