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>> d'armes ; quand vous aurez la guerre en Italie, » Genève dépendroit de vous à l'amiable, mais..»

Cette lettre infâme finit là, et ainsi, avec des points (a).

Il écrivoit au roi de Prusse pour l'engager à persécuter les jésuites qui l'avoient élevé (b). Dans une autre occasion, croyant la ville de Thorn au pouvoir du roi de Prusse, il l'exhorte à venger sur les prêtres de cette ville, un acte de rigueur, commis cinquante ans auparavant contre des écoliers impies. La réponse du roi fut admirable; il se refuse à cette vengeance; il dit qu'il se contente de faire élever un monument

(a) Genève lui accordoit l'hospitalité la plus généreuse, et il faisoit en secret tous ses efforts pour la perdre, pour l'asservir. Il faut voir, dans ses Lettres, les détails de cette basse duplicité; ils sont horribles, et trop longs pour les rapporter ici.

(6) Il fut puissamment secondé, dans cette persécution secrète, par d'Alembert, qui détestoit aussi les jésuites, et qui, dans toutes ses lettres au roi de Prusse, employoit tout son crédit sur l'esprit de ce prince à tâcher de l'engager à repousser de ses États ces malheureux fugitifs. Mais ce fut en vain ; le roi de Prusse, eut le bon esprit de les recevoir, de les accueillir, de les établir dans une province catholique de la Silésie, de leur permettre d'y fonder des écoles, desquelles sont sortis les hommes de l'Allemagne les plus distingués de ce temps.

sur la tombe du fameux Copernic, qui se trouvoit enterré dans une petite ville de la Varmie, et il ajoute : «< Croyez-moi, il vaut mieux, quand » on le peut, récompenser que punir; rendre >> des hommages au génie, que de venger des >> atrocités depuis long-temps commises. >> Voltaire intrigua vainement pour faire enfermer ou du moins chasser l'anti-philosophe satirique Clé

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ment."

Comme il détestoit les parlemens qui avoient flétri ses ouvrages, il dit et répète dans ses lettres, que lorsqu'ils font des représentations au Roi, ils sont des insolens. Quand le parlement fut exilé à Grenoble, il écrivoit que le Roi méloit à sa bonté des actions de fermeté, et il applaudit fort à cet acte, que dans ses principes il devoit trouver si tyrannique, et contre le seul corps qui eut le droit d'opposer de la résistance à des volontés despotiques. Et quand, par une violence inouie, le parlement fut cassé, il approuva entièrement cette violence, et il écrivit au nouveau chancelier Meaupou des lettres remplies des plus basses flatteries (a).

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(a) Il s'est beaucoup moqué du grand Corneille, parce qu'il avoit dédié une de ses tragédies au sieur Montaurón, trésorier de l'épargne. Il ajoute qu'il est fâché qu'il ne l'ait pas appelé Monseigneur (je le crois bien); mais est-il impossible d'aimer un trésorier de l'épargne? Et si ce trésorier est

Dans toutes ses lettres aux grands seigneurs, il affecte des sentimens pleins de douceur et de modération, et il montre à ses amis une âme haineuse jusqu'à la fureur. Il leur écrivoit qu'il voudroit voir tous les jansenistes jetés dans la mer avec un jésuite au cou. Belle pensée que Diderot a pillée, lorsqu'il a souhaité que le dernier roi fút étranglé avec les boyaux du dernier prêtre (a). Telle étoit la tolérance des philosophistes; aussi telle a été celle des jacobins. Qu'entendoient-ils

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un honnête homme, comme je le suppose d'un ami de Corneille, ne vaut-il pas mieux lui donner cette marque públique d'attachement, que de rendre ce même hommage à la plus scandaleuse concubine de la France, comme l'a fait M. de Voltaire, en dédiant un de ses ouvrages à Mme de Pompadour? Et depuis il prodigua les flatteries à Mme du Barri, qui venoit de faire exiler le duc de Choiseul, bienfaiteur de M. de Voltaire; le duc, pour cette bassesse, se brouilla avec le philo sophe. C'est aussi M. de Voltaire qui, dans son Dictionnaire, au mot Ivette (rivière d'), compare M. de Sartine, lieutenant de police, à Agrippa. Le grand Corneille n'a jamais fait ni de telles actions, ni de telles comparaisons. Au reste, M. de Voltaire a dédié sa tragédie d'Alzire à un négociant, dont l'état n'est pas supérieur à celui de trésorier-général.

(a) On voit même, dans les Lettres de Voltaire et de d’Alembert, qu'ils s'unirent tous les deux pour engager l'impératrice de Russie à faire chasser honteusement de Pékin un vertueux missionnaire de la Chine; mais l'impératrice ne se prêta point à cette étrange animosité.

donc par tolérance? Liberté entière de tout écrire et de tout faire pour eux et leurs partisans; mais violences, despotisme et cruauté contre leurs ennemis.

Les détracteurs de la religion ont soutenu que les guerres religieuses n'ont été connues que parmi les chrétiens. Cette assertion répétée dans tous leurs ouvrages, et particulièrement dans ceux de M. de Voltaire, est d'autant plus extraordinaire, que l'histoire ancienne et moderne en démontre évidemment la fausseté. La religion musulmane est, de toutes les religions, celle qui a causé le plus de guerres et de sanglans démêlés, par les longues divisions des sectes Alide et Omniade; et l'histoire prouve encore que les lois des Grecs et des Romains, ont été décidément intolérantes sur le culte. Cependant M. de Voltaire a écrit: que de tous les anciens peuples, aucun n'a géné la liberté de penser que chez les Grecs il n'y eut que le seul Socrate persécuté pour ses opinions; que les Romains permirent tous les cultes, et qu'ils regardèrent la tolérance comme la loi la plus sacrée du droit des gens. (a)

Je trouve dans le savant auteur des Lettres de quelques juifs, une excellente récapitulation des

(a) Traité de la tolérance; article: Si les Romains ont été tolérans.

traits qui prouvent l'intolérance des anciens; voici cet extrait rapide et détaillé :

>>

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« L'intolérance étoit un principe de législa» tion, une maxime de politique reçue chez les peuples anciens, même les plus vantés. En effet, quand on voit Abraham persécuté pour sa religion dans la Chaldée, et le célèbre Zoroastre, le feret le feu à la main, persécutant dans le royaume » de Touran; quand on voit les Hébreux n'oser » offrir des sacrifices dans l'Égypte, de peur d'ir>> riter le peuple contre eux; les Perses briser les » statues des différens dieux de l'Égypte et de la » Grèce; et les différens nomes égyptiens s'ar>> mer tantôt contre leurs vainqueurs, tantôt les » uns contre les autres, pour défendre ou ven>> ger leurs dieux; il me semble qu'on peut bien » ne pas les regarder comme indifférens sur le » culte............ Ne citons point ici les villes du Péloponnèse, et leur sévérité contre l'athéïsme, le's

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Ephésiens poursuivant Héraclite comme impie, >> les Grecs armés les uns contre les autres par le » zèle de la religion dans la guerre des Amphic» tions. Ne parlons ni des affreuses cruautés que >> trois successeurs d'Alexandre exercèrent con>>tre les juifs, pour les forcer d'abandonner leur >> culte; ni d'Antiochus, chassant les philosophes de ses États; ni des Épicuriens bannis de >>> plusieurs villes grecques, parce qu'ils corrom

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