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le prix de la régénération. « Ah ! si l'on nel eroit pas à notre loyauté, a-t-il dir, qu'on troie à notre intérêt. Il y a peut-être dans la Corfe des Ariftocrates, comme partout;a mais ils y font en plus petit nombre ». M. de Buttafuoco, infiftant fur la proteftation de fon collegue, a cru devoir en corriger la derniere expreffion; il falloit dire: Nous avons bien quelques nobles; mais ils font pau vres & furtout ils font amis de la liberté. Du même jour au foir.

Le châ elet, dans une adreffe dont il a été fait lecture, defirant repouffer les inculpations avancées contre lui par le comité des recher ches de la municipalité de Paris, affure qu'en inftrui ant la procédure relative à l'attentat du 6 Octobre, il n'a pas eu le deffein de faire le procès aux amis de la révolution. Pour prouver que la plainte du procureur du roi, qui a fervi de bafe à la procédure, a été ab félument calquée fur la dénonciation même du procureur-fyndic de la Commune, ce tribu mal a envoyé la copie de ces deux pieces im portantes. Après beaucoup de débats pour fçavoir fi l'on entendroit la lecture de ces pieces un décret en a ordonné le renvoi au comité des rapports.

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Quatre officiers municipaux de Montauban, qui n'étoient que norables à l'époque du 10 Mai, prétendent n'être pas compris dans le décret qui fufpend le corps municipal de Mon tauban; mais le décret ayant fufpendu à la foisi les membres de la municipalité & ceux du Confeil municipal, cette réclamation a été una❤ nimement rejettée.

M. de Crillon l'alné a rapporté l'affaire du1 régiment de Poitou. Les foldats de ce régi ment ont réellement attenté à la liberté de

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feur lieutenant-colonel, & l'ont forcé de foulaire à leur profit huit billets, dont le total fe monte à 40 mille liv.; mais l'AsembléeNationale, improuvant cette conduite, décrete que fi le lieutenant-colonel n'est pas encore en liberté, il y fera mis fur le champ; que les huir billets qu'il a fignés, jufqu'à la concurrence de 40 mille livres, font nuls; que ceux qui les ont recus, feront tenus de les remettre, ou de déclarer l'emploi qu'ils en ont fait, ou enfin d'en préfenter la valeur, le tout dans 24 heures, fous peine de prifon fauf les réclamations légitimes qui pourront être faites au lieutenant colonel ou autres, officiers, conformément à l'article 3 du dé: cret du 26 Juillet dernier.

Ace rapport, a fuccédé celui de l'affaire de Scheleftat en Alface. Il paroît que les élec tions y ont été illégales; que la nouvelle municipalité, dont les partifans font très-nombreux, a femé la difcorde & le trouble. Le Peuple s'eft porté aux plus grands excès contre les Patriotes, qui, la plupart, ont été obligés de prendre la fuite.

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L'Affemblée Nationale a décrété « que le roi fera (upplié de donner des ordres pour qu'il foit informé des troubles arrivés dans la ville de Scht leftat, devant le tribunat qui a la connoiffance des crimes, établi à Colmar; que le directoire du département du Bas-Rhin prendra conoiffance des dernieres élections de la municipalité de Scheleftat, & prononcera définitivement fur leur validité ou invalidité décrete que provifoirement défenfes font, faites aux officiees municipaux de Scheleftat de remplir aucune fonction jufqu'à la décifion 1 & que pendant ce tems, les commiffaires du 201 continueront de remplir les fonctions mu

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nicipales; décrete enfin que le roi fera fupplié de faire paffer dans la ville de Scheleftat des troupes de ligne, pour affurer l'exécution du préfent décret ».

Du 15.

Dans prefque toute la France se répand non pas, comme on dit, la terreur, mais l'alafme d'une invasion des Puiffances étrangeres, & ces bruits font dans le Peuple des occafions de quelques erreurs & de beaucoup de mouvemens fublimes de courage & de pa-' triotisme.

