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GRESSET, en mourant, avoit laissé des manuscrits, dont un étranger (le citoyen Duméril) étoit dépositaire. Celui-ci les fit passer à l'Institut national, qui nomma, pour les examiner, une commission composée des citoyens Lebrun, Fontanes et Sélis. FONTANES fut chargé du rapport. Dans la plupart de ces ouvrages posthumes, on retrouve la facilité, la grace et l'abondance qui caractérisent l'auteur de Ververt et de la Chartreuse. Des gens de lettres assurent qu'il nous manque un cinquième chant de Ververt, intitulé l'Ouvroir. Sur le rapport de ses commissaires, l'Institut national en a demandé une copie au prince Henri de Prusse, qui, disoiton, en possédoit un exemplaire. Le prince a répondu que le cinquième chant de Ververt n'étoit pas dans ses mains. Il a offert un exemplaire d'un manuscrit de Diderot. L'Institut national a cru devoir accepter, avec beaucoup d'empressement, cette offre que lui faisoit un prince ami des arts et de la France.

L'HISTOIRE fabuleuse des Danaïdes et les amours de Neptune avec Amymone, l'une d'elles, ont été l'objet des recherches du citoyen DU THEIL.

Dans un second mémoire, il a développé les anciennes relations de la France avec le Danemarck. Cet écrit sert d'introduction à l'Histoire du divorce de PhilippeAuguste avec Ingelburge. L'auteur examine la conduite politique d'Innocent III, qui osa frapper d'excommunication le roi de France. Il observe avec la même attention le règne entier du souverain de Rome.

LE citoyen COLLIN-HARLEVILLE a pressenti le goût du public sur sa nouvelle pièce des Artistes, en communiquant à la classe différentes scènes de cette comédie (1).

LE citoyen LANGLÈS a cherché quel étoit le but des Égyptiens en élevant la statue connue depuis deux mille ans sous le nom de Memnon, et dressée près de Thèbes, à une époque ignorée. Tous les matins elle saluoit le soleil par un son que plusieurs écrivains dignes de foi (Strabon entre autres) assurent avoir entendu. Elle exprima d'abord celui des sept voyelles qui correspondent aux sept planètes. Ensuite elle fut mutilée Cambyse, et ne rendit plus qu'un son inarticulé, qui cessa même entièrement au second siècle, où Memnon perdit la voix à mesure que les prêtres égyptiens perdirent leurs richesses et leur crédit. Le citoyen Langlès pense que le Memnon des Égyptiens étoit le même spectre mythologique que le Memnon des Grecs.

par

VOLTAIRE, dans sa plus tendre jeunesse, avoit écrit des notes sur un exemplaire de Virgile qui lui appartenoit. Le citoyen FONTANES en a tiré le sujet d'un mémoire, où il fait voir que l'auteur de la Henriade a montré, dès son enfance, cet esprit particulier qui brille dans tous ses écrits.

(1) Elle a été imprimée; il en est fait mention parmi les ouvrages présentés à la classe.

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AN V.

LE citoyen LEGOUVÉ, alors associé et depuis membre de l'Institut, a récité un morceau de poésie sur les sépultures.

Le ministre de l'intérieur, dans un programme publié au mois de floréal de l'an 4, avoit invité les artistes

à présenter des projets d'embellissement pour les principales places de la commune de Paris. Les différentes esquisses, remises au concours ont été exposées, au mois de vendémiaire de l'an 5, dans la salle du Laocoon.

La classe les a jugées, d'après l'invitation du ministre. Aucun des projets n'a paru digne d'être exécuté; mais plusieurs ont mérité des encouragemens à leurs auteurs, les citoyens Lefaivre, Levasseur, Stouf, Balzac, Tardieu, Lemercier, Tardieu et Dardel. Le citoyen VILLAR, président de l'Institut national, a prononcé, à ce sujet, le discours suivant :

« CITOYENS,

» L'Institut national vient de remplir une tâche bien » douce pour tous les membres qui le composent: il » vous a décerné, au nom du Directoire exécutif, des >> encouragemens propres à vous enflammer d'une nou» velle ardeur. Si vos projets eussent entièrement répondu aux vœux de la nation française, l'exécution

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» en cût été le prix. Mais vos premiers succès ne vous » permettent-ils pas d'aspirer encore à une si noble récompense? L'Institut national espère que vous tra

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>> vaillerez sans relâche à la mériter.

>>

Citoyens, vous dont le gouvernement se plaît à >> seconder les efforts, n'oubliez jamais que les arts sont » les enfans de la liberté. Cultivez-les toujours avec le » zèle qui vous a distingués jusqu'ici: on connoît leur » influence sur la prospérité d'une république naissante. » Là France régénérée les regarde comme un de ses plus >> beaux ornemens. Leur empire ne peut que s'affermir » parmi nous, avec celui de la raison, de la justice et de » la vérité.

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» La commune de Paris s'enorgueillissoit autrefois de quelques monumens commandés par le despotisme, » et trop servilement exécutés par des hommes de génie. » Il est bien temps d'offrir à un peuple libre des chefs» d'œuvre plus dignes de lui.

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» Dans cette vaste cité, le centre des arts et de la philosophie, l'Europe voyoit autrefois, avec un sen» timent d'horreur, les droits de l'humanité méconnus » et foulés aux pieds par un monarque enivré de sa » fausse grandeur. La sculpture ne tardera point à répa»rer cet excès de scandale. Elle animera le marbre » et l'airain pour retracer à la postérité les triomphes » de nos armées : elle lui montrera sur-tout la modéra» tion et la sagesse dirigeant la bravoure de nos guerriers >> au milieu des combats.

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» de la Réunion ce nouvel autel de la patrie, dont le seul » aspect nous rappellera le plus saint de nos devoirs, » celui de pratiquer les vertus républicaines! Tous les Français iront l'embrasser avec transport: ils iront » abjurer, autour de cet auguste monument, l'esprit » de haine et de vengeance qui nourrit depuis trop long-temps le fol espoir de nos ennemis. >>

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LE citoyen GUYS, associé de l'Institut, a envoyé d'Ithaque l'Éloge historique de l'Anglais Silethrop. Son travail sur les écrivains de la Grèce offre des recherches aussi curieuses qu'instructives.

LE citoyen Thurot avoit adressé à la classe la traduction de l'Hermès d'Harris. Le citoyen SICARD, chargé d'en rendre un compte verbal, en a composé un extrait raisonné et étendu. Il a réfuté souvent le grammairien anglais, et l'a toujours éclairci.

LE citoyen FRANÇOIS (de Neufchâteau), alors associé de la section de poésie, et depuis membre de l'Institut, a fait hommage à la classe de son poème sur les Vosges.

LE citoyen GOSSEC nous a fait connoître un instrument à vent, de terre cuite, employé par les Chinois, et connu sous le nom d'hyven. Cet instrument donne les sept tons plus l'octave du son grave; ce qui constitue une gamme entière et un systême complet, lequel n'est cependant qu'un extrait du grand systême de musique introduit

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