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cap. 8) prétend que ce devroit être plutôt 'Axsoμara Javμásra. P. Victorius, cité dans la nouvelle édition de Fabricius (tome III, p. 246), rapporte avoir vu un manuscrit où étoit le titre Пagadówv. Les traducteurs latins ont dit De mirabilibus auscultationibus; quelques-uns, De admirandis narrationibus ; d'autres, De miraculis auditis, etc. En français nous pouvons l'intituler Ouï-dires, ou Récits merveilleux.

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Le goût de rassembler des faits merveilleux, des récits surprenans, de conter des choses extraordinaires et difficiles à croire, n'étoit pas rare chez les Grecs. Cette nation étoit accoutumée à se nourrir de fables et d'allégories, à s'entretenir d'événemens singuliers. La contrée avoit été peuplée de monstres; des demi-dieux l'en avoient purgée des accidens imprévus avoient été l'effet de la magie; des dénouemens inattendus l'effet des enchantemens. De là cette réflexion de Pline, que la source des fables, aussi bien que des lettres, est sortie des lieux de la Grèce qui ont été le plus célèbres : Omnis Græciæ fabulositas, sicut et litterarum claritas, ex hoc primùm sinu ( qui Acrocerauniis incipit montibus, finitur Hellesponto ) effulsit (lib. IV, cap. 1). Lucien leur fait le même reproche. « C'est le propre des Grecs, » dit-il, de conter beaucoup de fables, auxquelles je » n'ajoute pas grande foi (1)». Thomas Gale, Anglais, a rassemblé les plus anciens et les plus célèbres ouvrages

(1) Λέγεσι Ελληνες πολλὰ μυθώδεα, τοῖσιν ἐγὼ ἢ μάλα τι πείθομαι. (De Astrol no. 20.)

de ces Grecs auteurs de fables, dans un recueil intitulé Opuscula mythologica, physica et ethica dont la première édition a été donnée à Cambridge en 1671, et une seconde à Amsterdam en 1688, avec une nouvelle préface du même Thomas Gale. Les auteurs de récits fabuleux, dans le sens que nous donnons à cette expression, recueillis par Th. Gale, sont: Paléphate, Des histoires incroyables, пegì àπíswv; Héraclite, dont l'ouvrage porte le même titre, Пgì àíswv; et un anonyme qui a écrit encore sous le même titre d'Histoires incroyables. Ces trois écrits sont peu considérables pour leur longueur, et il est assez vraisemblable que ce ne sont que quelques restes d'ouvrages plus étendus, qui ont été la proie du temps. Les autres auteurs rassemblés dans le recueil de Gale, ou sont, comme le titre le porte, des auteurs de physique et de morale; ou bien la mythologie qu'ils ont traitée est celle qui s'occupoit chez les Grecs de la généalogie des dieux. Meursius a publié chez les Elzeviers, en 1619 (1), les écrits de trois compilateurs de récits extraordinaires et merveilleux: savoir, Antigonus Carystius, Phlégon et Apollonius Dyscole. Quel、 ques autres auteurs du même genre ne sont guère connus aujourd'hui que de tels que nom, tels le voyageur Polémon, dont l'ouvrage est cité par Athénée, sous le titre Пegì Davμadiov, vraisemblablement le même Polémon dont

(1) C'est la véritable date de cette édition, quoique des frontispices de remplacement portent celle de 1622. Voyez Freytag, Appar. litterar. t. II, P. 1273, n. 166.

Macrobe nous a transmis un passage assez considérable, tiré de son livre sur les rivières merveilleuses de la Sicile (1) tels encore qu'Alexandre, le même qu'on croit avoir été surnommé Polyhistor; Agatharcide et Sotion, dont Photius nous a transmis la mémoire. Fabricius en cite quelques autres; mais comme on n'a que le titre de leurs livres, qui est Пagadóğwv, il reste incertain si l'objet qui avoit exercé leur plume étoit des récits singuliers, ou plutôt des propositions extraordinaires, et dont la première apparence semble fausse, telles les Thèses paradoxales de Cicéron.

que

On est mieux fondé à compter parmi les compilateurs de faits extraordinaires Ctésias et d'autres auteurs qui sont nommés dans un passage d'Aulu - Gelle assez curieux, soit parce qu'il nous a conservé le nom de plusieurs auteurs, soit parce qu'il nous apprend que l'usage d'exposer dans les places publiques de vieux livres n'est rien moins que moderne ; que les amateurs ne dédaignoient pas plus alors qu'aujourd'hui de s'arrêter quelques instans pour regarder le titre de ces vieux livres, et que quelquefois ils y rencontroient une bonne fortune. Voici la traduction du texte que je rapporte dans la note (2). « Étant repassés de Grèce en Italie

par

(1) Saturnal. lib. V, cap. 19.

