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bunaux en 1906, plus de la moitié

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554.498 se rapportaient à des infractions (offences) à des lois spéciales et locales, et près des deux tiers du reste appartiennent aux principales catégories sui

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De la distribution, par province, de ces crimes et délits, il ressort que les crimes impliquant violence (crimes of violence), c'est-à-dire ceux qui sont compris sous les trois premiers chefs, sont plus nombreux dans la présidence de Madras, au Panjab et dans les Provinces unies qu'ailleurs, mais, en proportion de la population, sont plus fréquents au Panjab et dans la présidence de Bombay. Toujours pendant l'année 1906 :

505 condamnations à mort (424 exécutions, voir ci-dessous). à la transportation.

1.900

133.212

14.984

643.724

21.491

à l'emprisonnement rigoureux.

à l'emprisonnement simple.

à la peine d'amende.

à la peine du fouet.

Prisons. La population moyenne de personnes (y compris les débiteurs civils) en prison en 1906 a été de 101.227 dont 90.054 condamnés, le reste se composant de prévenus (under trial) ou de prisonniers civils. Cette moyenne, bien que considérablement plus élevée que les moyennes des trois années précédentes, est plus basse que celle de 1902.

Sur le nombre des prisonniers condamnés, il s'en trouvait 88.765 dans les prisons au commencement de l'année et 164.722 furent emprisonnés, sur condamnation, au cours de l'année, ce qui fait un total de 253.487, dont 10.755 (4,1%) étaient des femmes; 424 condamnés furent pendus et 1.704 moururent.

Voici la classification des condamnés, d'après la religion:

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On voit par là, dit le rapport publié par l'administration, que la communauté musulmane contribue pour un nombre élevé et disproportionné (disproportionately large) à la population des prisons, étant aux Hindous et aux Sikhs comme 1 est à 2,2, sa proportion à la population totale hindoue et sikh du pays n'étant que de 1 à 3. Les provinces du Bengale oriental et de l'Assam et le Panjab, où il y a une importante (large) population musulmane, figurent pour 45 % des prisonniers de cette religion. Au Bengale et à Bombay il y a une proportion excessive. La plus grande disproportion dans la criminalité, cependant, se trouve parmi les Bouddhistes, qui sont pour ainsi dire entièrement Birmans, ceux-ci représentant 1 sur 10,3 de la population des prisons, alors qu'ils ne sont que 1 sur 23,5 de la population générale.

L'élément européen dans la population chrétienne des prisons se rencontre surtout au Bengale et à Bombay et se compose principalement de soldats et d'hommes appartenant aux professions maritimes (sea faring men). Sur les Eurasiens incarcérés en 1906, 54 % se trouvaient dans les prisons du Bengale, et 19 % dans celles de Madras.

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Parmi les prisonniers en cours de peine durant cet exercice, il y en eut jusqu'à 138.937 (84,3 %) d'illettrés, et 3.420 étaient capables de lire seulement, tandis que 22.471 (13,6%) savaient lire et écrire. Les prisonnières étaient pour ainsi dire entièrement illettrées, puisque sur 8.569, il n'y en a pas plus de 89 qui sachent lire et écrire, alors que 9 étaient en état de lire seulement.

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Après un certain nombre d'autres détails, concernant notamment les professions des prisonniers avant leur incarcération, le rapport passe à la criminalité juvénile; le nombre des jeunes délinquants (youthful offenders) au-dessous de quinze ans reçus en prison durant 1906 a été de 1.148 au lieu de 1.049 l'année précédente. Aux présidences de Madras, Bombay et aux Provinces unies reviennent environ 69% du nombre des jeunes gens envoyés en prison en 1906, la contribution de Madras seul étant de 42 o%.

Le pourcentage des jeunes gens précédemment condamnés au total des prisonniers de cette classe a été de 14,8 en 1906 au lieu de 14,2 l'année précédente.

La reconnaissance du principe qu'une prison n'est pas un lieu approprié pour des adolescents (autres que de jeunes récidivistes, youthful habituals), ayant plus de quinze ans, et par suite ne pouvant être désignés pour être admis (ineligible for admissions) à la Reformatory School, a amené différents gouvernements locaux à examiner un projet qui consisterait à séparer des autres prisonniers les jeunes adultes compris entre les âges de seize à vingt-trois ans, d'après le système suivi dans la prison de Borstal près de Chatham. Un grand avantage signalé en faveur de ce système est qu'un métier utile est enseigné à chacun des jeunes condamnés, que de l'ouvrage leur est procuré au moment de leur libération et que, par suite, ils sont moins exposés à retomber dans la pratique du crime (into criminal habits). Des expériences en ce sens ont déjà été commencées à Bombay et dans le Panjab.

