forcé de figner un billet de 24 mille livres, & lans notre Garde Nationale, il alloit perdre la vie. Ce font les miliciens de l'ancienne formation qui ont occafionné le plus de bruit, pour un fou de foulier par jour, qu'on ne leur a pas payé, difent-ils, depuis 1778. Il a fallu arborer le drapeau rouge & publier la loi martiale. Nos citoyens-foldats ont fait des merveilles; ils avoient, il eft vrai, à défendre contre des hommes égarés leurs propriétés, l'honneur de leurs meres, de leurs épouses, de leurs fœurs & de leurs filles. Nous avons délivré l'intendant ; & ce qu'il y a de fingulier, c'est que lorfque la -générale s'est fait entendre, les mêmes furieux que l'on vouloit calmer & diffiper, fe font réunis fous les drapeaux de la force publique pour ramener le calme & rentrer euxmêmes dans les limites du devoir. Le billet de l'intendant a été annullé par une proclama-tion municipale ».

Suivant les lettres de Lyon, le diftrict de Bourgneuf a rendu les armes le 27 Juillet en conformité d'un Confeil de guerre, pour avoir fait feu fur les Gardes-Suiffes paffant le 26 fur le quai de Serain. Ces citoyens feront privés pendant 3 ans de l'honneur de faire le fervice militaire ; ils ont fubi ce jugement fans fe plaindre & avec, foumifhon. Les tambours, les drapeaux, les fabres, les fufils, les bayonnettes, les gibernes ont été déposés à l'hôtel de ville. On croit néanmoins que cette interdiction fera reftreinte à trois mois, parce que les auteurs de l'infurrection font des brigands étrangers qui ont disparu en voyant leur projet anéanti 19 & parce que les bourgeois ont témoigné un repentir qui follicite, en leur faveur, un adouciffement à la rigueur de la loi.

Il fe forme en Dauphiné un camp d'obfervation, compoté de Gardes Nationales, pour veiller aux mouvemens des troupes piémontoiles. On efpere que cer exemple fera imiré par les Gardes Nationales des autres frontieres. L'évêque d'Avranches, retiré à fa maifon de Campagne, ne vouloit pas officier le 14, jour de la fédération générale; mais la municipalité l'a envoyé chercher, & l'a obligé de célébrer pontificalement; enfuite, bon gré malgré, il a danfé publiquement avec les femmes & files. Les Capucins de cette ville fe font prêtés de meilleure grace à ce divertikement, mais c'eft qu'ils ne perdoient pas. un fiege épi copal.

Quatre-vingts Dames de B*** fe font préfentées le 14 Juillet pour la preftation du ferment civique, & n'ont pas été admifes par le corps municipal. Un des principaux oppofans étoit un mari qui n'avoit pas à fe louer de la fidélité de fa femme. Elles doivent dit-il commencer à remplir le ferment qu'elles ont fait d'être fideles à leurs maris : après cela on les admettra. Dans ce cas, dit un autre elles ne le prononceront jamais. Les femmes ne pourroient-elles pas avec juftice rétorquer l'argument?

Le cardinal de Rohan au lieu de fe rendre à l'Affemblée Nationale, a préféré de renonce à la France & de s'établir dans l'Empire. On dit que les chanoines ont imité fon exemple, que Léopold les a pris fous fa protection, & a nommé un des archiducs fes fils, coa juteur de l'évêché de Strasbourg, pourla partie de ce diocefe qui fe trouve fur les terres de l'Empire. (Cette nouvelle ne nous paroît pas digne de confiance. )

Par des lettres authentiques de la Chine &

de Manille, il paroît que M. de La Peyroufe péri avec fes bâtimens, ou que, jetté fyr une côte inconnue & barbare, il y éprouve un fort pire que le naufrage.

GRANDE-BRETAGNE. ! LONDRES (le za Août). Le roi a prorogé au 12 Octobre prochain le parlement qui devoit s'affembler le 10 Août. Les fynodesde Cantorbery & d'Yorck, dont la réunion étoit fixée au 11 Août, ont été également prorogés au 13 Octobre.

ce

Les mêmes pieces qui ont été publiées par la Cour d'Efpagne, viennent de l'être ici. Ces déclarations conciliatoires font efpérer que la paix ne fera point troublée. Cependant, tout en parlant de paix, les armemens continuent & l'on ne voit que des préparatifs de guerre; n'eft certainement pas pour s'amufer que l'on équipe un auffi grand nombre de vaiffeaux. Peut-être qu'enfin le patriotifme & les lumieres du fiecle éclaireront les miniftres chargés de négocier, & que les Puiffances qui les emploient n'auront pas de peine à fe perfuader qu'il n'y a rien à gagner dans les combats, & que la guerre la plus heureuse eft toujours un fléau pour l'humanité.