A l'Orient, la municipalité de cette ville & le directoire du département de Morbihan fe font oppofis à ce qu'on fit fortir des magafins les poudres destinées pour le fervice de la marine. A Toulon, l'affemblée des élec teurs de cette ville, a demandé pour les citoyens, les armes gardées dans les arfenaux pour la marine. On voit de quelle ardeur le Peuple François eft animé pour défendre cette liberté qu'il a conquife; mais une affemblée légiflative ne peut pas excufer dans cette ardeur même de patriotifme les faures qui la compromettroient: elle a décrété que fon préfident écriroir au directoire du département de Morbihan qu'il ne lui appartient pas de s'opposer aux ordres du pouvoir exécutif pour le transport des poudres, & au fujet des électeurs de Toulon, qu'aucun corps administratif ne peut demander des armes deftinées à l'armement des vaiffeaux.

Dans d'autres pays, le Peuple François a montré le même courage fans tomber dans les mêmes erreurs: on écrit de Valoris à M. Bouche que, fur la rive du Var opposée à la rive françoife, on a vu des trains de cavalerie & des troupes de cavaliers paroître & difPremies Sept. 1790. N°. XXV. C

paroître qu'enfin, tout annonce une armée prête à tenter une invafion. La municipalité de Valoris, qui a écrit cette lettre à M. Bouche, demande des armes pour fes habitans, & avec cette confiance qu'un grand courage donne & juftifie, elle s'engage à faire aux ennemis de la France, s'ils ofent y entrer une réception qui les expofera à quelques regrets.

A peine M. Bouche venoit de communiquer ces nouvelles, M. Voidel a pris la parole pour lire une adreffe de la Garde Nationale de Montpellier qui, entendant auffi parler des ennemis dont la France eft mena-, cée, demande à aller fe pofter fur les frontieres, pour y périr tous jufqu'au dernier, avant qu'un feul ennemi les ait franchies. On le voit, nous avons partout des citoyens prêts à fe transformer en héros des Thermopyles, & avec de tels héros, nous avons encore l'armée de Xerxès. La Garde Nationale de Montpellier va recevoir des témoignages de la fatisfaction de l'Affemblée Nationale: elle en a chargé fon président.

On a entendu avec édification M. Malouet demander l'intervention de l'Affemblée Nationale auprès du roi, pour faire déclarer nonavenu le décret de prife-de-corps lancé contre le célebre abbé Raynal, en vertu de l'arrêt du 25 Mai 1787, qui a proferit fon ouvrage. L'opinant a demandé que M. Raynal n'ayant jamais ceffé de bien mériter de la patrie, fût rétabli dans tous les droits de citoyen actif. Cette motion a été accueillie avec un applau➡: diffement qu'on peut dire univerfel. Deux hommes feuls ont élevé la voix pour la combattre, M. l'évêque de Clermont & M. Du-, fraiffe. Après quelques débats fur la rédaction,

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M. Voidel a propofé quelques changemens à la motion de M. Malouer : ils ont été adop tés par l'Affemblée Nationale, fauf rédaction. Ils confiftent, 1°. à rappeller les principes confacrés dans la déclaration des droits de l'homme, d'après lefquels la liberté d'opinion en politique & en religion eft un droit imprefcriptible & inaliénable, le facrifice des opinions religieufes n'étant dû qu'à la Divinité, & non aux volontés humaines; 2°. à retrancher ces mots, qui n'a ceffe de bien mériter de la patrie, & la motion a été décrétée. D'après le rapport de M. Le Brun, plufieurs articles fur le paiement des rentes ont été décrétés. Nous les rapporterons tous enfemble dans le N°. prochain.

Du 16.

M. Dupont de Nemours a été nommé préfident à la pluralité de 205 voix contre 153. L'Affemblée s'occupant de l'ordre judiciaire, M. Thouret a propofé les articles fuivans, qui ont été adoptés fans aucune difcuffion.

« ART. I. L'arbitrage étant le moyen le plus raisonnable de terminer les conteftations entre les citoyens, les légiflatures ne pourront faire aucune difpofition qui tendroit à diminuer, foit la faveur, foit l'efficacité du compromis >>.

ront nommer

« II. Toutes perfonnes ayant le libre exercice de leurs droits de citoyens actifs pourun ou plufieurs arbitres, qui prononceront fur leurs intérêts, tant publics que privés, dans tous les cas & dans toutes les matieres fans exception ».

<< III. Les compromis qui ne fixeront aucun délai dans lequel les arbitres devront prononcer, & ceux dont le délai fera expiré, feront néanmoins valables, & auront leur exé

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