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conftances où l'on gagne plus en cédant qu'en iifquant les malheurs de la guerre.

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VIENNE le 13 Août ). On a longtems déploré la confommation d'hommes & d'argent, occafionnée par la guerre contre les Turcs, & l'on foupiroit ici après le retour de la paix. A peine ce vœu eft-il réalifé par la convention préliminaire de Reichenbach, que des regrets univerfels éclatent de toute part, & que le public fe plaint hautement, non de la conclufion de la paix, mais du peu d'avantage qu'on en retire. L'état des provinces belgiques, les orages qui fe forment en Hongrie la dépopulation des campagnes, lemécontentement des payfans dans toutes les provinces la rareté du numéraire, la ftagnation du commerce, des caufes fi preffantes ne juftifient-elles pas affez la condefcendance du roi, qui veut tâcher de remédier à tant de maux ?

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Après avoir donné la fubftance de la convention fignée à Reichenbach le 27 Juillet, nous croyons devoir en détailler les articles sels qu'ils nous font tranfmis par des lettres particulieres, la Cour. n'ayant encore rien publié fur cet objet. 1°. L'Autriche rend à la Sublime Porte, fans aucune exception, toutes les conquêtes faites durant la guerres 2°. Elle c'engage à ne prendre aucune part à la guerre entre les Turcs & les Ruffes, dans le cas que la pacification ne puiffe devenir générale. 3o. La ville de Choczim reftera en dépôt entre les mains des Autrichiens jufqu'à la conclufion de la paix. 4°. L'Angleterre & la Hollande feront garantes de certe convention. 5o. Le Congrès pour la paix, fe tiendra fous la médiation & garantie de ces mêmes Puiffances

conjointement avec la Prufse. 6o. De fón côté, la Cour de Berlin déclare qu'à l'égard des Pays-Bas, elle n'a contracté & ne contractera aucune obligation qu'elle s'unita aux deux autres Puillances fes alliées pour faire rentrer ces provinces fous la domination de leur fouverain légitime, moyennant l'affurance du rétabliffement des privileges de la Nation Belgique, qui eft promis par le roi de Hongrie en cas de foumiffion volontaire. On attend avec impatience quelle impreffion fera fur les Bra bançons la ftipulation qui les concerne.

Les affaires de la Hongrie s'embrouillent de plus fen plus. Dans la féance de la Diete du 20 Juillet, on décréta de prier S. Maj. de ne point figner la paix fans qu'un miniftre plénipotentiaire hongrois n'eût été admis préalablement aux conférences pour veiller aux intérêts du royaume. Les Hongrois demandent de plus, que déformais un ambaffadeur hongrois réfide à la Porte Ottomane avec un rang égal à celui de l'internonce & qui feroit fubordonné, non à la chancellerie de Vienne, mais à celle de Bude. Its finiffent par propofer plufieurs candidats pour cette miffion. Cette réclamation ayant été apportée ici par M. Fedor, on ne fçait pas encore ce cue le roi a répondu; mais alors la négociation étoit trop avancée pour que la demandé des Hongrois, toute confidération de droic ́à part, fût admiffible. Cependant les Etats avoient réfolu de ne plus s'affembier jufqu'après la réception de la réponfe de S. Maj., & l'on apprend effectivement par les lettres de Bude, qu'il n'y a point eu d'affemblée des Etats de puis celle du 20 Juiller.

En Boheme même, l'affemblée des Etats fait des prétentions inattendues; elle réclame

le droit de difcuter les loix, qui ne pour ront être publiées qu'après avoir été approuvées par elle. Ce fera affurément une tâche bien difficile que de fatisfaire aux prétentions diverfes de tant de provinces, qui affectent de fe confidérer chacune comme un corps ifolé. Les Etats du Tirol ont prêté, le 27 Juillet, foi & hommage au roi, entre les mains de l'archiduchelle Elifabeth, fœur de S. Maj. Après cette cérémonie, qui s'eft faite avec la plus grande folemnité, tous les privileges, droits & coutumes du pays ont été confirmés. Pendant le repas, l'archiducheffe, fuivant un ancien ufage, a bu à la fanté des Etats, placés à une table de 450 couverts.