Mais avant que la faine philofophie calme les orages politiques, il y aura encore bien du fang de répandu. Le nord de l'Europe les a vus fe former; & la Suede, malgré fes efforts extraordinai es, ne pouvant fe mefurer avec égalité contre un ennemi trop fupérieur, réclame des fecours que des traités lui affurent. En conféquence, les lords commiffaires de notre amirauté, dans un Confeil tenu le 2 de ce mois, ont arrêté qu'il feroit envoyé immédiatement 8 vaiffeaux de 64 canons &

a frégates au fecours des Suédois dans la mer Baltique. Une efcadre hollandoife de 10 vaiffeaux, à peu près de la même force, doir lever l'ancre du Texel pour le réunir aux vaiffeaux anglois dans cette expédition. (On verra fie papier public, intitulé l'Oracle, a eu raifon de publier cette nouvelle. )

On attend ici le corps du général Elliot " lord Heathfield, mort à Aix la Chapelle le 6 Juillet. La patrie reconnoiffante lui fait préparer des obfeques magnifiques, & un uperbe mauiolée érigé dans l'abbaye de Weftminer attestera à la postérité les fervices que ce grand Chomme a rendus à l'Angleterre. Le général Eliot s'étoit rendu à Aix la-Chapelle pour y époufer une perfonne dont il avoit été tendrement épris, & que le tumulte des armes n'avoit pu bannir de fon cœur. Les vieillards nont fans doute pas affez d'énergie pour fe livrer au retour d'une grande paffion: car Te lendemain de fon mariage, le général Elliot a terminé fa carriere. Il étoit écrit que pour remplir fa destinée, il uniroit les myrtes - aux lauriers.—

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PAYS-BAS

BRUXELLES (le 20 Août ). La nouvelle de la convention fignée le 27 Juillet à Reichenbach a fait ici la plus vive impreffion. Le Congrès s'eft hâté toutefois d'en affoiblis l'effet par une déclaration pleine de fermeté qui annonce la réfolution de fe roidir contre les événemens. Mais, abandonnés des alliés fur lefquels nous avions compté trop légerement, & qui paroiffent ne s'être jamais trop avancés, livrés à nous-mêmes, parce que nous ne pouvons plus compter fur aucune affiftance extérieure, comment pouvoir réfifter aux forces impofantes que Léopold va développer contre

nous? Sans doute les efforts du patriotifme font incalculables; mais pouvons-nous diffimuler qu'un feul & même efprit n'anime pas également tous les belges? que fi la divifion éclate, nous ferons vaincus par nos diffentions mêmes? En attendant, le fang va couler encore dans des attaques partielles, qu tantôt vainqueurs, tantôt vaincus, nos braves citoyens donneront & recevront la mort. Et quel fera le terme de ces calamités ? .

LIEGE (le 23 Août ). Le comte de Blois de Cannenbourg a attaqué, le 9 de ce mois, à 3 heures du matin, une divifion des troupes exécutrices, retranchée. dans la bruyere de Zutendaět, pofte élevé & fortifié par l'art & la nature. Nos troupes ont effuyé avec intrépidité le feu des batteries; qui, pour avoir été très vif, n'a pas été meurtrier. Les Liégeois marchoient fur trois colonnes; mais * celle de la droite, par les difficultés qu'elle La rencontrées dans un terrein inégal & coupé, n'a pu joindre à tems la colonne du centre commandée par M. de Blois. Sans cet incident, qui a ralenti l'attaque, tout le canon des batteries eût été pris. L'ennemi a profité de ce contre-tems pour faire fa retraite avec précipitation, abandonnant le terrein retranché que nous avons occupé. On ignore le nombre de les tués & blenés, qui ont été tous emportés fur des charriots, à l'exception de quelques cadavres que les payfans ont trouvés dans les bois. Notre perte confifte en un officier, un fergent & deux volontaires tués; les bleffés font au nombre de 12, dont un capitaine des volontaires; trois d'entr'eux le font affez légerement pour être restés dans leurs troupes.