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malgré lui par son Conseil), ne signala sa puissance. Naturellement humain, il voulait épargner le sang de ses sujets, et cette trop grande bonté ne servit qu'à le conduire à l'échafaud; car si Louis eût montré cette sévérité nécessaire qu'un Monarque doit déployer envers des séditieux, il aurait dissipé dès le commencement les orages révolutionnaires qui vinrent fondre sur lui, et prévenu les malheurs sans nombre qui, après sa mort, accablèrent la France.

Dépouillé des prestiges de la puissance, plus grand encore dans les fers que sur le trône, en bute à tous les outrages, à toutes les humiliations, il déploya un héroïsme digne des siècles les plus reculés. Opposant le calme d'une conscience pure et sans tache à toutes les injures de ses oppresseurs; montrant la résignation d'un martyr : il fut au-dessus de l'humanité, et le souvenir de tant de vertus ne s'éteindra qu'avec le dernier Français. Quel tableau pour la postérité que la vie de cet infortuné Prince! Que de réflexions ne doit-elle pas faire naître sur les grandeurs humaines, en voyant la mort frapper le chef de cette auguste famille, et promener sa faux cruelle sur les autres membres qui la composaient.

Le Ciel vengeur ne pouvait laisser impunis tant de forfaits, et la France reconnut bientôt les marques du courroux céleste. Livrée à l'anarchie, aux guerres intestines et étrangères, changeant sans cesse de gouvernement, gémissant sous le poids de la tyrannie et du despotisme, la France reconnut, mais trop tard, la profondeur de l'abime qu'elle avait

creusé.

Mais que dis-je, la France, ne l'accusons pas... Victime elle-même d'une poignée de séditieux, elle se contenta de gémir en secret, et de verser des larmes sur le sort du meilleur des Rois!

Grand Dieu, que tes décrets sont incompréhensibles! Tu permis qu'au milieu de tant de crimes, un rejeton de cette famille infortunée fût conservé; tu voulus augmenter nos regrets, en douant l'illustre fille de Louis XVI de toutes les vertus de son malheureux père. Cette marque de ta bonté est pour nous la preuve la plus convaincante que tu as daigné pardonner. Permets que l'hommage de tous les Français te remercie de tant de bienfaits. Il est enfin rendu à nos vœux, le digne successeur le digne frère de Louis XVI. Madame la Duchesse d'Angoulême, compagne

inséparable de ses malheurs, l'est aussi de son amour pour nous, de notre amour pour lui. Que de soins ne lui prodigua-t-elle pas dans son exil, sur une terre hospitalière, que ne fit-elle pas pour adoucir sa triste situation. Ah! qu'elle fut bien nommée, en l'appelant l'Antigone française!

Oui, Français, plus de dissentions, plus de trouble, plus de crainte, un nouveau jour se lève sur nous entouré des rayons de l'espérance. La bonté de notre Roi, épurée par le malheur, va rendre à la France cet éclat, cette splendeur, ce bonheur enfin qu'elle n'a cessé de goûter sous le gouvernement de ses illustres descendans. Digne fils de Henri IV, il nous rappelle toutes ses vertus, resserronsnous donc autour du trône; par notre attachement, notre fidélité, aidons-lui à consolider notre bonheur. Notre bonheur, tel est le prix qu'il met aux tendres soins de sa sollicitude paternelle pour nous.

Cette confiance, cet abandon dans notre amitié, ne nous l'a-t-il pas donnée en ne paraissant au sein de la capitale qu'entouré des cœurs de ses sujets, la plus belle garde d'un Monarque.

En montant sur le trône de ses ancêtres, combien de plaies n'a-t-il pas à cicatriser. Les finances altérées, les travaux suspendus par une guerre désastreuse, l'acriculture réclamant les bras des habitans de la campagne, les désastres inséparables de la guerre, rien n'a échappé à sa sollicitude.

Déjà des ordres sont donnés pour réparer tant de malheurs. Déjà les braves militaires qui ont répandu leur sang pour la patrie, ont fixé les premiers ses regards. Des travaux sont ouverts; des congés honorables vont rendre aux campagnes leurs habitans. Déjà le commerce a repris son activité, une paix longue et durable va bientôt consolider son ouvrage; et à peine un mois s'est-il écoulé! c'est donc à nous à seconder tant d'efforts. Assez long-temps nous avons soufferts; que notre zèle, notre amitié, notre attachement deviennent pour lui la récompense la plus flatteuse de ses nobles travaux. Paix, union, concorde, voilà notre devise; amour et bonheur, voilà la sienne. Que nos descendans répètent d'âge en âge : Le plus beau présent du ciel pour un peuple est un bon Roi, et ils eiteront le RÈGNE DE LOUIS XVIII.

"

Nous ne pouvons nous défendre de mettre. sous les yeux du Lecteur la traduction littérale du pseaume troisième, le premier de ceux qui entrent dans la composition des prières des mourans, que Louis XVI récita en allant à l'échafaud. On croirait que ce Cantique fut inspiré au Prophète-Roi pour la situation d'un Roi mourant par le crime de ses sujets révoltés.

PRIÈRE,

« SEIGNEUR, pourquoi mes persécuteurs se sont-ils multipliés! Il est grand le nombre de ceux qui sont en insurrection contre moi.

» Je les entends qu'ils disent : Le Dieu qu'il sert ne l'arrachera pas de nos mains.

Et pourtant, Seigneur, vous me tendez les bras; oui, vous serez ma gloire; et ma tête, qu'ils vont abattre, vous la relèverez.

» Ma prière s'est élevée jusqu'à la Montagne sainte, et le Seigneur m'a exaucé.

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