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sance de la langue flamande, sans spécifier toutefois qu'on l'imposerait aux écoles libres, l'assemblée n'a pu réussir à se mettre d'accord.

Les congressistes n'ont pas paru plus unis, en ce qui concerne l'attitude à adopter vis-à-vis du ministère Schollaert; les deux fractions rivales de la droite sont restées sur leurs positions respectives. Le Journal de Liège a recueilli cette précieuse confession d'un congressiste: « Nous restons unis dans une communion de sentiments religieux, comme toujours; mais, pour le reste, nous pensons comme nous le voulons, comme nous l'entendons. » Il ne semble donc pas que la fameuse «union indéfectible de la droite », dont il a été si souvent question, soit sur le point de se réaliser.

Le grand débat sur la question militaire, qui va être instauré au Parlement, risque d'ailleurs d'envenimer encore les choses. Nous avons fait connaître les principales dispositions du projet élaboré par le ministère. Appelée à examiner ce texte, la section centrale ne parait nullement disposée à y donner son adhésion sans réserves. Sur la proposition d'un de ses membres, M. Melot, elle a pris une décision qui aura sans doute pour résultat de retarder encore le vote de la loi. On sait que le projet Schollaert se contentait de prélever un fils par famille, sans se préoccuper autrement du nombre total d'incorporés que ce système pourrait fournir. La section centrale a adopté un amendement aux termes duquel le Parlement serait appelé, chaque année, à déterminer le nombre des inscrits qui devront former le contingent de l'année suivante. Invité à modifier en conséquence la rédaction de son projet, le gouvernement s'y est refusé purement et simplement. La section centrale paraissant décidée à maintenir sa manière de voir, il est assez malaisé de prévoir comment se résoudra ce conflit. On peut s'attendre, en tous cas, à ce que des débats particulièrement vifs marquent la session parlementaire qui va s'ouvrir.

Dans la fiévreuse atmosphère des Chambres peut-être arriverat-il à M. Renkin de regretter le passé tout proche où il jouissait de la solitude de la brousse. Récemment revenu du Congo, où il a effectué un long voyage d'études, l'honorable ministre des colonies a déjà fait connaître les impressions qu'il a rapportées de son séjour sur la terre africaine. Il n'a pas hésité à affirmer qu'aucune atrocité n'était commise dans la grande colonie belge, et c'est avec la

plus vive indignation qu'il a déclaré repousser les reproches de cruauté si souvent formulées contre l'administration locale. M. Renkin reconnaît cependant que beaucoup de progrès restent encore à réaliser; il se propose de consacrer toute son activité à l'amélioration des voies de communication, à la refonte des impôts, au développement du commerce, à la protection des indigènes, au perfectionnement de l'appareil administratif.

Ce programme n'est guère plus vaste que celui que tout nouveau ministre, à son arrivée au pouvoir, se plaît à formuler avec beaucoup d'ardeur et non moins de sincérité.

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On sait que

II. Une circulaire du ministre de l'intérieur. le législateur français s'est vivement préoccupé, en ces dernières années, d'améliorer les conditions d'hygiène dans les agglomérations. La loi du 15 février 1902 stipule notamment que, lorsque pendant trois années consécutives, le nombre des décès dans une commune aura dépassé le chiffre de la mortalité moyenne de la France, le préfet sera tenu de charger le conseil départemental d'hygiène de procéder à une enquête sur les conditions sanitaires de la commune. Si cette enquête établit que des travaux d'assainissement sont nécessaires, la commune peut être mise en demeure, après l'accomplissement de certaines formalités, d'y procéder dans un délai déterminé.

L'utilité de ces mesures paraît avoir été reconnue par nos voisins qui viennent, à leur tour, d'édicter des dispositions analogues. M. Schollaert, ministre de l'intérieur, vient en effet d'adresser aux gouverneurs une circulaire leur prescrivant de faire procéder à une enquête sanitaire dans les communes où, pendant les années 1904, 1905 et 1906, le nombre des décès a dépassé le taux de la mortalité moyenne du royaume.

Cette enquête, qui sera confiée à un comité composé d'un inspecteur de l'administration centrale, d'un membre de la commission médicale provinciale et du bourgmestre de la localité, visera notamment les faits suivants :

A. — Causes de décès: mortalité infantile, principales maladies transmissibles ou épidémiques constatées au cours de ces dernières années.

B. Salubrité générale de la localité, notamment en ce qui con

cerne l'état de la voirie, l'infection du sous-sol, l'alimentation en eau potable, l'évacuation des matières et eaux usées, les conditions d'entretien et de nettoiement des égouts et aqueducs, le degré de salubrité des habitations.

C. Organisation sanitaire de la commune établissements et services sanitaires et hospitaliers, règlements d'hygiène, mesures prises pour l'exécution des lois et arrêts concernant l'hygiène et la salubrité publique. G. B.