Une autre expérience a été entreprise dans la prison de Thana à Bombay, c'est le régime de séparation d'avec le reste des prisonniers pour les prisonniers qui n'en sont qu'à leur première condamnation, d'une bonne conduite reconnue (of approved good behaviour) et ayant accompli les deux tiers de leur peine. L'objet de cette mesure est de fournir un aiguillon de plus incitant à la bonne conduite (1) et d'introduire une influence réformatrice (reforming) plus forte dans la discipline des prisons. Pour atteindre ces fins, les prisonniers choisis jouissent d'un certain nombre de privilèges qui ne sont pas le partage des autres pensionnaires (inmates) de l'établissement, tels qu'une liberté plus grande dans les relations entre

(1) An additional incentive to good conduct.

eux et avec leurs amis, une nourriture meilleure, ainsi que la liberté d'acheter une petite quantité de tabac et de sucreries, et celle de porter des vêtements ordinaires. La classe séparée ainsi formée est signalée comme ayant fonctionné dans d'excellentes conditions au cours de l'année,

L'instruction publique

VI

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Historique

Situation actuelle

1

Enseignement supérieur, secondaire, moyen, primaire

Il est temps maintenant d'aborder la partie du sujet qui intéresse le plus directement l'avenir même de l'Inde, et celui de la politique anglaise dans ce pays, c'est-à-dire la partie qui concerne l'éducation, l'instruction publique. A cet égard, les mesures prises, le système suivi jusqu'ici par l'administration britannique ont été l'objet de critiques particulièrement vives. Les mots d'insuccès, d'échec même, ont été prononcés. Au cours d'une conférence donnée en février 1908 au Royal Colonial Institute à Londres, M. S. Thorburn, ancien membre du Civil service indien, a dit : « Le fait que le système britannique tend à produire de mauvais citoyens n'est pas à l'honneur de l'Angleterre; au point de vue de l'instruction, on a abouti à un échec; les lettrés sont peu nombreux et mécontents, et les masses sont encore illettrées. » Lord Ampthill, président de la réunion, a, il est vrai, répondu « qu'il ne croyait pas que la proportion de mauvais citoyens fùt plus élevée dans l'Inde qu'ailleurs (1) ».

Il n'en reste pas moins qu'il y a là un ensemble de questions qui appellent la sollicitude particulière de ceux à qui incombe la responsabilité des destinées de l'empire des Indes. Il n'en est que plus intéressant d'essayer de se rendre compte en quoi consiste exactement la situation actuelle.

Toutefois, avant d'entreprendre l'étude de l'état de choses aujourd'hui existant, il paraît indispensable de rappeler, ne fût-ce que de façon sommaire et rapide, les phases antérieures, d'indiquer comment s'est posé et a évolué, au cours du dix-neuvième siècle,

(1) Dépêche coloniale, 17 février 1908.

le problème de l'instruction publique aux Indes. D'ailleurs, dans son remarquable ouvrage : l'Expansion de l'Angleterre, J.-R. Seeley a tracé de main de maître les principaux traits de ce développement, et l'on ne saurait souhaiter ici de meilleur guide.

Tout d'abord, dit cet éminent historien (1), on n'admit pas «< que l'Angleterre dût prendre le rôle de Rome envers son Empire; au contraire, elle devait mettre de côté sa civilisation et gouverner d'après les idées indiennes... Je n'ai que le temps, dans cette lecture, d'indiquer comment nous en sommes arrivés graduellement à renoncer à cette manière de voir et à nous poser hardiment en instructeurs ou civilisateurs. Le changement commença en 1813, lorsqu'au renouvellement de la charte de la Compagnie, on attribua une certaine somme à la rénovation des études et à l'introduction des arts et des sciences utiles. Un comité d'éducation discuta cet acte pendant vingt années. Devions-nous agir d'après notre propre jugement, ou bien devions-nous comprendre l'éducation et la science dans le sens oriental? Devions-nous enseigner le sanscrit et l'arabe, ou l'anglais?

« Jamais, sur cette terre, décision plus grosse de conséquences ne fut discutée. En 1835, sous le gouvernement de Lord Bentinck, une résolution fut prise. Ce fut le mémoire présenté par Macaulay qui résolut la question en faveur de l'anglais. C'est dans ce mémoire même ou dans l'ouvrage de Sir C. Trevelyan (2) que vous pourrez l'étudier. Remarquez seulement qu'on commit un étrange oubli. La question fut posée comme si le choix devait se restreindre entre le sanscrit et l'arabe d'une part, et l'anglais d'autre part. Or ces trois langues sont également, pour la masse de la population, des langues inconnues. L'arabe et l'anglais sont des langues étrangères; le sanscrit est pour les Hindous ce qu'est le latin pour les peuples de l'Europe... >>

Seeley dit encore : « Macaulay a-t-il vraiment pu croire à la possibilité d'enseigner l'anglais à 250 millions d'Asiatiques? Probablement non; il n'a pensé sans doute qu'à créer une petite classe de lettrés... Mais si l'Inde peut être réellement éclairée, évidemment, ce n'est ni à l'aide du sanscrit, ni de l'anglais, mais bien des patois,

(1) Traduction de A. RAMBAUD. (A. Colin, éditeur. 1896.)

(2) Beau-frère de Macaulay, auteur d'une remarquable biographie de l'illustre écrivain.

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