(2) Cùm è Græcia in Italiam rediremus et Brundusium iremus, egressique è navi in terram in portu illo inclyto spatiaremur..... fasces librorum venalium expositos vidimus ; atque ego statim avidè pergo ad libros Erant autem isti omnes libri græci, miraculorum fabularumque pleni; res

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» Brindes, nous nous promenions à la sortie du vais» seau dans ce port fameux.... Bientôt nous apperçûmes » des paquets de livres qu'on avoit exposés en vente. Je » cours précipitamment les voir. C'étoient tous ouvrages » d'auteurs grecs pleins de fables et d'histoires merveil» leuses, d'anecdotes dont on n'avoit jamais ouï par» ler, d'événemens incroyables. Les noms indiquoient cependant des auteurs anciens, dont le témoignage n'est » pas indifférent : Aristée de Proconnèse, Isigonus de Nicée, Ctésias, Onésicrite, Polystephanus, Hégésias. » Les volumes étoient couverts de taches qu'ils avoient >> contractées dans les lieux où on les avoit tenus renfermés; leur extérieur mal-propre étoit plus capable » d'éloigner les curieux que de les attirer. Cela ne m'empêcha pas, après les avoir examinés, de me hasarder » à en demander le prix: je fus frappé du bon marché, auquel je ne m'attendois pas; et avec peu d'argent je >> m'en procurai une assez grande quantité. Les deux >> nuits suivantes furent employées à les parcourir préci» pitamment, et même à en faire quelques extraits ».

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»

inaudita, incredula: scriptores veteres non parvæ auctoritatis, Aristaus Proconnesius, et Isigonus Niceensis, et Ctesias, et Onesicritus, et Polystephanus, et Hegesias. Ipsa autem volumina ex diuturno situ squalebant, et habitu aspectuque tetro erant. Accessi tamen, percontatusque pretium sum; adductusque mird atque insperatá vilitate (aliàs utilitate), libros plurimos, ære pauco, emo; eosque omnes duabus proximis noctibus cursim transeo, atque in legendo carpsi exinde quædam et notavi mirabilia, et scriptoribus ferè nostris intentata, eaque his commentariis adspersi, ut qui eos lectitabit is ne rudis omnino et àváxoos in ejusmodi rerum auditionibus reperiatur. (Noct. Attic. lib. IX, cap. 4.)

On lit effectivement ces extraits dans le même chapitre d'Aulu-Gelle: ce sont des faits du genre de ceux qu'on trouvera dans Aristote, Περὶ Θαυμασίων. Ils pourroient donner sujet à des observations, et il seroit peut-être à propos aussi de rapporter ce que l'on sait des divers écrivains que nous venons de nommer: mais ces détails m'éloigneroient de mon but. On peut se satisfaire en consultant soit la Bibliothèque Grecque de Fabricius, soit les commentateurs ou les annotateurs d'Aulu-Gelle. Les Latins n'ont pas eu cette même avidité pour les fables et les contes merveilleux. Le recueil que Thomas Muncker a publié à Amsterdam en 1681, sous le titre de Mythographi Latini, n'est qu'une collection des mythologistes de la théogonie ancienne; et quoique Pline ait inséré dans son Histoire naturelle plusieurs récits qui sortent de l'ordre commun de la nature et qui sont incroyables, néanmoins son plan n'a pas été, comme celui des auteurs que j'ai nommés, de faire une collection entière d'anecdotes merveilleuses. Les siècles modernes offrent, au contraire, dans les diverses parties du monde lettré, un assez grand nombre de livres de ce genre, parmi lesquels je me contente de citer celui de Jonston, qui est intitulé Thaumatographia naturalis (1), comme l'ouvrage d'un homme qui avoit beaucoup

(1) Joh. Jonstoni Thaumatographia naturalis, in decem classes distincta, in quibus admiranda, I. cœli, II. elementorum, III. meteororum, IV. fossilium, V. plantarum, VI. avium, VII. quadrupedum, VIII. exanguium, IX. piscium, X. hominis. Amst. Guil. Blaeu, 1632, in-12.

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