On fait ici de grands préparatifs tant pour le voyage de Francfort que pour la réception du roi & de la reine de Naples, avec les deux princeffes, qui font attendus dans les premiers jours du mois prochain. La Cour ira les recevoir au château de Laxembourg, où le mariage des deux archiducs fera célébré fur le champ. Leurs Maj. Siciliennes accom pagneront le roi à Francfort; & en s'en retournant, elles enmeneront l'archiducheffe Amélie, destinée au prince de Calabre. On croit que le roi ira jufqu'à Fiume au devant des illuftres voyageurs, & l'on fixe fon dé

part au 19.

Le pacha qui commandoit à Zettin eft un vieillard de 12 ans, qui dit avoir vu 6 fois affiéger cette fortereffe.

Le maufolée du général Laudon, commencé pendant qu'il vivoit encore, fera bientôt achevé. Ce général y eft repréfenté tenant un livre, avec cette fentence tirée de Plutarque: Commemoratio mortis optima philofophia, & enfuite le nom de LAUDON,

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FRANCFORT fur-le-Mein (le as Août). Les ambafladeurs électoraux étant arrivés ici fucceffivement, s'aflemblerent le II de ce mois, pour procéder à l'ouverture de la Diete d'élection. Il s'affemble près de Conftadt, dans le Steckerthal, 3 mille hommes de troupes dù cercle de Souabe. Aufli-tôt que le duc de Wittenberg en aura fait la revue, ils fe mettront en marche pour le pays de Liege. Il vient de paffer devant notre ville encore deux Bateaux chargés de troupes wurtzbourgeoifes pour les Pays-Bas Autrichiens: elles feront fuivies, dans une dixaine de jours, de 4 compagnies d'infanterie & de 2 efcadrons de dragons.

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Le courrier Strens, arrivé le 16 de ce mois de Vienne à Bonn, y a annoncé la marche de 30 mille hommes deftinés pour les PaysBas, dont 8 bataillons d'infanterie hongroife, 8 bataillons d'infanterie allemande, 10 compagnies de chaffeurs, autant d'arquebusiers du Tirol un corps de hulans, le régiment de Haddick, huffards, & deux de cavalerie, avec une artillerte confidérable. Peut-être que la foumiffion des Infurgens détournera les malheurs dont ils font menacés.

I TA LIE.

ROME (le 30 Juillet ). L'infurrection des Avignonnois caufe les plus vives inquiétudes à notre gouvernement, qui, voyant que les moyens de conciliation deviennent inutiles s'est enfin déterminé à s'adreffer à Sa Majesté Très - Chrétienne & aux autres Puiffances pour en obtenir des fecours qui faffent rentrer les habitans d'Avignon fous l'obéiffance de S. S. Dans la dépêche de la fecrétairerie d'Etat, le 17 Juillet, on expofe tous les facrifices que le St. Pere a faits pour fecourir les Avignon

nois dans des tems difficiles; la douceur du gouvernement; la modération des impôts levés fur le Peuple; enfin les troubles, les violences, les attentats, les crimes qui ont fuivi la tévolution. Le St. Pere a épuifé inurilement tous les moyens de conciliation pour ramener fes fujets dans fes bras paternels; mais aujourd'hui fa caufe devient commune à tous les fouverains il efpere que S. Maj. T. Chrét., loin de favorifer la rébellion, interviendra, par fes bons offices, pour ramener les Avignonnois à l'obéiffance qu'ils doivent à S. S.

LIVOURNE (le 2 Août). I paffe pour certain que la république de Gênes fe range du côté des François. Elle propose, en cas de guerre, à l'Affemblée Nationale & au pouvoir exécutif un prêt de 80 millions à la charge toutefois qu'en acquittant les frais que fa défense pourroit caufer, la France la prendra fous fa protection. On n'apprend pas encore que l'acceptation de cette offre ait été prononcée.

Le bruit fe répand qu'une efcadre angloife, commandée par Barrington, eft dans la Méditerranée; qu'elle a débarqué à Nice des troupes & du canon, & qu'une efcadre espagnole on a fait autant. On ajoute qu'il a été envoyé 'dans la même ville 16 mille cartouches & 30 mille à Antibes; qu'on a augmenté les régimens de 500 hommes chacun, &c. (Nouvelles de mer.) Une petite divifion de l'efcadre vénitienne compofée de deux galeres & d'un chebec monté par l'amiral & chevalier Condufmero, a remporté un avantage marqué fur un armement tunifien de 3 galeres & de 3 chebecs L'action s'eft paffée à la vue du port de Tunis où la flottille vénitienne s'étoit poftée pour

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