CHRONIQUE DE L'ADMINISTRATION FRANÇAISE

I. Chronique parlementaire. II. La criminalité. III. Recrutement des percepteurs. IV. Service des places. V. Concessions d'établissements de pêche. VI. Cartes potales. Affranchissement. VII. Caisse d'épargne postale. Opérations de 1908. VIII. Petite propriété rurale. IX. Placement des employés, ouvriers et domestiques à Paris. X. Mouvement de la population. - XI. Armée. Les conscrits i'lettrés. - XII. Armée. Morbidite. XIII. Armée. Exemptions pour cause de santé. XIV. Armée. Engagements en 1908. - XV. Circulaires ministérielles.

Convoquées en session

I. Chronique parlementaire. extraordinaire, les Chambres ont repris leurs travaux le 19 octobre.

Sénat. Le Sénat a voté l'urgence, dans sa séance du 26, sur une proposition de loi adoptée par la Chambre des députés et relative à la création d'un diplôme d'État de chimiste expert, mais il en a renvoyé l'examen à la commission. Le même jour a été voté, en seconde délibération, le projet de loi tendant à l'interdiction de la vente et de l'importation du biberon à tube; et l'on a repris la discussion de la proposition ballottée entre le Palais-Bourbon et le Luxembourg, garantissant leur travail et leur emploi aux femmes en couches: le Sénat l'a adoptée en l'amendant de nouveau.

Enfin, le 28, après déclaration de l'urgence, la haute Chambre a voté le projet de loi antérieurement adopté par la Chambre des députés, portant extension de la juridiction consulaire aux ressortissants et aux protégés français dans l'empire d'Éthiopie. Dans les mêmes conditions a été votée aussi une proposition de loi tendant à proroger la date des échéances lorsque le 1er novembre tombe un lundi. De plus, en cette séance du 28 octobre, a eu lieu la reprise des débats, en seconde délibération, de la proposition de M. Paul Strauss, sur la protection et l'assistance des mères et des nourrissons. Chambre des députés. La majeure partie des séances (21, 25,

26, 28-2o, 29) fut consacrée à la discussion en première lecture des propositions de loi tendant à l'établissement du scrutin de liste avec représentation proportionnelle dans les élections à la Chambre des députés. La suite de la discussion de propositions tendant à modifier le tarif général des douanes absorba cependant la séance du 27 et la première séance du 28. Le 29 octobre, on adopta, avec le bénéfice de l'urgence, un projet de loi déjà voté par le Sénat relatif à la création d'un corps d'ingénieurs de l'artillerie navale.

Le conflit survenu entre les négociants en bois et l'administration des forêts domaniales, au sujet de l'application, par le cahier des charges, des responsabilités de la loi de 1898 en matière d'accidents du travail, motiva des interpellations de M. Girod et de M. Ferrette, qui furent discutées le 22 octobre.

La Chambre des députés vota aussi, le 25, après en avoir déclaré l'urgence, une proposition de résolution due à l'initiative de M. Paul Constans, et invitant le gouvernement à défendre devant le Sénat la proposition de loi dont l'objet est d'assurer le secret et la sincérité des opérations électorales.

II.

La criminalité. L'Officiel a publié, le 12 octobre, la statistique criminelle en 1907. Cette statistique met en évidence l'accroissement considérable des crimes commis contre les per

sonnes.

Le nombre des affaires soumises en 1907 aux cours d'assises a été de 2.357, soit 214 de plus qu'en 1906, où il y en avait eu 2.143.

Les 2.357 accusations de 1907 se divisent en 1.395 accusations de crimes contre les personnes (59%) et 962 accusations de crimes contre les propriétés (41 %). Les 2.143 accusations de 1906 se divisaient en 1.187 accusations de crimes contre les personnes (55%) et 956 accusations de crimes contre les propriétés (45%).

Voici le relevé, d'après la nature des crimes, des accusations jugées contradictoirement pendant chacune de ces deux années :

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Deux espèces d'accusations ont présenté, en 1907, un accroissement notable celle des meurtres, pour lesquels l'augmentation est de 22,5%, et celle des coups et blessures ayant occasionné la mort sans intention de la donner, dont le total s'élève de 162 en 1906, à 190 en 1907, soit une augmentation en plus de 17,2%. En ce qui concerne les premières, l'accroissement constaté au cours des dix dernières années porte exclusivement sur les meurtres simples, c'est-à-dire ceux qui ne sont pas accompagnés d'aucune circonstance aggravante motivant l'application de la peine de mort. Cette augmentation des meurtres simples, comme celle d'ailleurs des coups et blessures ayant entrainé la mort sans intention de la donner, est attribuée surtout aux progrès de l'alcoolisme.

L'accroissement des viols et attentats à la pudeur sur adultes et sur enfants serait dû aussi à cette cause: 328 en 1904, 334 en 1905, 331 en 1906 et 380 en 1907.

III. Recrutement des percepteurs. Le ministre des finances a fait signer, le 26 septembre dernier, un décret ayant pour objet d'apporter quelques modifications à la partie du décret du 8 novembre 1907, qui réglemente le recrutement des percepteurs de 4e et 3e classe.

Ces modifications peuvent se résumer ainsi :

En ce qui concerne les nominations aux perceptions de 4o classe :

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